EXCEL EN LIGNES

Défait à Malines, l’Excel de Glen De Boeck est exactement dans les mêmes temps de passage que celui de Janevski l’an dernier à pareille époque. Neuf mois après son arrivée au chevet du REM, l’Anversois doit aussi, comme son prédécesseur, faire avec une équipe en perpétuelle gestation. Décryptage.

L’accueil réservé par les supporters mouscronnois au soir de la septième défaite de la saison des hommes de Glen De Boeck à Malines, samedi soir, était révélateur. Certes moins festif que le clapping malinois, l’enthousiasme sincère de la cinquantaine de fidèles présents derrière les casernes saluait en fait un premier tiers de saison moins épouvantable qu’attendu après un début d’exercice cafardeux entamé par trois défaites consécutives.

Deux mois et demi plus tard et après onze journées de compétition, le REM a finalement limité la casse et plafonne, comme il y a un an, à 10 unités. Un bilan loin d’être entièrement satisfaisant, mais qui a toujours l’avantage d’être meilleur que cinq de ses concurrents directs (Lokeren, Eupen, Saint-Trond, Westerlo, Waasland-Beveren). Une petite performance compte tenu du relifting quasi complet de l’effectif effectué cet été.

C’est qu’entre le team-building à la mer de la mi-juin et le premier entraînement de Trezeguet avec l’Excel le 8 septembre dernier, Yuri Selak a négocié pas moins de 30 dossiers, dont 12 dans le sens des arrivées.  » Le danger, dans ces cas-là, c’est de voir débarquer des mercenaires qui pensent survoler le championnat sur leur seule qualité individuelle dans le but de se vendre au plus offrant en fin de saison « , reconnaît David Hubert.

 » Il nous faut dès lors forcément un peu plus de temps qu’un club normal pour conscientiser les nouveaux à la cause mouscronnoise.  » Un club normal, c’est un club qui ne serait pas dirigé par les agents. Pourtant, Glen De Boeck l’assure, ses choix n’appartiennent qu’à lui et l’effectif le plus cosmopolite de notre championnat – 21 joueurs étrangers de 16 nationalités différentes – est avant tout celui de son entraîneur.

Les premières tendances attestent en tout cas de la volonté de l’Anversois de fonctionner avec un groupe restreint. Un tri nécessaire pour façonner une équipe prête à aller au combat :  » Je n’ai pas deux joueurs de mêmes qualités à chaque position « , confirme De Boeck.  » Il n’y aura donc pas de miracle : notre maintien, il faudra aller le chercher sur le terrain et contre nos adversaires directs en espérant pouvoir garder la même équipe le plus longtemps possible.  » Ce noyau dur dont nous parle Glen De Boeck, Sport/Foot Magazine l’a passé au crible.

MATEJ DELAC, LA BONNE SURPRISE DE CHELSEA

La saga des gardiens de but aurait-elle définitivement trouvé son épilogue ? L’histoire remonte au 10 septembre dernier. Au soir de la plus lourde défaite mouscronnoise de la saison contre Zulte Waregem, la sortie publique de Glen De Boeck reprochant à Vagner da Silva son attentisme sur le troisième but visiteur signé Alessandro Cordaro participera à la redistribution des cartes.

Coupable sur certains buts ce soir-là, le gardien brésilien ne l’était pourtant pas sur la frappe de Cordaro. Preuve que les prestations en dents de scie de Vagner avaient fini par irriter De Boeck.  » Je ne l’ai pas jugé sur ce seul match, mais sur l’ensemble de son début de saison. S’il a commencé l’exercice dans la peau du n°1, c’est parce que j’estimais qu’il avait eu une grande part de responsabilité dans notre sauvetage miracle de la saison dernière.  »

Une confiance définitivement rompue après cette cinquième défaite en six rencontres qui forcera Glen De Boeck à prendre ses responsabilités.  » Dans la foulée, nous avions une semaine à trois matchs avec la Coupe de Belgique, j’ai dit à mes trois gardiens qu’ils auraient chacun une chance de se montrer et que je ferais mon choix en fin de semaine.  »

Aligné pour la première fois dans un match à six points à Westerlo, Matej Delac part très clairement avec les faveurs des pronostics. Fort du succès mouscronnois, le gardien de 24 ans prêté par Chelsea regardera son concurrent direct couler contre Bruges avant de s’installer définitivement entre les perches avec succès depuis la victoire à Eupen lors de la neuvième journée.

 » Matej avait l’avantage d’avoir effectué une partie de sa préparation dans un club comme Chelsea. Je ne le connaissais pas, mais c’est vrai que ses prestations à l’entraînement m’ont convaincu « , avoue De Boeck. L’insistance des Londoniens, par l’entremise de Christophe Lollichon, responsable du département gardiens de but à Londres, pour voir le Croate à l’oeuvre fera le reste.

