EURO SOPORIFIQUE ?

Encore un mot avant que s’estompent les souvenirs de ce tournoi qui m’a souvent endormi, mais je ne demande pas mieux qu’il vous ait exhaltés, chacun son trip, chacun ses tripes ! Juste avant qu’il débute, j’avais subodoré pour vous quelques stats que je croyais moroses, … eh bien j’étais encore optimiste ! J’avais conjecturé 125 buts, il n’y en eut que 108, et ça me navre qu’aucun média ne se soit déchaîné pour tirer la sonnette d’alarme. Ça fait pile 2 buts de moyenne par 90 minutes, et c’est une cote d’alerte : ça n’est JAMAIS allé si bas lors d’un Mondial ou d’un EURO !

Vérifiez mon calcul et soyez précis, ne divisez pas 108 par 51, mais bien par 52,66, car 5 matches prolongés ont entraîné 5×30′ de jeu supplémentaire : 150′ pour deux malheureux buts, bonjour l’assoupissement ! Et trois fois cette loterie débile des tirs au but… Ah, si j’avais su ! Pour dribbler l’overdose, gagner du sommeil et du temps vraiment LIBRE, je me serais donné deux consignes : je n’aurais commencé à zyeuter chaque match qu’après la première demi-heure, laps fréquent où 22 branleurs jouent baballe sans guère oser ; puis, j’aurais coupé la télé après les 90′ réglementaires, pour dire aux prolongateurs d’aller se faire voir. Sur 108 buts, je n’en aurais loupé que 23 … revisionnables en différé !

Est-ce moi qui me meurs, ou est-ce le foot qui finira par mourir de tant de temps si morts ? D’innombrables secondes de gel de ballon sans vraiment tenter quelque chose, un temps de jeu réel inférieur à 60′, une moyenne de 25 fautes sifflées par match et autant d’interruptions, sans compter les ballons quittant l’aire de jeu pour ne pas toujours y revenir fissa : j’avoue, je me lasse, les lenteurs déjà vues m’envahissent inexorablement. MAIS JE RÊVE ENCORE : d’un jeu plus chatoyant parce que plus risqué, et bien sûr de buts plus nombreux que ces deux aumônes par heure et demie… Ça me fait de nouveau repenser au Liverpool-Dortmund d’avril dernier, unanimement décrété plus beau match de l’année, et véritable propagande pour le foot. Soit. Mais qu’est-ce qu’une propagande, sinon un spectacle proposé à des gens plutôt rébarbatifs à la base, pour qu’ils s’enthousiasment et s’y intéressent davantage. En vertu de cette définition, OK pour le 4-3 de ce match à Liverpool, mais concédons alors honnêtement le revers de la médaille : globalement, les 51 matches de l’EURO 2016 furent une véritable contre-propagande pour le foot

Un 3-3 curieux, un 5-2 festif, un 4-0 qui a plu aux neutres et fait rêver les Belges … mais surtout 33 matches qui, tout en offrant seulement entre 0 et 3 buts, se sont terminés par un nul, ou une victoire par un seul but d’écart : ce qui veut bien dire qu’au foot, en fonction d’une fantaisie arbitrale ou d’un ballon frappant le cadre, l’aléatoire désigne le vainqueur bien plus souvent que la prétendue supériorité technico-tactique de l’un sur l’autre !

Les résultats de Galles ou de l’Islande ont aussi fait ressurgir le vieux slogan : il n’y a plus de petites équipes ! Si, et il y en a toujours eu. Mais le foot est un sport de peu de buts parce que de peu d’espaces, où une condition physique solide et une organisation défensive correcte peuvent permettre de faire échec à une virtuosité adverse a priori supérieure. Et peut-être qu’aujourd’hui, le sérieux en perte de balle étouffe un peu plus qu’hier le brio en possession de balle. Si c’est triste, faut réagir, et j’ai depuis lurette trois suggestions pour davantage de joie. Je ne dis pas de les appliquer toutes, mais ça me démange de les rappeler, ça fait un bail !

Un, on agrandit la cage de deux diamètres de ballon : au minimum, ça convertira en buts toutes les actuelles frappes sur cadre. Deux, on peut agrandir les terrains, le prétendu maximum légal de 120 m sur 90 n’étant qu’une fiction. Trois, pourquoi jouer sans cesse à 11 contre 11 : imaginez qu’aux éventuelles prolongations, ou même entre 60e et 90e, on impose un 10 contre 10, voire un 9 contre 9 ! ? Les défenseurs juguleraient moins facilement le brio des attaquants, il y aurait plus de gestes, plus de combinaisons, plus de buts. Et je vous fiche mon billet qu’on verrait mieux les petites équipes.

PAR BERNARD JEUNEJEAN

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire