Et si Mons allait en Coupe d’Europe ?

Toutes les conséquences du joli parcours en play-offs 2.

Ça sentait la fin de saison tranquille, anonyme, même tristounette. On imaginait pour Mons des play-offs 2… à l’image des play-offs 2 : sans saveur, sans intérêt, sans enjeu. Au lieu de cela, les gars d’ EnzoScifo jouent la tête de leur poule et, dans le club, on ne refuse plus d’évoquer une hypothétique qualification européenne. Le regain de forme a des effets à différents niveaux.

PO2, laboratoire idéal

Scifo travaille dans des conditions idéales : son équipe dispute des matches sans trop de pression face à une majorité d’adversaires qui jouent le jeu (très peu de clubs bétonnent dans cette compétition), et surtout, il sait qu’il pourra encore compter sur presque tous ses joueurs cadres la saison prochaine. C’est comme si Mons était déjà en pleine préparation de la saison prochaine.

Seulement quatre joueurs sont en fin de contrat et ils ne sont pas tous titulaires. Le bail de Siebe Blondelle vient à échéance en juin, le club n’a pas levé l’option pour une prolongation. Daouda Mbow est prêté par Marseille et, vu son temps de jeu, il ne sera sans doute pas conservé. Peter Franquart a été loué pour cette saison à Lille, il est souvent dans l’équipe, donne satisfaction et il est donc envisageable que Mons tente de le conserver.

Le cas à problèmes est Ibou Sawaneh, souvent aligné, emprunté à Courtrai. Mons n’est pas disposé à allonger la somme de transfert demandée par les Courtraisiens et à payer un salaire équivalent à ce qu’il touchait là-bas.

Pour les finances, c’est très mauvais

Tout bénéfice, la course en tête dans les PO ? Exactement le contraire si on s’en tient à l’aspect financier.  » Ça nous coûte cher « , reconnaît le directeur général Alain Lommers.

Les rentrées sont minimes, d’autant que les abonnés de la phase classique assistent gratuitement aux matches des play-offs. Contre le Beerschot, par exemple, il y avait 3.200 personnes dans le stade, dont 2.700 abonnés. Mons n’a donc encaissé des recettes que pour 500 spectateurs. Dans le même temps, il faut payer des primes de victoire équivalentes à celle de la phase régulière.

Les primes auraient été augmentées en cas de participation aux play-offs 1 mais il était impossible de les diminuer pour les PO2. Et depuis l’arrivée de Scifo, la trésorerie sort beaucoup d’argent pour les joueurs.  » A partir du moment où on constate une baisse des assistances en PO1, c’est logique qu’il y ait une très forte diminution en PO2 « , dit Lommers.  » Quel est l’attrait pour les supporters ? Seulement une qualification européenne fort hypothétique. Nous découvrons les play-offs, c’est notre première participation. Il y a un an, nous étions contre le système ; aujourd’hui, nous y sommes encore plus opposés, c’est totalement négatif. Les clubs qui participent aux PO1 se font plaisir et touchent de l’argent, mais qu’on arrête de dire que cette formule améliore le niveau du championnat. « 

Malgré les faibles rentrées, le budget (environ 5,5 millions) devrait être bouclé. Et la saison prochaine, il devrait se situer entre 6 et 6,5 millions, comme lors de la présence précédente en D1. Cette augmentation s’expliquera notamment par de nouvelles dépenses en entraîneurs pour les jeunes et par une professionnalisation encore plus poussée (avec le passage à temps plein du préparateur physique de l’équipe Première et le recours à un nutritionniste par exemple).

L’Europa League se jouerait à Gand

Mons a demandé la licence européenne mais a dû promettre de s’exiler pour recevoir ce document. L’UEFA a accordé des dérogations jusqu’à la fin de cette saison aux clubs dont les stades ne répondent pas aux normes pour les matches européens. Le Tondreau ne satisfait pas aux exigences parce que ses sièges n’ont pas de dossier. La seule solution était donc de prévoir une autre enceinte pour disputer d’éventuels matches d’Europa League. Un accord a été trouvé avec La Gantoise et les autorités communales de cette ville.