Difficile de croire, dans ces conditions, que Théo Defourny, bien qu’aligné contre Dessel Sport en Coupe, ait, lui réellement un jour la possibilité de s’installer durablement dans le but du REM.

UNE DÉFENSE À QUI PEYRE GAGNE

Deuxième pire défense du championnat au lendemain de la claque reçue contre Zulte Waregem avec 13 buts concédés en six rencontres, la défense mouscronnoise semblait vouée à prendre l’eau de toutes parts après le départ de son leader et capitaine Noë Dussenne vers Crotone.

 » Un capitaine se doit de se donner à 100 %, or ce n’était plus le cas de Noë à la fin « , avance De Boeck.  » Et un Dussenne à 80 %, c’est limite. Je comprends que sa situation ne devait pas être évidente à vivre, mais cela ne nous a pas aidés non plus.  »

Si Glen de Boeck était visiblement soulagé que la situation s’éclaircisse enfin, Mouscron ne s’est pas transformé du jour au lendemain en forteresse imprenable et reste actuellement l’antépénultième défense de notre championnat. Seuls Eupen et Westerlo font pire, mais le REM semble toutefois avoir trouvé une vraie stabilité depuis le retour aux affaires de Thibaut Peyre.

Longtemps éloigné des terrains en raison d’une double blessure au genou, le Français occupe désormais l’axe central aux côtés du Tchèque Stefan Simic -seul élément à encore compter 100 % de temps de jeu cette saison – et redécouvre par là même une place à laquelle il a été formé, mais qu’il n’avait que trop peu occupée sous Janevski, Da Cruz ou Chihab.

 » C’est vrai, mais c’est un joueur sur lequel on peut compter et qui a cet immense avantage de connaître aussi bien ses qualités que ses défauts « , salue De Boeck. Une stabilité retrouvée dans l’axe qui vaut aussi pour les latéraux. À gauche, Nikola Gulan, rare rescapéde l’ère Cedomir Janevski, a prouvé qu’il pouvait être bien plus qu’un second choix, tandis que le surprenant Mickaël Tirpan étonne à chacune de ses apparitions.

 » En quelques mois, il est passé de troisième choix à titulaire indiscutable « , déclame Thibaut Peyre.  » Ça ne me surprend pas, il a quelque chose en plus que les autres.  » Un bel hommage qui confirme qu’après avoir dépanné en début de saison dans le milieu du jeu, ce jeune Belge de 22 ans, sorti du noyau B par Glen De Boeck l’an dernier, ne devrait pas s’éterniser au Canonnier.

STOJANOVIC, LE PATRON ATTENDU DU MILIEU

Mardi 16 août. Deux jours après la défaite à Ostende concrétisant le début de saison catastrophe du REM, mais aussi deux ans avant la fin du contrat de Julian Michel, le club officialise le départ de ce dernier pour Waasland Beveren. Une nouvelle enregistrée avec le scepticisme de rigueur par David Hubert et ce qu’il reste d’anciens dans le vestiaire de l’Excel, mais qui va participer à la reconquête mouscronnoise dans le milieu du jeu.

Débarrassé d’un joueur qui  » ne se donnait plus à 100 % et avait, je pense, réellement envie de quitter le navire  » dixit Glen De Boeck, l’entraîneur mouscronnois va s’essayer à différentes combinaisons dans l’axe du jeu. Pour la réception de Saint-Trond au Canonnier, l’Anversois décide d’aligner Dimitri Mohamed au côté de David Hubert. Une formule gagnante qui renvoie Mickael Tirpan au poste de latéral droit et Mërgim Vojvoda sur le banc.

Entré à la mi-temps en lieu et place de Valentin Viola, Luka Stojanovic est l’autre grand vainqueur de la soirée. Buteur, le Serbe prêté par Limassol se révèle vite comme le référent d’un milieu de terrain en manque de leaders.  » Il est arrivé blessé chez nous, je n’ai donc pas directement pu lui donner le temps de jeu que j’aurais souhaité « , concède De Boeck.

 » Mais à chaque match, c’étaient des calculs pour savoir combien de minutes j’allais lui accorder parce qu’il a rapidement fait partie des évidences. Il n’a malheureusement pas eu de préparation complète, mais je croise les doigts pour qu’il reste fit le plus longtemps possible.  »

Une preuve supplémentaire de l’importance croissante prise par ce milieu de terrain de 22 ans aussi passé par le Sporting Lisbonne. Titulaire depuis le 17 septembre dernier dans le onze mouscronnois, le joueur a inscrit un but dans chacun des trois succès mouscronnois de la saison. Le triangle d’entrejeu qu’il forme au côté de Mohammed et Hubert a définitivement convaincu De Boeck et forcé Karim Essikal à se contenter de bouts de matchs depuis ses deux auto-buts inscrits contre Lokeren et Zulte Waregem, son club propriétaire.

