Etienne Delangre

1 Tu as envoyé une candidature spontanée au Standard ou on est allé te chercher ?

J’ai appelé Axel Lawarée pour me proposer, puis j’ai envoyé mon CV. La direction a finalement convoqué plusieurs candidats. Au même moment, au même endroit mais dans plusieurs salles différentes… Je n’ai pas vu les autres. J’ai expliqué ma vision et la décision de m’engager a été prise assez vite.

2 Tu as réfléchi à la difficulté du boulot d’Ivan Vukomanovic ? Passer de T2 à T1 en pleine crise, prendre le contrôle de joueurs dont il était sans doute le confident, l’ami, ce n’était pas nécessairement simple ?

Je me suis posé la question en arrivant, oui. Il était proche des joueurs, il est subitement devenu leur patron, il a dû prendre de la hauteur par rapport au groupe. Ce n’est pas simple, effectivement. Il ne pouvait pas leur dire du jour au lendemain : -Vous ne m’appelez plus par mon prénom, à la limite vous me vouvoyez, je ne vous serre plus la main. Je ne voyais en tout cas pas de gars qui n’en avaient rien à foutre. Il a eu la chance de se retrouver entraîneur d’un club comme le Standard à 37 ans : rien que ça, ça va lui ouvrir des portes pour le futur. Et ce sera plus facile pour lui quand il travaillera dans un club où il n’aura pas, d’abord, été adjoint.

3 Il avait repris une équipe dont on avait l’impression qu’elle ne savait plus jouer au foot. Il l’a métamorphosée directement, le Standard est allé gagner à Anderlecht et à Genk, l’équipe n’encaissait plus. Il avait suffi de changer un homme ?

C’est toujours dangereux de tirer des conclusions à court terme. L’équipe fait directement cinq matches sans prendre de but et douze sur douze en championnat. C’est impressionnant parce qu’elle avait pris cinq goals contre Mouscron et Ostende, par exemple. Mais après cette série, on encaisse trois buts à Ostende en jouant à onze contre dix pendant une heure, on perd à Rijeka, contre Courtrai, on prend quatre goals en Coupe contre Lokeren, aussi trois contre Feyenoord. On voit que le changement d’entraîneur a remis de l’ordre pendant cinq matches puis… quatre défaites en dix jours, je ne suis pas sûr que le Standard avait déjà connu ça dans son histoire ! Dix jours de crise totale ! Les joueurs se sont peut-être dit, de façon inconsciente : -Douze points sur douze sans prendre de buts, on est potes avec le nouvel entraîneur, tout baigne. Peut-être qu’ils se sont subitement sentis infaillibles.

4 Le staff avait prédit que Steven Defour risquait de mal gérer son retour à Sclessin à cause de l’atmosphère ?

On n’en avait pas parlé. Et quand Defour est arrivé au stade, il semblait tout à fait normal, il était cool. Il a dit bonjour aux gens du Standard qu’il connaît, il a un peu discuté. Pareil pour Gohi Bi Cyriac. Je n’ai vraiment pas l’impression que Defour ressentait une pression particulière. Mais probablement qu’il s’est cru plus fort qu’il l’est en réalité, parce que sur le terrain, il n’a pas été fort face à l’ambiance ! Il dira toujours qu’il n’a pas pété un câble. Je ne suis pas dans sa tête mais je pense que c’est quand même ce qui s’est passé… Etre sifflé, ce n’est pas agréable, mais bon, quand tu es pro, tu dois pouvoir gérer ça.

5 Le Standard a un noyau de joueurs sans palmarès : ce n’est pas le principal problème ?

On peut retourner la question, dire qu’ils ont envie, qu’ils ont faim. Souviens-toi de l’année où Genk a été champion avec Thibaut Courtois et Kevin De Bruyne. Là aussi, il y avait pas mal de jeunes qui n’avaient jamais rien gagné. On sait qu’on n’a pas une équipe qui peut survoler le championnat, mais avec de la discipline, on peut faire des résultats.

Etienne Delangre (52 ans) a fait l’essentiel de sa carrière au Standard (1981-1992) et y a été deux fois champion de Belgique. Il a ensuite joué au RWDM et à l’Avenir Beggen. Comme entraîneur, il est passé notamment par Charleroi, Verviers et Namur. Il est adjoint au Standard depuis novembre 2014.

PAR PIERRE DANVOYE

Etienne Delangre  » Ivan Vukomanovic a eu la chance de se retrouver entraîneur d’un club comme le Standard à 37 ans, ça va lui ouvrir des portes pour le futur. Et ce sera plus facile pour lui quand il travaillera dans un club où il n’aura pas, d’abord, été adjoint.  »

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