Le stade montois, dont les nouvelles tribunes ont été construites en 2004 et 2008, n’est donc déjà plus conforme. Lommers :  » Un jour, l’UEFA dit qu’il faut des dossiers aux sièges, le lendemain il n’en faut plus, le surlendemain ils sont à nouveau imposés : c’est difficile à suivre quand on change sans arrêt les règlements en cours de route « . D’autres clubs belges ont indiqué dans leur demande de licence européenne qu’ils émigreraient à Westerlo en cas de qualification pour l’Europa League.

L’Europe ne rapporterait rien

En cas de qualification, Mons devrait entrer en lice dès le mois de juillet. Il y aurait la possibilité de devoir se farcir un déplacement lointain et les matches des tours préliminaires n’attirent jamais grand-monde puisque l’adversaire est automatiquement une petite équipe. Herman Wijnants a confié aux dirigeants montois que la dernière aventure européenne de Westerlo ne lui avait pas rapporté un euro. Alain Lommers voit une participation européenne comme  » une sorte de glorification pour le club  » mais le programme du noyau ne serait pas bouleversé. Malgré une entrée en lice en juillet, les entraînements ne reprendraient pas plus tôt.

 » Tant mieux si nous y arrivons, mais il n’y a aucun stress dans le club. La pression, nous ne l’avons ressentie que dans la phase régulière du championnat, quand il fallait assurer le maintien. Nous vivons plutôt les matches de PO2 avec un certain plaisir, ça se voit d’ailleurs chez de nombreux joueurs : ils sont plus souriants et détendus qu’en phase régulière. Ils essaient de bien jouer au ballon, on a souvent l’impression d’assister à des matches amicaux. « 

Des matches en plus ? Tout bon pour Perbet

A la fin de la phase classique, Jérémy Perbet s’est plaint de ne pas être mis sur le même pied que certains autres buteurs du championnat : ceux qui disputent les PO1 avaient encore 10 matches alors que Mons ne devait théoriquement plus en jouer que six. Maintenant, si les Dragons remportent leur poule, ils auront encore deux rencontres. Et s’ils émergent, deux de plus lors des barrages pour l’Europe. Perbet aurait alors négocié autant de matches que les attaquants des PO1, avec l’avantage d’avoir affronté plusieurs équipes démobilisées – alors que tout le monde est censé être motivé dans les play-offs pour les grands !

Il a donc de bonnes chances d’encore améliorer son total et de prendre de la valeur supplémentaire. Passer par exemple le cap des 30 buts en une saison, ça fait bien sur une carte de visite. Le discours du club n’a pas évolué :  » On souhaite le garder le plus longtemps possible, mais s’il y a une bonne offre, on peut discuter.  » Le Français a encore trois ans de contrat.

Les effets de la montée de Charleroi

A Mons et à Charleroi, on a compris que la chute en D2 de l’un n’amenait ni nouveaux supporters, ni nouveaux sponsors à l’autre. L’expérience le montre clairement. Le directeur montois ne voit que deux avantages à la remontée des Zèbres :  » Une bonne recette en plus et l’impression d’une Wallonie un peu moins isolée aux réunions de la Ligue pro. « 

Stade : ça bouge

Dès qu’il est question du stade, Domenico Leone devient nerveux comme un perdreau qui s’est pris une décharge. Le président a fait plusieurs sorties dans la presse en cours de saison. Il a par exemple comparé ses installations à Sarajevo et menacé de tout plaquer si on ne construisait pas rapidement deux nouvelles tribunes pour terminer l’ensemble.

Depuis peu de temps, ça bouge enfin. La Ville, propriétaire du stade, a mandaté des architectes pour dessiner les parties manquantes. Les plans sont en cours de réalisation. Dès qu’ils auront été approuvés par les autorités communales, on passera à la phase de demande de subsides (le but est de faire financier 60 % des travaux par la Région wallonne). Alain Lommers espère le début de la construction de la tribune latérale pour le début de l’année prochaine et une mise en service vers septembre 2013. Logiquement, l’édification de la dernière tribune (derrière un but) devrait suivre très vite. Mons aurait alors un stade terminé de 12.000 places assises pour 2015, l’année où la ville sera Capitale européenne de la Culture.

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTOS : IMAGEGLOBE

En cas de barrages pour l’Europe, Perbet aurait joué autant de matches que les buteurs des PO1.

500 spectateurs payants contre le Beerschot et énormément de primes à payer depuis Scifo : les play-offs sont coûteux.

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