Explorer et repousser ses limites

Il semble que travailler avec lui était un plaisir. À l’école, Romelu Lukaku avait soif d’apprendre, il était poli et correct envers les enseignants. Il faisait également partie du conseil de classe et, même s’il manquait de temps, il organisait des activités sportives pour ses compagnons d’âge. Dans le vestiaire, il ne se contentait pas d’écouter attentivement ce que le coach racontait, il demandait aussi qu’on le corrige. Y compris pendant le match.

C’est ce qu’Ivo Marneffe, directeur de l’institut Sint-Jan Berchmans, à Puurs, avait déclaré dans ce magazine, il y a neuf ans, lorsque nous nous étions intéressés à l’enfance de Romelu Lukaku. Un texte écrit au superlatif. Tout le monde le disait : si on corrigeait ses lacunes, Lukaku avait tout pour devenir un grand d’Europe. Son jeu, disait-on, était trop basé sur la puissance, il devait y ajouter de la finesse et apprendre à mieux se placer devant le but.

Deux ans plus tard, Romelu Lukaku partait à Chelsea. Avec les mêmes lacunes. Et on se demandait comment il réagirait s’il ne jouait pas. Accepterait-il d’être prêté à Fulham ou à Bolton ? Ne partait-il pas trop rapidement en Premier League ? Les opinions étaient très partagées. Aujourd’hui, l’homme est entré au panthéon des attaquants les plus chers du monde. Le transfert à Manchester United du brave écolier d’antan a fait énormément de bruit.

Le grand club anglais a payé 85 millions d’euros pour obtenir ses services, sans compter les bonus. C’est plus du double de la somme (35 millions) qu’Everton avait versée à Chelsea en 2014. Et plus de sept fois les 12 millions déboursés par Chelsea en 2011 pour le faire venir d’Anderlecht.

Il est logique que Romelu Lukaku veuille continuer à évoluer, à explorer ses limites et à les repousser. Quelque part, c’est toujours un diamant brut. Sa marge de progression reste énorme et il le sait mieux que quiconque. À Everton, il y avait encore trop de moments où il n’était pas dans le match. Il compensait cela par son efficacité car il se frottait sans problème aux impitoyables défenseurs anglais et avait parfaitement assimilé la vitesse d’exécution du jeu outre-Manche.

Cette vitesse et cette puissance font de Romelu Lukaku un joueur taillé pour la Premier League. Il s’y sent beaucoup plus à l’aise qu’avec les Diables Rouges, où il y a moins d’espaces et où il a parfois l’air maladroit. C’est à cause de cela qu’il n’est pas l’international belge le plus populaire mais il suit son chemin et correspond parfaitement au football que prône José Mourinho.

Celui-ci préfère les attaquants puissants, les buffles, aux avants raffinés. La seule vraie question qu’on se pose, c’est de savoir comment Romelu Lukaku va gérer la pression. On attend beaucoup de lui et le prix de son transfert va peser sur ses épaules. Comment réagira-t-il si les choses se passent moins bien ? Aura-t-il la force de se battre pour revenir ? Romelu Lukaku est à un moment charnière de sa carrière.

Ce numéro couvre une période de deux semaines. Sport/Foot Magazine ne paraît pas la semaine prochaine mais la rédaction n’est pas en vacances. Elle prépare le traditionnel Spécial Compétition, un numéro de 212 pages qui paraîtra le 26 juillet et sera le vade-mecum du nouveau championnat.

Ces dernières semaines, de nombreux transferts ont eu lieu. On comptabilise déjà une centaine de transactions. Et il y en aura d’autres. Alors qu’on ne cesse de nous parler de stabilité et de continuité, le football est plus que jamais un éternel recommencement.

PAR JACQUES SYS

Romelu Lukaku reste un diamant brut.

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