ET REVOICI LES BELGES !

L’hégémonie d’Ostende, le désistement de Pepinster, l’influence de l’équipe nationale sur notre championnat… Ce sont les thèmes qui reviennent le plus souvent au moment d’aborder la nouvelle saison de basket. Nous avons posé les cinq questions les plus pertinentes.

QUI EST CAPABLE DE BRISER L’HÉGÉMONIE D’OSTENDE ?

Cinq titres d’affilée : il y a plus de vingt ans que ce n’était plus arrivé. Depuis l’arrivée du coach croate Dario Gjergja en 2011, le BC Ostende est devenu un véritable rouleau compresseur. Une défense de fer, une haute intensité, un solide jeu collectif et un Dusan Djordjevic qui s’érige en leader sur les parquets. Et la saison qui démarre risque fort de ressembler aux précédentes. Alost, Limbourg United, Anvers et Mons sont tout au plus des outsiders dans la course au titre. C’est probablement le Spirou Charleroi qui s’affirmera comme le rival le plus sérieux des Côtiers. Après quelques années de vaches maigres, l’ennemi juré voit de nouveau son horizon s’éclaircir. Au sein de la direction, on a fait le ménage. Sous l’impulsion du nouveau coach Fulvio Bastianini, Charleroi a résolument opté pour le jeune talent belge. Kevin Tumba, Loïc Schwartz et Ioann Iarochevitch ont fait partie de la sélection des Belgian Lions qui, cet été, se sont qualifiés pour le Championnat d’Europe 2017, et avec Niels Marnegrave (qui arrive d’Ostende), Alex Libert et Yannick Diop, Bastianini dispose encore de trois Belges talentueux qui auront un rôle à jouer. La principale inconnue réside dans le niveau des joueurs américains. Dans ce domaine, les recruteurs de Charleroi n’ont pas toujours eu la main heureuse ces dernières années.

Mais peut-on réellement mettre la domination d’Ostende en péril ? Ce club a su conserver ses piliers : Rasko Katic, Djordjevic et Gjergja. En revanche, il a vu partir le Joueur de l’Année Quentin Serron à Gravelines, remplacé par l’Espoir de l’Année 2015 Vincent Kesteloot, ex-Alost.  » La satisfaction, c’est le premier pas vers l’échec « , assène Gjergja. La concurrence devra donc attendre qu’il plie bagage, pour un grand club étranger.

VERRA-T-ON PLUS DE (JEUNES) BELGES DANS NOTRE CHAMPIONNAT?

C’est peut-être l’une des tendances les plus remarquables de notre championnat : de plus en plus de jeunes Belges parviennent à percer et de plus en plus de coaches belges reçoivent leur chance. Pas moins de huit des dix clubs de l’élite seront coachés par un Belge, cette saison. Gjergja et Brian Lynch sont les deux exceptions. L’un de ces jeunes entraîneurs belges est Steve Ibens (45 ans). Il aura la lourde tâche de succéder à l’Américain Brad Dean à Alost.  » Un lourd héritage, car Brad a obtenu de remarquables résultats avec un budget limité « , reconnaît-il.  » Sa grande force, c’était le recrutement des joueurs américains. Il avait les bons contacts aux Etats-Unis. J’espère qu’on m’accordera assez de temps pour imposer ma griffe, car j’aimerais tout de même apposer quelques autres accents. Brad se régalait de situations de 1 contre 1, qui mettaient les qualités de ses joueurs en évidence. Je veux conserver ce jeu attrayant, car c’est le basket moderne, mais en m’inspirant davantage d’un jeu de passes rapides.  »

Deux entraîneurs ont plus de 50 ans : Bastianini (52) et Yves Defraigne (51). Ibens pense que la nouvelle génération d’entraîneurs apporte un vent de fraîcheur.  » Roel Moors (Anvers), Stefaan Sappenberghs (Louvain), Daniel Goethals (Willebroek) et moi avons encore joué ensemble en équipe nationale. J’ai connu d’autres jeunes coaches comme Thibault Petit (Liège), Brian Lynch (Limbourg) et Serge Crèvecoeur (Brussels) en deuxième division. C’est aussi une constatation étonnante : à l’exception de Moors, nous avons appris le métier dans les divisions inférieures. Nous y avons reçu l’opportunité de développer notre vision du basket et avons obtenu d’excellents résultats. Aujourd’hui, nous en sommes récompensés. Je pense que l’on joue aujourd’hui à un rythme plus élevé. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne prétends pas que c’est mieux qu’avant.  »

