Et pourtant, le foot belge a vraiment besoin d’idées

John Baete

Il y a quelques années, Michel D’hooghe y était allé d’un livre blanc du football belge. Normal pour la couleur, l’ex-président fédéral était médecin. Cette fois, Jan Peeters, magistrat à la retraite, a plus modestement communiqué ses idées à la presse. Et il a bien fait d’être modeste. Il nous a fait penser à ces écrivains et poètes non accomplis qui éditent à compte d’auteur.

Nul n’est dupe. Que restera-t-il de ces idées après être passées à la moulinette de la commission nationale d’étude, du comité exécutif et de la ligue professionnelle? Rien. Tout simplement parce que ces idées n’ont rien d’original et ne font qu’épouser la courbe de l’évolution administrative déjà tracée du football national.

Exemple-type: si on applique le principe des licences, on peut éventuellement arriver à 14 clubs en D1 et 14 en D2.

Peeters parle aussi de football communautaire à partir de la D3 (frontière du « foot amateur »… alors que des dizaines et des dizaines de joueurs se font des doubles salaires en jouant à ce niveau), mais sans exiger de deniers publics. Or, tout le monde sait que les communautés n’ont pas énormément d’argent à investir dans le sport et que les villes et communes sont plus actives à ce niveau.

Peeters insiste, enfin, sur le fait que la fédération ne cédera pas au splitsing. Mais seulement au niveau professionnel. C’est n’importe quoi. L’Union Belge sera coupée en deux, en fait: une partie splitsée et une non splitsée. Quelle soupe.

Le foot belge a bien besoin d’idées novatrices néanmoins. Avant tout pour attirer de plus en plus de monde au stade au plus haut niveau. On connaît les problèmes posés par la fancard. Il fait beau un samedi midi. La température a grimpé et on a envie d’aller au stade le soir. Il reste des places, beaucoup de places mais on est bloqué parce qu’on n’a pas la fancard! Aberrant. Il est temps que le monde du football belge se rebelle contre ceux qui la lui imposent… à savoir l’Etat.

Il y a quelques années, notre football était dans ses petits souliers sous les coups de boutoir des inspections du ministère de l’Intérieur: les stades étaient vétustes et le hooliganisme menaçait. On a rénové les stades et plus personne ne risque de recevoir une brique ou un morceau de poutrelle rouillée sur le tronche. Et on a été obligé d’accepter l’institution d’un moyen infaillible pour contrer les hooligans: la carte.

Si c’est devenu calme dans les arènes, les problèmes surviennent en dehors. Et même dramatiquement puisqu’un supporter d’Anderlecht en est mort en début de championnat à Lommel.

Pourtant, les forces de l’ordre sont omniprésentes et déployent des moyens importants, témoins du sérieux des autorités pour préserver l’intégrité physique des bons supporters. Et ça, c’est terriblement paradoxal.

D’un côté, les deniers publics sont abondamment dépensés de façon professionnelle, mais de l’autre on laisse au football le soin de trier les hooligans des supporters. On préférerait que les autorités aillent au bout de leur raisonnement et prennent des mesures bien plus drastiques à l’égard des hooligans comme en Angleterre, à coup d’interdictions absolues de stade et de rendez-vous au poste de police les jours de match.

-Vous êtes monté sur le terrain pendant un match, jeune homme? Et bien, vous regarderez le foot à la télé pendant les dix prochaines années.

On est très déçu que tout cela n’ait pas figuré dans les idées de Peeters. En Belgique, si on est malheureusement loin d’une tolérance zéro à l’égard du hooliganisme, ce n’est pas principalement à cause de ça que les spectateurs potentiels ne vont pas au stade.

Et pourtant, les dirigeants du foot pro ont des idées: ils trouvent que les télévisions ne leur offrent pas assez d’argent et menacent de produire leurs propres programmes. Ça c’est intelligent.

John Baete

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