Exercice de tir

L’attaquant belgo-congolais est de retour en Belgique, qu’il avait quittée en 2007. Il a passé quatre ans à Roda JC et quatre mois au Levski Sofia, où il a vécu des sensations fortes.

Depuis septembre, JeanvionYuluMatondo est de retour en Belgique. A Westerlo, plus précisément. S’il a opté pour le club campinois, c’est en raison de la présence de JanCeulemans, un entraîneur qu’il avait connu au Club Bruges durant la saison 2005-2006 et qui était disposé à lui faire confiance.  » Je pouvais passer des tests à Chypre, en Grèce et en Ecosse, mais lorsque Ceulemans m’a tendu la perche, je me suis dit que j’avais sans doute intérêt à la saisir « , explique-t-il. C’est que Jeanvion avait besoin de relancer une carrière qui avait tendance à s’enliser.

Des débuts prometteurs à Bruges et à Roda

Yulu-Matondo aura 26 ans demain, puisqu’il est né le 5 janvier 1986 à Kinshasa. Très jeune, il débarque en Belgique et est formé au FC Ans de 1993 à 1999. Repéré par l’Excelsior Mouscron, il rejoint le Futurosport à 13 ans.  » Un garçon très gentil et un footballeur très prometteur « , se souvient PhilippeSaintJean.  » Mais il était en internat et les charges étaient lourdes pour sa famille.  » Bruges lui proposa une solution et il prit la direction de la Venise du Nord en 2001. Il y poursuivit sa formation et intégra le noyau A en 2005, l’année du dernier titre du Club. Il remporta la Coupe en 2007, juste avant de partir pour les Pays-Bas à Roda JC où il rejoignit l’importante colonie belge composée, entre autres, de BramCastro, DavyDeFauw, MarkDeMan, VincentLachambre, RolandLamah, CliffMardulier, DieterVanTornhout ou encore JamaïqueVanDamme.

Il y a connu des hauts et des bas, disputant une finale de Coupe des Pays-Bas au terme de sa première saison en 2008 et jouant au total 84 matches de championnat pour 13 buts inscrits, mais la fin fut moins drôle.  » Il était arrivé du Club Bruges avec l’étiquette d’un grand talent « , se souvient HarmvanVeldhoven.  » On attendait beaucoup de lui. Ses débuts furent prometteurs, mais il n’a pas confirmé. Son temps de jeu a diminué. Il a encore connu de belles périodes, mais il n’arrivait plus à rester titulaire dix matches d’affilée. Il a perdu sa motivation. J’ai l’impression qu’il a du mal à se remettre en question : un footballeur ne peut jamais s’endormir sur ses lauriers, il doit toujours essayer de s’améliorer. Comme il ne jouait plus, il a bien fallu trouver une solution.  »

Elle prit la forme d’une rupture de contrat. Yulu-Matondo opta pour une destination inhabituelle : la Bulgarie, et plus particulièrement le Levski Sofia, l’un des deux grands clubs de la capitale.  » Ce fut une étape très spéciale dans ma carrière « , reconnaît-il.  » J’avais besoin de retrouver le stress d’une équipe du top, où la victoire est impérative chaque semaine. Le Levski m’avait laissé une bonne impression lors de ses confrontations européennes avec Gand et Lille. Mon adaptation fut facilitée par la présence des Néerlandais DustleyMulder et SerginhoGreene. J’ai toujours été payé correctement. Cela se passait toutefois d’une manière bizarre : toujours en cash, au lendemain d’un match. Un jour, on a eu droit à une double prime parce qu’on avait battu Litex Lovech, qui visait le titre. La rivalité avec le CSKA Sofia est terrible. Après avoir été battus 1-3 chez nous par le rival haï, on a eu du mal à quitter le stade. Je me souviens d’un dîner dans un restaurant dont le patron était supporter du CSKA. Dustley, Serginho et moi étions accompagnés par GrégoryNelson, un joueur du club ennemi. Grégory n’a rien dû payer, toute l’addition était pour nous. Les matches au sommet son souvent sifflés par des arbitres étrangers, en raison des problèmes de corruption qui ont eu cours dans le passé. Les infrastructures des petits clubs sont désastreuses. L’expérience la plus étrange que j’ai vécue fut un exercice de tir au pistolet, dans un stand de la police, en guise de team-building. C’est une sensation très bizarre d’avoir une véritable arme à feu dans les mains. Mais c’est excellent pour la concentration.  »

Westerlo comme roue de secours

L’aventure bulgare ne dura que quatre mois. Durant l’été 2011, Yulu-Matondo se retrouva de nouveau libre sur le marché.  » A l’époque où je l’avais connu à Bruges, il faisait partie d’une génération de jeunes joueurs prometteurs au même titre que GlenVerbauwhede, KevinRoelandts et d’autres encore « , se souvient le Caje.  » Il avait joué quelques bons matches sous ma direction. Je m’en suis souvenu lorsqu’on a été confronté au départ de ChristianBrüls. Quelqu’un de rapide, capable d’évoluer sur les flancs ou en attaque comme lui, cela pouvait faire notre affaire. Il a d’abord passé des tests, et l’on a constaté qu’il accusait un certain retard de préparation, mais il a malgré tout signé jusqu’au terme de la saison, avec une saison supplémentaire en option. Ces dernières semaines, il revient dans le coup. Ce n’est pas encore parfait, mais il affiche une bonne mentalité et travaille beaucoup.  »

Yulu-Matondo fut international Espoir et présélectionné pour les JO de Pékin en 2008, sans y participer. Barré chez les Diables Rouges, il intégra en 2011 une liste élargie de joueurs présélectionnés pour la RD du Congo.

Yulu-Matondo n’est pas seulement rapide sur le terrain. Fin 2011, pour avoir eu le pied trop lourd, il a écopé d’une amende de 550 euros et d’un retrait de permis de trois mois.

PAR DANIEL DEVOS- PHOTO : IMAGEGLOBE

 » Il a des qualités, mais a du mal à se remettre en question. « 

(Harm van Veldhoven)

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