Fa-bu-leux

Le premier Grand Chelem de 2005 fut passionnant… et on a même parlé des Belges.

Les meilleurs tennismen du monde ont beau se plaindre d’une pause hivernale trop courte, ils ont tous trouvé le chemin de Melbourne Park pour nous offrir un fabuleux Open d’Australie. Même si chez les femmes, certaines n’ont pas répondu à l’attente, comme Anastasia Myskina ou Elena Dementieva, les vedettes ont toutes fait bonne figure à down under. Chez les hommes, le top 4 mondial a atteint le dernier carré, pour la deuxième fois seulement dans l’histoire centenaire de l’Australian Open.

Le niveau de tennis était présent aussi. Nous nous sommes délectés du parcours de Lleyton Hewitt. Mis à part son comportement théâtral, il nous a gratifiés d’un esprit très combatif. Pourtant, il avait créé avant le tournoi un climat où tout le monde avait de bonnes raisons de lui en vouloir : adversaires, juges de ligne et de chaise, organisateurs. Finalement, il aura marqué l’Open en ne tombant qu’en finale face à Marat Safin.

Que dire alors des performances d’ Olivier Rochus ? Alors que la Belgique s’était fait remarquer suite aux déclarations du ministre ClaudeEerdekens à propos du dopage avant le tournoi, Oli a prouvé que notre pays a du répondant, même dans le tableau masculin. Porté par ses prestations d’avant Melbourne, il s’est frayé via des victoires contre Kiefer, Monfils et Beck un chemin jusqu’en huitièmes. Face au futur vainqueur, il dut s’incliner avec tous les honneurs, après avoir fourni une belle réplique au grand Russe.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Safin a mis fin à la série de 26 victoires de Roger Federer pour se hisser en finale. Le Russe est désormais entraîné par Peter Lundgren, l’ex-coach du Suisse. Safin est – avec Andre Agassi – à peu près le seul type de joueur capable d’inquiéter Fed Express. Leurs balles profondes et puissantes laissent en effet à Federer moins de temps pour développer son tennis stylé. En frappant la balle rapidement après le rebond, Safin et Agassi dictent souvent le rythme de la partie, ce que King Roger aime à faire aussi. Alors qu’il manque à Agassi un service meurtrier, Safin dispose lui bel et bien de cette arme qu’il a utilisée intelligemment pour sortir le Suisse : 18 aces à 212 km/h de moyenne. Impressionnant. Tout comme sa finale. Contre 15.000 spectateurs fanatiques et le plus grand d’entre eux en face de lui, il est resté serein. Mis en difficulté dans le premier set, il retrouva vite son service tueur et son fonds de jeu puissant. Sur base de son parcours et de l’initiative dont il fit preuve en finale, il méritait d’être sacré en Australie. Espérons qu’il poursuivra sur sa lancée, ce dont on peut douter : en 2004, il débuta bien en s’inclinant en finale à Melbourne contre Federer avant de s’écrouler jusqu’après l’US Open. L’irrégularité est ce qui est beau et haïssable à la fois chez le Russe. Pourtant, après avoir disputé trois finales en quatre participations sur rebound ace, il ne doit craindre personne, pas même Federer. Mister Perfect ne doit pas avoir avalé facilement sa défaite. Depuis les Jeux Olympiques à Athènes, il n’avait plus perdu. Or, il avait lui-même fait descendre la pression pour tempérer les attentes. Car certains prévoyaient au début de l’année qu’il n’aurait aucun mal à remporter, pour la première fois depuis 1969 et Rod Laver, tous les Grand Chelem en une année…

Le quatrième as du dernier carré fut Andy Roddick, qui avait théoriquement eu le parcours le plus facile des quatre. Dans la rencontre face à Hewitt, on ne remarqua pas que l’Américain avait troqué le maître tacticien Brad Gilbert contre un coach plus finaud, Dean Golfine. Dans le premier set, il parut alerte, mais il ne put développer son tennis face au métronome qu’est Hewitt. A-Rod se contenta d’un service/volée inefficace.

Serena de retour

Chez les dames, Lindsay Davenport parut étonnée d’arriver en finale. A 29 ans, la matrone du circuit féminin s’est frayé un chemin jusqu’en finale malgré un tennis moyen et quelques difficultés. En quarts, elle eut ainsi du mal à sortir Alicia Molik, force de la nature australienne de 24 ans entrée dans le top 10 mondial. Vu les éliminations précoces de Dementieva et Myskina, le tableau était plus favorable pour Davenport. Pourtant, elle se cassa presque les dents en demis contre Nathalie Dechy. La Française née à Tournai fut même à trois points de la finale mais quelques doubles fautes et de rares hausses de niveau de l’Américaine suffirent à lui ôter son rêve. Quant à Davenport, on apprit en marge du tournoi qu’elle comptait bien être présente à Melbourne en 2006. Apparemment, l’Américaine a du mal à prendre congé puisque l’an dernier elle parlait encore de sa future retraite. On se réjouit, parce qu’elle est quand même parvenue à se hisser en finale malgré des prestations mi-figue mi-raisin, ce qui en dit beaucoup sur la constance et la qualité de son tennis.

Dans l’autre tableau, on eut plus de spectacle avec Serena, Sharapova, Kuznetsova et Mauresmo. Le sort de Mauresmo semble se répéter : dans chaque tournoi du Grand Chelem, depuis l’an dernier, elle ne franchit plus les quarts de finale. A Melbourne, Serena s’en est facilement débarrassée. Alors que Venus n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été, sa s£ur est revenue au top après une demi-finale thriller contre la starlette russe qui lui pique pas mal de son aura : Maria Sharapova. La Russe a beaucoup crié et frappé fort, mais elle n’a pas profité de trois balles de match. Résultat : Serena s’est adjugée le titre de battante du tournoi… qui lui sied d’ailleurs bien mieux que celui de reine de la mode.

En finale, Williams ne dut même pas puiser dans ses réserves. Après un départ manqué, sanctionné par la perte du premier set et d’un arrêt de jeu pour soigner une blessure, elle se reprit. Fêtant son septième titre en Grand Chelem, Serena en profita pour rappeler que le monde tennistique n’en avait pas fini avec les Williams.

Filip Dewulf

SERENA AU TOP DE SON JEU plutôt que top model, ça nous plaît

Vu son parcours et SON ATTITUDE EN FINALE, Safin mérite son titre

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