Eupen comme exemple

Le point au moment du grand saut attendu.

Lorsqu’il reprit la présidence de Tubize, en 1998, Raymond Langendries annonça qu’il souhaitait rejoindre la D1 dans les dix ans. Cinq ans plus tard, il a accompli une bonne partie du chemin puisque son club est champion de D3. Ce succès, c’est un peu la chronique d’un titre annoncé, tant l’AFC partait avec les faveurs du pronostic avant même le début de la saison: sa structure, la valeur de son noyau et la présence d’un entraîneur aussi charismatique que Philippe Saint-Jean justifiaient sans doute de telles ambitions. Encore fallait-il que l’équipe prouve, sur le terrain, qu’elle était bien la meilleure. Ce qui est désormais chose faite.

« Nous avons été en tête du début à la fin et nous avons dû gérer toute la pression qui pesait sur nos épaules », dit Mario Fasano, arrière gauche et un des joueurs les plus expérimentés du groupe. « Pression des médias, d’abord, car il est vrai que Tubize ne cachait pas ses ambitions. Avec un peu de chance, nous avons d’emblée répondu à l’attente et il a alors fallu gérer la pression imposée par les adversaires qui, tous à tour de rôle, rêvaient de se payer notre scalp. Pour arriver à nos fins, la seule solution était de nous remettre en question chaque semaine. Notre entraîneur est pour beaucoup dans cette réussite car il a toujours su trouver les paroles adéquates pour nous motiver ou nous éviter de rêver trop longtemps. Et les anciens ont su calmer le jeu lorsqu’ils sentaient que le groupe commençait à s’emballer ».

Ce fut le cas voici quelques semaines seulement lorsque, après s’être imposé à Walhain, tout Tubize pensa qu’avec onze points d’avance, les dés étaient jetés. Mais au cours des trois rencontres qui suivirent, les Brabançons ne récoltèrent qu’une maigre unité, contre Spa.

Fasano: « Nous avons connu deux défaites d’affilée, dont une à Olen qui a fait très mal. L’entraîneur nous a alors donné quatre jours de congé. Ceux qui étaient fatigués physiquement devaient se reposer, les autres devaient faire le vide dans leur tête. Nous conservions cinq points d’avance, la situation n’était pas dramatique, mais nous devions absolument battre le RC Malines, ce que nous avons fait. Du coup, la pression est repassée dans le camp des poursuivants. Avouez qu’il aurait été dommage d’avoir attendu la dernière journée pour être sûrs de monter.Mais quel footballeur ne rêverait pas de connaître une saison comme celle-ci? »

Retour en D2

Fasano s’apprête donc à retrouver une D2 où il n’a évolué que l’espace d’une saison, avec l’Olympic de Charleroi.

« Cela ne s’était pas trop bien passé puisque nous étions redescendus immédiatement via les barrages », explique-t-il. « Je ne connais pas trop bien cette série mais je me souviens qu’on y pratique un jeu extrêmement réaliste et qu’avant de rêver à d’autres aventures, nous devrons d’abord tout faire pour assurer rapidement notre maintien. Pour moi, l’exemple à suivre, c’est celui d’Eupen: une équipe qui n’a pas tellement changé par rapport à la saison dernière mais joue un rôle très intéressant. Dans cette optique, l’arrivée d’un joueur expérimenté dans chaque ligne nous ferait sans doute du bien. On me dit souvent que la D2 n’est plus aussi forte qu’il y a quelques années. C’est bien possible mais je n’ai pas vu assez de matches pour pouvoir en juger. C’est sans doute un des effets boule de neige de la qualité globale de notre football. En D3 aussi, nous avons rencontré des équipes très faibles techniquement et tactiquement. Nous avons pu leur opposer notre intelligence de jeu, nos qualités techniques et un noyau très complet: nous comptions sur une vingtaine de titulaires potentiels et pas mal de formations auraient voulu aligner nos réservistes ».

Des joueurs comme Mbayoko ou Saboga, notamment, furent très peu alignés cette saison et devraient trouver refuge à l’Union pour le prochain exercice.

Mario Fasano, lui, restera à Tubize, un club où il évolue depuis cinq ans et a retrouvé l’ambiance familiale dont il avait besoin après son échec à Charleroi: « Hormis Steve Lemmens, je suis le plus ancien puisque Samuel Remy est arrivé quelques semaines après moi. Au début, c’était très difficile ici car nous nous entraînions trois fois par semaine à 19h30 sur un terrain synthétique. Le club a fait de gros progrès à ce niveau et l’entraîneur est notre porte-parole auprès de la direction afin qu’on améliore sans cesse les conditions de travail. Nous pourrons bientôt compter sur un nouveau terrain d’entraînement éclairé, ainsi que sur une grande tribune. C’est important car Tubize est le porte-drapeau du football en Brabant Wallon. Ce n’est pas une région qui vibre pour le ballon comme Genk ou Charleroi mais nous avons tout de même réussi à séduire les spectateurs. A Bocholt, pour le match du titre, nous étions suivis par deux cars et plusieurs voitures ».

Son échec à Charleroi constitue le seul regret de Mario Fasano qui, depuis, a entamé une nouvelle vie professionnelle à la commission européenne, où il travaille à l’encodage et la scannérisation de données et qui, côté football, n’a encore connu que de belles satisfactions à Tubize, où il a découvert un environnement agréable. « J’ai toujours accordé beaucoup d’importance à l’aspect convivial », ajoute le beau-fils de Mario Notaro, qui est originaire du même village italien que ses parents, près d’Avellino.

Patrice Sintzen

« L’intelligence de Saint-Jean: 4 jours de congé quand ça allait mal »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire