FAIM D’EURO

De l’enthousiasme et beaucoup de bonne volonté. Il reste des points d’interrogation mais après deux semaines intenses, René Vandereycken et son noyau élargi partent en vacances l’esprit serein.

A l’occasion de son premier match sur le sol belge, le sélectionneur des Diables, René Vandereycken, revenait en territoire connu, à Genk, dans le stade qu’il a enflammé il y a un peu plus d’un an en battant le Standard dans un match de barrage et en qualifiant ainsi le Racing pour la Coupe UEFA. Ce fut son dernier fait d’armes puisque quelques jours plus tard, le président Jos Vaessen le guillotinait. En cause : trop peu de spectacle, trop peu de jeunes du cru dans l’équipe, trop peu d’enthousiasme au sein du public, un manque de souplesse dans le chef de l’entraîneur. Après six mois, Vandereycken a retrouvé du travail, comme sélectionneur de l’équipe nationale.

Ironie du destin, mercredi dernier, le Fenix Stadion a retrouvé les ingrédients qui faisaient défaut, et avec quelle abondance !  » Nous nous sommes bien amusés « . Tel était le refrain général vers 22.30 heures, quand Carl Hoefkens égalisa. Les supporters ont certainement éprouvé du plaisir. Ils ont encouragé leur équipe comme s’il s’agissait d’un match de qualification. Ils ont vu des actions, des buts et des jeunes. Au terme d’une annus horribilis, même le président de l’UB Jan Peeters, assis dans la tribune aux côtés de Vaessen, avait le sourire aux lèvres. Son dernier match au poste de président a finalement allumé une lueur d’espoir. Le précédent match amical contre la Turquie avait tourné, de justesse et dans les dernières secondes, à l’avantage des visiteurs. Cette fois, les Belges se sont imposés aux points. Une victoire contre l’Arabie Saoudite, un nul contre la Slovaquie et un autre contre la Turquie, qui est 14e au classement de la FIFA et qui, sur base de son talent, aurait sa place au Mondial.

Pour un pays plongé en pleine crise, toutes les hirondelles sont bonnes pour annoncer le printemps. A épingler : Vandereycken a parlé de  » sa jeune équipe  » mais la phalange turque était un rien plus jeune encore en moyenne… Une affaire de perspectives. Le coach belge en a décelé, des perspectives, et, surtout, il a vécu près de ses joueurs. Le groupe a partagé les deux dernières semaines. Il ne s’est pas entraîné tous les jours mais souvent, il s’est retrouvé le soir à l’hôtel. Priorité, le teambuilding, un peu comme lors d’un stage d’équipe ou en préparation à un tournoi. Le sélectionneur était prêt à intervenir au moindre soupçon de problème. Comme nous sommes au début d’une ère, chacun s’est montré sous son aspect le plus concentré. Cela a frappé Timmy Simons :  » … et y compris à l’entraînement ! « .

Vandereycken :  » L’enthousiasme, même sur le banc, était énorme. Ce groupe a tissé des liens. Sans cela, il eût été pratiquement impossible de revenir, une fois mené 0-2 puis 2-3, face à un tel adversaire. Que l’un ou l’autre ne s’acquitte pas de sa tâche défensive et vous êtes laminés face à ce genre d’équipe. Un entraîneur peut avoir des objectifs mais c’est l’équipe qui met ses plans à exécution et qui en a le mérite « .

Le sélectionneur a même vanté la souplesse tactique de son équipe, qui a évolué avec quatre attaquants ( LuigiPieroni, MoussaDembele, StevenDefour et KevinVandenbergh) en fin de match :  » Nous n’avions pas exercé cet aspect mais nous avons quand même réussi, sur base de quelques directives données aux remplaçants. L’organisation est restée impeccable et nous avons égalisé. C’est une base pour les semaines et les mois à venir « .

Même si le but est à mettre à l’actif de deux défenseurs : Léonard et Hoefkens…

Trop de compartiments isolés

En début de rencontre, cette fameuse flexibilité tactique faisait défaut. Face à une Turquie technique et costaude, la Belgique a brusquement rappelé le groupe impuissant qui avait failli dans la plupart des grands rendez-vous des qualifications. Constamment en retard, incapables d’exercer la moindre pression, les Diables ont laissé trop d’espaces à leurs adversaires et trop reculé. En trois passes, le ballon était dans les filets au bout de deux minutes et peu avant la demi-heure, un contre rapide doublait la marque. L’assurance de la défense s’était envolée comme le calme au ballon et la cohésion de l’entrejeu. La situation ne s’est améliorée qu’après une vingtaine de minutes, quand la défense a été sommée de revenir à trois arrières centraux, l’attaque de reculer un peu plus et l’entrejeu de se regrouper. L’entraîneur n’a pas évoqué cette impuissance tactique après la joute. Comme d’habitude, ainsi que Simons l’a appris :  » Dans ses analyses d’après match, le coach souligne surtout les aspects positifs. Il ne revient que plus tard sur les points perfectibles « .