Cette tendance, qui vise à un rajeunissement et un apport plus conséquent des Belges, est aussi perceptible chez les joueurs. Depuis 2013, les clubs de D1 sont obligés de coucher les noms de six joueurs formés en Belgique sur la feuille de match. Une règle dont les effets sont perceptibles, et les brillants résultats obtenus par notre équipe nationale lors des Championnats d’Europe précédents en attestent. Ibens, qui a lui-même coaché les équipes nationales de jeunes durant quatre ans :  » En obtenant des résultats avec des Belges, et même en renforçant le niveau de son équipe, Gjergja a brisé la tendance qui visait à engager sans cesse plus d’étrangers. En plus, il y a eu les prestations des Belgian Lions : lorsqu’on termine neuvième au Championnat d’Europe, cela signifie qu’on a du talent. Nos clubs en ont pris conscience. Aujourd’hui, nos jeunes savent qu’ils ont la possibilité de faire de leur hobby, leur métier. « 

SIX DE NOS DIX CLUBS SONT EUROPÉENS, EST-CE CRÉDIBLE ?

Le Brussels (grâce à une wild-card), Mons, Anvers et Limbourg en FIBA Europe Cup, Ostende et Charleroi dans la toute nouvelle FIBA Champions League. Six des dix clubs de première division belge seront actifs sur la scène européenne, cette saison. Est-ce crédible et est-ce rentable ? Alost, deuxième de la saison régulière l’an passé, a laissé tomber son ticket européen. Les plus grands clubs participent à l’Euroleague, organisée par l’ULEB, un groupement de clubs professionnels créé en 2000 qui gère lui-même la compétition. Les clubs espagnols, grecs, russes et italiens du subtop sont eux aussi restés fidèles à l’ULEB et disputeront l’EuroCup, faisant fi des menaces de la FIBA d’exclure leur équipe nationale des grands tournois s’ils restaient fidèles à l’ULEB. La nouvelle Champions League, à laquelle participeront Ostende et Charleroi, accueille pas moins de 52 équipes. Le basket européen est devenu un petit zoo, au niveau des clubs. Thierry Wilquin, manager de Mons :  » Je comprends le choix d’Alost, nous avons eu la même discussion au sein de notre club, mais en fin de compte, nous avons estimé qu’une participation à une compétition européenne restait prestigieuse. Même si elle n’est pas rentable. L’an passé, la FIBA nous a octroyé 3.000 euros par match à domicile pour couvrir les frais. Avant cela, nous ne recevions rien. C’est la raison pour laquelle nous avons opté pour les nouvelles compétitions de la FIBA, car elles sont aussi destinées aux plus petits clubs. L’Euroleague ne concerne que les clubs de pointe et vise à rendre les riches encore plus riches. J’espère que la FIBA Europe Cup et la Champions League réussiront à s’imposer, ce serait bien pour nous, les clubs belges.  »

 » Nous pouvons nourrir des ambitions dans ces compétitions. La qualification pour le deuxième tour est un objectif réaliste pour tous les clubs belges « , estime Wilquin.  » Ostende peut même nourrir de plus grandes ambitions en Champions League. Ce n’est pas rien, croyez-moi. C’est pour jouer ce genre de compétition qu’un joueur rejoint un club. En participant, nous proposons aussi un petit extra à nos supporters et à nos sponsors. On ne joue pas toujours contre les mêmes adversaires du championnat de Belgique.  »

Mais Wilquin est réaliste :  » La vérité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain. Si cela se trouve, quelques dirigeants belges choisiront de retourner à l’ULEB la saison prochaine si celle-ci leur promet de l’argent. Ce serait regrettable, car actuellement, personne ne s’y retrouve avec ces quatre compétitions européennes différentes. « 

LES DIFFICULTÉS FINANCIÈRES DE PEPINSTER ONT RÉDUIT LA D1 À DIX ÉQUIPES. AVEC QUELLES CONSÉQUENCES?

