Europe

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

L’Union européenne a vécu une annus horribilis. Confrontée aux crises de la dette, des migrants et de la sécurité, elle a peiné à trouver des solutions communes.

 » Dire que l’Europe a connu des jours meilleurs est un euphémisme.  » Devenu l’un des plus ardents défenseurs d’une Union davantage fédérale, l’ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt a des mots durs :  » L’Europe est dépourvue de stratégie, de capacité d’action et tétanisée face aux crises qui l’assaillent. Au lieu de tenir un discours convaincant expliquant pourquoi l’intégration européenne est plus indispensable que jamais, les dirigeants européens ont évité le thème de l’Europe comme la peste. Aujourd’hui, nous récoltons les fruits amers de dix années de stagnation.  » Implacable.

Parler d’annus horribilis n’est pas usurpé pour qualifier ces 365 jours au cours desquels les acquis de la construction européenne ont été malmenés. Pour la première fois, il a été question d’un éclatement possible de l’Union et des acronymes comme Grexit (exclusion de la Grèce de la zone euro) ou Brexit (départ du Royaume-Uni par référendum d’ici à 2017) ont déferlé, quand il n’était pas question de l’effet domino potentiel des velléités indépendantistes catalanes.

Insidieusement, l’idée d’un déclin européen s’est imposée dans le monde, tant les Vingt-Huit peinent à s’entendre et à porter ensemble des projets mobilisateurs. Paradoxalement, un constat s’est imposé en parallèle au cours de cette année folle : les réponses aux crises majeures seront continentales ou ne seront pas. La quadrature du cercle.

Les deux premières crises, qui ont dominé la première partie de l’année, ont affecté de plein fouet la zone euro. La croissance reste faible, autour de 1,6 %, limitant le redéploiement socio-économique et la création d’emplois. Le volontarisme social de la nouvelle commission Juncker ne suffit pas. Surtout, la crise de la dette a poursuivi ses ravages en Grèce, imposant des négociations marathon au début de l’été avec un gouvernement Tsipras dont les positions radicales ont été balayées sous le poids de la realpolitik. Le tweet laconique de notre Premier ministre Charles Michel –  » Agreement  » – lancé à 8 h 30 le lundi 13 juillet, n’a pas rassuré définitivement. Car l’union budgétaire et le gouvernement économique ne sont toujours pas au rendez-vous.

Les dirigeants européens ont, il est vrai, eu d’autres chats à fouetter depuis le mois d’août. La crise migratoire, avec ses drames en Méditerranée et l’arrivée de près d’un million de réfugiés depuis le début de l’année, a semé le doute au plus profond des valeurs européennes. Entre construction de murs et réflexes populistes, la solidarité a morflé. L’Union européenne, espace de paix depuis 1945, est prise en tenaille par les conflits régionaux importants, l’Ukraine à l’est et surtout la Syrie au sud. Avec l’ombre de Daech et un voisin russe de plus en plus turbulent.

Comme si cela ne suffisait pas, les attentats de Paris ont révélé des failles dans la sécurité européenne, du contrôle des frontières aux échanges d’informations des services de renseignement. La réponse, là comme ailleurs, est une intégration renforcée.  » Nous sortirons plus forts ensemble ou nous échouerons ensemble « , clame le prophète Verhofstadt. Un message audible ?

Olivier Mouton

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