» Et si Notaro retrouvait le costume d’Anoul ? »

Pierre Bilic

 » Ce document unique date des golden sixties. Le Sporting de Charleroi s’apprête à rejoindre la D1. Au bout de la dernière journée d’un championnat 1965-66 fou-fou-fou remporté par Waregem, les Zèbres, vainqueurs 1-4 à Diest, ont arraché la deuxième place comme Waterschei. Seraing, par contre, reste sur le carreau après un nul inattendu (1-1) à Saint-Nicolas. On n’a pas encore inventé le tour final. Un test-match pour désigner le deuxième montant est organisé le 15 mai 1966 au Parc Duden. La presse a mis le paquet. Le Pays Noir retient son souffle. Le stress est tel à Charleroi que l’équipe a passé la nuit au vert, à Huizingen. Et alors que le stade de l’Union Saint-Gilloise est garni par une foule de supporters, et que les joueurs s’échauffent, l’entraîneur carolo, en… costume et cravate, prépare son gardien de but, l’excellent Toni Tosini. Or, nous sommes à quelques minutes seulement d’une des rencontres les plus importantes de l’histoire de Charleroi et son coach, Pol Anoul (1922-1990) lance quelques ballons sans se poser de questions.

Une telle scène est inimaginable de nos jours avec une armée d’adjoints de tous poils et un T1 qui surveille tout de loin, sans mouiller son deux-pièces comme Anoul le fait en 1966. La méthode est probablement excellente car les gars du Mambourg s’imposent après prolongations, buts de Jean-Marie Letawe et André Colasse. Le secret d’Anoul ? Une défense comme une citadelle imprenable et une main de fer dans un gant de velours. Avec lui, il faut marcher droit mais il respecte ses gars : le papa idéal. Anoul a brillamment réussi à Charleroi comme ce fut le cas d’un autre Liégeois après lui, Robert Waseige. Anoul mérite une statue car, deux ans plus tard, il remet les clés d’une belle équipe à son successeur, Georges Sobotka.

Revenu un an à Charleroi (1974-1975), Pol est une star du foot belge. Le 17 octobre 1948, cet arrière intransigeant (ou milieu doué) mérite son surnom d’ Homme de Colombes grâce à un but extraordinaire signé à la 53e minute de France-Belgique. A 1-3, il traverse tout le terrain, déclenche un coup de canon et réduit la marque. Les Diables Rouges sont relancés et arrachent le nul (3-3) : la légende est née. Ancien de Liège et du Standard, repris à 48 reprises en équipe nationale, il a eu une taverne très connue dans le centre de Liège : Le Colombes, évidemment. Le temps a filé et je me demande ce que Mario Notaro ferait s’il retrouvait le costume d’Anoul ? A sa place, je me méfierais un peu car Abbas Bayat pourrait lui demander d’imiter l’Homme de Colombes avant le match contre Eupen.  »

PIERRE BILIC

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