Verviers-Pepinster a décidé de ne pas participer au championnat cette saison. Du coup, l’Euromillions Basketball League se retrouve avec dix équipes. Elles se rencontrent en double aller-retour, pour désigner les huit participants aux play-offs. 36 matches pour éliminer deux équipes, et pas de descendant : c’est néfaste pour l’intérêt de la compétition. La Pro League en est consciente également.  » Nous avons opté pour un championnat fermé afin de pouvoir garantir un championnat à dix clubs et travailler à son extension « , explique le président de la Ligue Arthur Goethals.  » Douze clubs, ce serait mieux pour accroître l’intérêt du public. Il reste suffisamment de régions, en Belgique, qui ne possèdent pas de club au plus haut niveau.  »

Pour étendre la D1 à 12 clubs, une nouvelle commission des licences a été créée, qui doit aider les clubs qui ont le profil requis pour participer à l’Euromillions Basketball League.  » Nous avons revu la fonction de la commission des licences « , explique Goethals.  » Le fait que Pepinster avait reçu sa licence, avant de jeter l’éponge, a suscité des questions sur le fonctionnement de cette commission. Désormais, elle s’efforcera d’accompagner les clubs plutôt que de les juger. A partir du 1er octobre, nous aiderons tous les clubs à satisfaire aux conditions de la licence. Y compris de futurs clubs de première division potentiels. Actuellement, il y a six candidats, dont deux très concrets. Ce serait le scénario idéal, il permettrait de scinder le championnat en deux après le premier tour et d’accroître son intérêt.  »

Pepinster s’efforce de réunir les fonds nécessaires pour pouvoir représenter un dossier la saison prochaine, mais la Ligue regarde principalement en direction de Gand et de Namur, indique le président de la Ligue.

NOUVEAU NOM, NOUVEAU PARTENAIRE, NOUVEL ÉLAN ?

Depuis la saison dernière, la Pro League a conclu un accord avec les chaînes payantes Telenet et VOO, qui retransmettent 70 matches de notre première division en direct. Cette saison, une autre offre a été ajoutée : toutes les retransmissions en direct pourront être suivies en streaming sur le site internet www.thisisbasketball.tv. Avec Orange et Bpost, la Pro League a par ailleurs déniché deux nouveaux partenaires commerciaux.  » L’accord conclu avec Orange et Bpost nous permet de continuer à investir dans notre ligue,  » explique Goethals.  » Par exemple en proposant un statut semi-professionnel à nos arbitres et en leur offrant un accompagnement par d’anciens arbitres de haut niveau. De cette manière, nous devrions être en mesure de mieux valoriser l’Euromillions Basket League et de réclamer des droits plus élevés, dont les clubs pourront profiter. Aujourd’hui, leurs rentrées principales restent celles de la billetterie.  »

Et cela ne suffit pas. D’autant que le taux d’occupation de nos salles n’est que de 65 %. Goethals :  » Il y a sans doute moyen de faire mieux, en effet, mais le chiffre reste stable. On constate, dans tous les sports, que les gens ont de plus en plus tendance à suivre les événements sportifs à la télévision ou en streaming. D’où nos investissements dans ce domaine.  »

Goethals sent que c’est le bon moment :  » Lors de cette campagne de qualification pour le Championnat d’Europe, notre équipe nationale s’est qualifiée avec une sélection dont neuf joueurs évoluaient dans notre championnat. La Loterie Nationale a, elle aussi, prolongé son sponsoring de trois ans. Aujourd’hui, elle essaie de promouvoir l’Euromillions et nous a donc demandé d’adapter l’appellation du championnat.  »

PAR MATTHIAS STOCKMANS – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Lorsque la Belgique termine neuvième au Championnat d’Europe, cela signifie qu’on a du talent. Nos clubs en ont pris conscience.  » – STEVE IBENS

Le basket européen n’est pas rentable, mais une participation reste prestigieuse.

 » Nous allons tout faire pour avoir un championnat à 12 équipes la saison prochaine  » – ARTHUR GOETHALS

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