Etat de siège

Le système des Limbourgeois connaît-il de sérieux ratés?

Une équipe aussi jeune ne craint-elle pas la pression?

Josip Skoko: Non. Après tout, nous sommes déjà au-dessus des attentes générales cette saison.

Elles étaient trop basses?

Nous avons achevé l’exercice précédent dans la seconde colonne. Mais nous avons réglé nos problèmes plus vite que prévu. Au terme du premier tour, nous n’étions pas sûrs d’être assez réguliers. L’entraîneur s’y est pris intelligemment. Il a parfaitement jugé le potentiel des joueurs. Nous avons une bonne équipe et nous marquons facilement, ce qui suffit à rafler les trois points.

Genk a de la chance, aussi. Il suffit de revoir vos deux matches contre Bruges.

Surtout là-bas mais nous avons quand même marqué. Si l’adversaire ne continue pas à attaquer, il ne se crée pas d’occasions.

Combien d’occasions Anderlecht n’a-t-il pas gaspillé contre vous?

D’autre part, nous aurions pu gagner la moitié de nos dix matches nuls. Contre le GBA, Alost…

Genk doit-il son classement à ses attaquants?

Aussi bon soit le jeu, sans eux, on ne peut marquer. L’inverse est vrai: il ne suffit pas d’avoir de bons avants. Il faut un équilibre. Tous les grands clubs ont de bons attaquants. Prenez Anderlecht, avec Mornar, Aruna, Jestrovic, De Bilde… Mais c’est le système qui fait la différence.

Pourtant, Genk est souvent en infériorité numérique dans l’entrejeu.

Nous avons parfois l’impression d’être assaillis de toutes parts, c’est vrai. Parfois, ça me frustre. Nous parvenons quand même à rectifier le tir car nous savons exactement quoi faire, ce qui n’est pas le cas de tous nos adversaires. Il faut avant tout éviter de laisser des espaces entre l’entrejeu et la défense. On peut améliorer nos automatismes avec les médians latéraux. La défense éprouve encore des difficultés à évoluer en ligne. C’est un des aspects les plus difficiles en football. En plus, Wanfor n’est pas un véritable arrière droit et Hans Leenders doit s’habituer à son rôle. Hans a des problèmes linguistiques avec Didier Zokora et Justice. Or, pour prendre la bonne décision rapidement, il faut se comprendre. Aucun des défenseurs n’est un véritable leader, non plus.

Le 4-4-2 est un système difficile mais nous le pratiquons quand même, avec succès, même si ça nous coûte encore beaucoup d’énergie.

Plutôt un 4-2-4!

Vous pouvez jouer autrement.

Je préfère un 4-4-2 au sein duquel les médians latéraux nous aident davantage dans l’entrejeu car nous jouons plutôt en 4-2-4. Je préfère aussi deux médians centraux qui évoluent l’un derrière l’autre. Parfois, je veux monter mais si je m’exécute, je place l’équipe en difficulté, puisqu’il y a déjà quatre joueurs devant. Je voudrais être en mesure de marquer plus souvent.

Si la défense manque d’expérience, pourquoi n’y aligne-t-on pas Wilfried Delbroek?

Il traverse une période difficile.

L’arrivée de Sef Vergoossen lui est-elle fatale?

Non. A mon arrivée, il était médian. Il n’a reculé qu’à cause des circonstances. Il est victime du succès actuel de l’équipe. L’entraîneur n’aime pas changer trop souvent son 11 de base.

Parce qu’il préfère des jeunes qui acceptent tout ce qu’il dit?

Peut-être jouerions-nous mieux ou aussi bien avec les routiniers qui sont écartés mais on ne peut rien reprocher à l’entraîneur, au vu des résultats. Le système prime les individus. Ils sont interchangeables.

L’expérience n’est-elle pas importante?

Si, surtout en fin de saison et lorsque l’équipe connaît un moment difficile, en cours de match. Nous manquons d’expérience mais peut-être pas de personnalité. Encore qu’il faille employer ce mot avec prudence: si des personnalités ne conviennent pas au système, elles peuvent le détruire.