TREZEGUET, MIEUX QU’UN TROISIÈME CHOIX

Avec Stojanovic, Mahmoud Hassan  » Trezeguet  » symbolise la fin de ce que l’on pourrait qualifier de Markovic dépendance. La concordance de temps est si frappante qu’elle pose question. Toujours meilleur buteur du REM avec 5 buts, le Serbe n’en est pas moins resté muet pendant 5 matchs avant de se blesser aux ligaments internes du genou et de manquer le déplacement à Malines.

On ne connaît pas encore la gravité exacte de sa blessure, mais il ne sera pas dans le groupe pour le déplacement à Waasland Beveren et la réception de Courtrai. De son côté, le joueur prêté par Anderlecht en est actuellement à 2 buts et 3 assists en six titularisations. De l’avis général, il aurait  » les défauts de ses qualités.  » Comprendre que son évidente habileté technique masquerait un individualisme trop prononcé.

Reste qu’au vu de ses récents états de service, il est difficile pour Glen De Boeck de lui reprocher quoi que ce soit.  » On va être honnête, c’est le joueur le plus doué de l’effectif, mais il doit être conscient de ce statut et porter l’équipe vers le haut. Ce n’est pas toujours le cas.  »

Ouvertement critiqué après une prestation jugée trop discrète contre Malines, Trezeguet n’était pas le premier choix de De Boeck qui avait d’abord porté son dévolu sur Dodi Lukebakio ou Nathan Kabasele à Anderlecht.  » C’est vrai que contrairement aux deux autres, je ne le connaissais pas avant qu’il ne débarque chez nous. Ça reste un super transfert, à lui maintenant de comprendre que le football est avant tout un sport collectif, même si pour moi, cela ne fait aucun doute qu’il a d’ores et déjà le niveau pour Anderlecht.  »

SIMON DIÉDHIOU, SEUL SUR SON ÎLE EN ATTAQUE

Dans une équipe habituée à subir le plus souvent le jeu, le poste d’attaquant de pointe occupe une place à part. Une position actuellement dévolue à Simon Diédhiou. Prêté par La Gantoise, ce Sénégalais de 25 ans n’est pas un vrai buteur, mais est reconnu pour son abattage entre les lignes. Derrière lui, la concurrence ne fait pas vraiment rage.

Débarqués en janvier dernier de Munich 1860, les centimètres de Fesjal Mulic n’ont pas encore séduit grand monde au Cannonier malgré une préparation prolifique.  » Mais ce n’est pas parce qu’on marque 7 buts contre des équipes de P2, P1 ou de Promotion qu’on doit croire qu’on est arrivé. Il est en train de réagir, mais j’ai l’impression qu’il a d’abord cru qu’il serait intouchable devant  » explique De Boeck.

Le Serbe payera son mutisme du mois d’août dans un système en 4-4-2 au côté de Diédhiou qu’on disait pourtant taillé pour ses qualités dans le jeu aérien. Absent des 18 durant plusieurs semaines, il était de retour dans le groupe ce week-end contre Malines et a même eu droit à ses premières secondes de jeu depuis le 27 août.

Annoncé comme nouveau n°2 dans la hiérarchie de De Boeck en semaine, il a pourtant fait son entrée 20 minutes après Roman Ferber. Prêté par Charleroi dans les dernières heures du mercato, l’ancien Montois, arrivé au football professionnel sur le tard, semble avoir un peu de mal à digérer la masse de travail demandée en Division 1.

 » Il est arrivé chez nous avec quelques kilos en trop qui n’ont pas facilité son adaptation « , témoigne De Boeck.  » Il doit maintenant se réveiller, car il n’a plus d’excuses et doit montrer une autre attitude s’il veut entrer en ligne de compte et ne pas revivre la même saison qu’à Charleroi. Le problème, c’est qu’actuellement, il n’a pas l’air de comprendre ce que je lui demande.  »

Tout profit pour Simon Diédhiou qui, malgré une faible moyenne d’un but marqué toutes les 322 minutes, n’a visiblement pas encore trop de soucis à se faire pour son poste.

PAR MARTIN GRIMBERGHS ? PHOTOS BELGAIMAGE

 » Tirpan a quelque chose en plus que les autres.  »

THIBAUT PEYRE

 » Trezeguet a d’ores et déjà le niveau requis pour Anderlecht  »

GLEN DE BOECK

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