Ce n’était donc pas parfait. L’équilibre n’a été rétabli que quand Vandereycken est revenu au style sur lequel AiméAnthuenis avait déjà dû se rabattre : placer un deuxième médian défensif à côté de Simons, Karel Geraerts dans ce cas, afin de soulager le médian du PSV, faire jouer BartGoor un peu plus dans l’axe et en arrière, comme à Anderlecht. Conclusion : le 4-3-3 n’a absolument pas fonctionné. JelleVanDamme et GillSwerts n’avaient personne devant eux en possession du ballon et aucun médian ne s’est présenté pour combiner. Résultat : ils étaient perdus et ont perdu le ballon. Les Diables Rouges formaient à nouveau des îlots : un derrière, un au milieu et un en attaque, sans personne pour relier les lignes. Cela n’a été mieux qu’après les consignes tactiques édictées de la touche.

SteinHuysegems a sorti la tête de l’eau, Van Damme s’est calmé et le public belge a découvert en Swerts le droitier polyvalent que les Pays-Bas connaissent bien. En résumé : nous avons quelque trente internationaux dont ce n’est pas la classe intrinsèque qui détermine s’ils sont bien dans le match ou pas, mais leur talent en combinaisons avec la manière dont ils sont alignés et entourés.

Dembélé n’est pas le seul à convaincre

Vandereycken va visionner à loisir les images pendant l’été. Il a du boulot et pas mal d’incertitudes. De la première à la dernière ligne. WesleySonck a eu deux éclairs de classe mais aura besoin d’une bonne préparation pour retrouver sa meilleure forme. ThomasBuffel était vidé, au terme d’une longue saison, comme Dufour, dont ni la tête ni les jambes n’en voulaient. Tous deux seront mieux en août. Huysegems a délivré deux assists et réalisé quelques beaux mouvements. Du trio entré après la pause, c’est MoussaDembele qui semble avoir les meilleures possibilités. Il n’a pas bien prolongé les actions vers le but, mais il a été bon au ballon. Le Kazakhstan et Cie viennent trop tôt mais si Dembele peut s’imposer davantage à l’AZ que Huysegems la saison passée, c’est prometteur. C’est également l’avis de Carl Hoefkens, son ancien coéquipier :  » A l’entraînement, j’ai souvent pesté. Quand il a le ballon dans les pieds, il faut être costaud pour le lui chiper. Peut-être serai-je un jour heureux de dire que je me suis entraîné avec lui…  »

Le reste est moins prometteur. Pieroni marque en France mais chez les Diables Rouges, il n’est encore jamais parvenu à convaincre durant une longue période ; tandis que KevinVandenbergh restera toujours un avant en décrochage, parfait pour les matches qui se disputent près de la ligne du rectangle.

Koen Daerden revient dans l’entrejeu et Geraerts, impliqué dans l’égalisation en Slovaquie et le 1-2 contre la Turquie, doit mieux choisir ses moments pour surgir devant le but. Il doit également s’impliquer davantage dans le jeu. Buffel et lui ont laissé Swerts en plan pendant la première demi-heure, en possession du ballon. Ce n’est pas chouette. Par ailleurs, cette première demi-heure a révélé que Swerts est, comme AnthonyVandenBorre, plus fort sur le plan offensif que défensif. Il n’est pas un véritable arrière droit. Par contre, nous ne manquons pas de défenseurs centraux : de la tribune, ThomasVermaelen, DanielVan Buyten et VincentKompany ont apprécié le travail de Van Damme, Leonard et Hoefkens, qui n’ont pas concédé grand-chose.

Bonnes vacances, alors !

La conclusion de ces deux semaines ? Les joueurs ont loué l’esprit de groupe et l’engagement. Simons :  » Davantage que durant la campagne précédente, j’ai le sentiment que nous pouvons dépasser nos limites quand il le faut. Un brin de chance est aussi bienvenu. Marquer directement après le 0-2 a boosté notre moral. Ce groupe peut faire bonne figure et les nouveaux émergent. On peut obtenir des résultats ainsi, même quand la situation est difficile. Revenir grâce à notre caractère, c’est sans doute ce qui nous a fait défaut dans les matches amicaux précédents. Nous avons raté le début de nos deux dernières campagnes. Nous ne pouvons nous permettre de faux-pas contre le Kazakhstan. Nous ne connaîtrons la force réelle du groupe quand il encaisse un contrecoup que dans des matches à enjeu « .

Hoefkens, l’auteur du troisième but, dans son 59e match de la saison, embraie :  » Je pense que nous pouvons partir en vacances avec un bon sentiment. Nous nous sommes rapprochés les uns des autres, nous avons appris à connaître le sélectionneur et vice-versa, nous savons ce qu’il veut. Je ne pense pas que nous puissions échouer contre le Kazakhstan. Chacun motive les autres, a envie de se montrer. Nous avons faim de l’EURO « .

PETER T’KINT

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