Sef Vergoossen semble contrôler la situation. Genk est le seul grand club à n’avoir pas connu de remous internes cette saison.

C’est presque surréaliste, n’est-ce pas?

Comment est-ce possible?

Avant la saison, la direction et l’entraîneur ont pris une série de décisions. L’entraîneur savait ce qu’il voulait et comment. En étant clair, il a rallié tout le monde à sa cause et il peut travailler avec les joueurs qu’il veut. Ce qu’il a réalisé jusqu’à présent est fantastique. Pourtant, on ne peut pas dire que nous avons de meilleurs joueurs qu’Anderlecht, Bruges, le Standard et même La Gantoise. Un exemple: combien d’internationaux belges avons-nous? Un: Sonck.

On peut tomber dans l’escalier

N’est-ce pas un avantage? On peut imaginer que les internationaux brugeois songent déjà au Mondial, ne veulent pas risquer de se blesser afin de ne pas hypothéquer leur sélection?

L’argument n’est pas valable. On peut tomber dans l’escalier.

Quels joueurs sont-ils susceptibles de quitter Genk?

Plusieurs en ont la possibilité mais le club va tenter de limiter le nombre de départs, en pensant à la Ligue des Champions. L’équipe est jeune, aussi: la plupart d’entre nous n’a pas encore atteint son rendement optimal.

Monnayer le Soulier d’Or suffirait-il?

Un tout gros transfert permettrait de combler les lacunes de l’équipe. Selon moi, Genk pense davantage à l’avenir que lors de sa première période de succès.

Il ne court aucun risque?

Ce sont les joueurs qui font la différence mais je ne crois pas que nous soyions exposés à un scénario à l’anderlechtoise car nous avons un système de jeu fixe. La méthode de Sef ne peut que faire progresser l’équipe. Je ne redoute rien pour Genk.

Les nombreux scouts étrangers qui visionnent Sonck et Dagano voient aussi Skoko à l’oeuvre: 26 ans, capitaine, international australien, médian central intéressant, qui allie technique, tactique et abattage, délivre beaucoup d’assists. Avez-vous déjà entendu quelque chose?

Beaucoup de gens me signalent l’intérêt de clubs mais il s’agit toujours de la même remarque: c’est un bon joueur. Tant que personne ne me contacte et ne met de l’argent sur la table, ça ne m’intéresse pas.

Il n’y a rien de concret?

Non, mais il n’y a jamais rien jusqu’à ce que vous partiez (il rit). Je n’exclus donc pas la possibilité de jouer ailleurs la saison prochaine.

Anderlecht et le Club ne recherchent-ils pas quelqu’un comme vous?

Non, jamais je ne jouerai ailleurs en Belgique. Je vise un championnat supérieur. L’Angleterre, l’Espagne, l’Allemagne, la France. J’ai signé un nouveau contrat jusqu’en 2007, sur l’insistance de la direction. Je suis heureux ici mais si un plus grand club se présente avec une offre intéressante, pour Genk et pour moi, nul ne s’y opposera. Je pense que ça finira par arriver. Quand? Je l’ignore.

La fête de toutes façons

D’après vous, qui sera champion?

Une bonne question; Vous auriez aussi bien pu commencer par là (il rit).

Jeune, l’équipe n’est-elle pas plus exposée au stress?

Nous sommes dans une position très confortable. Plus longtemps nous resterons en tête avec Bruges, plus nous aurons de chances de remporter le titre.

Un échec ferait-il mal?

Ce serait une déception, sans aucun doute, dans la mesure où nous nous sommes créé cette opportunité nous-mêmes. Mais nous ferions quand même la fête. Même si nous terminions troisièmes. Nous avons livré tant de bons matches, inscrit tant de buts… Nous avons diverti nos supporters tout l’année. Les gens veulent du spectacle, nous leur en offrons.

Christian Vandenabeele,

« Je n’exclus pas la possibilité de jouer ailleurs la saison prochaine »

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