ÉTIENNE DELANGRE: Le problème est-il UN MANQUE DE BONS COACHES ?

Je voudrais cette semaine réagir aux propos d’ Abbas Bayat qui déclarait il y a 15 jours en nos colonnes que le gros problème du championnat de Belgique était un manque de bons entraîneurs. Attention, mon but n’est absolument pas de régler des comptes avec qui que ce soit, mais simplement de défendre une corporation (dont je fais partie) en utilisant mon vécu de coach du Sporting. La première question que je me pose est de savoir pourquoi Charleroi n’a conservé que trois joueurs d’il y a deux ans alors que le problème c’était l’entraîneur…

Les quelques anecdotes que je vais vous conter vont peut-être vous éclairer sur les connaissances footballistiques du président de Charleroi (pas question pour moi de citer les noms des joueurs impliqués).

Quand un joueur marquait un but contre son camp d’une volée dévissée du point de penalty, Abbas Bayat me disait que c’était de ma faute car j’aurais dû donner trois entraînements pendant la semaine sur les dégagements des défenseurs.

Quand un joueur effectue un bras d’honneur à l’arbitre juste au moment du coup de sifflet final et que je lui signale qu’il doit recevoir une amende, il me rétorque que c’est moi qui mérite une sanction financière car je n’ai pas désigné quelqu’un avant le match qui l’empêche de faire cela.

Quand l’équipe prend un but suite à un coup franc rapidement joué par l’adversaire à 70 mètres de notre but, il me dit que c’est de ma faute car dans tous les matches qu’il voit, dès la faute sifflée, les 10 joueurs sont devant le ballon !

Quand un joueur francophone, à qui je demande de se placer au piquet sur corner, se met au point de penalty, il me dit que je dois le prendre par le bras et lui montrer le poteau !

Le président m’avait aussi assuré que tant qu’il était à la tête du club, Dante Brogno ne reviendrait plus dans le sportif même pour les Diablotins.

Je pourrais évidemment prolonger cette liste par des considérations tactiques mais mon but n’est pas de provoquer l’hilarité générale. Certes, le niveau des entraîneurs pourrait être meilleur chez nous mais ce sont les dirigeants qui les engagent.

Qui décide d’employer des gens n’ayant jamais entraîné pour coacher leur équipe première de l’élite ? Empêche-t-on les dirigeants d’aller voir coacher et entraîner les candidats avant de faire leur choix ? Qui le fait ? Personne ! Qui emploie, dans la majorité des clubs professionnels des formateurs sous-payés pour encadrer les jeunes ? Qui décide de limiter le temps de jeu dans les tournois des jeunes ? Qui instaure la rentrée en touche à la main chez les Diablotins ? Qui met les finances en péril dans la plupart des clubs belges et que font les institutions pour les aider à jouer leur rôle social ? Qui limite à deux heures par semaine le sport à l’école ? Je ne crois pas que les coaches soient responsables de toutes ces questions.

Ceci dit, je m’en voudrais de ne pas féliciter Jacky Mathijssen pour l’excellent boulot qu’il réalise et je suis malgré tout content pour le président. Sans ces mécènes à Charleroi et ailleurs, les clubs existeraient-ils encore tout simplement ?

 » Je suis MALGRé TOUT CONTENT pour le président Bayat  »

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