Et maintenant, Federer ?

2013 a été l’annus horribilis de Roger Federer. Pour la première fois depuis 2003, il ne s’est pas qualifié pour la moindre finale d’un Grand Chelem, il a glissé de la deuxième à la sixième place du classement ATP et il s’est incliné sans gloire au deuxième tour de son Wimbledon face à Sergiy Stakhovsky. Sergiy qui ? Stakhovsky ! Un Ukrainien parfaitement inconnu, numéro 116, qui est toutefois parvenu à éviter de justesse un bodyshot d’un Federer frustré au quatrième set.

Les observateurs ont commencé à évoquer le déclin du Suisse là même où, en 2003, il avait enlevé son premier Grand Chelem. Roger Federer, 31 ans, numéro un pendant 302 semaines, 17 grands chelems de 2003 à 2013. Après la défaite, le Suisse a pourtant affiché un bel optimisme :  » J’ai encore des projets pour des années.  » Certes, une série unique de 36 Grands Chelems dont il avait toujours atteint au moins les quarts de finale venait de s’achever  » mais ce n’est pas le moment de paniquer.  »

Pourtant, certaines de ses décisions éveillent l’inquiétude. Federer, qui s’octroie toujours une pause après le tournoi londonien, s’est inscrit aux tournois d’Hambourg et de Gstaad. Il a utilisé une plus grande raquette. Ses passages en Allemagne et en Suisse n’en ont pas moins été décevants, marqués par un revers contre Federico Delbonis – un Argentin passé par les qualifications – et Daniel Brands (ATP 55). L’ère Federer semblait révolue.

Les statistiques révèlent qu’il est de moins en moins dominant au fil des années. Entre 2005 et 2009, l’Helvète a atteint la finale d’un Grand Chelem seize fois en vingt tournois et s’est imposé à onze reprises. Durant les quatre saisons suivantes, de 2010 à 2013, il a dû se contenter d’un succès à l’Open d’Australie (2010), d’une finale à Roland Garros (2011) et d’un sacre à Wimbledon (2012).

Puis il y a eu la terrible année 2013. Il a enlevé un tournoi, perdu 17 matches, rompu avec son coach, Paul Annacone, et… il a fêté ses 32 ans. L’âge l’a rattrapé. En 2002, à 31 ans, Pete Sampras a gagné l’US Open et à 32 ans, en 2003, Andre Agassi a été le meilleur à Melbourne, deux ans avant de se qualifier pour la finale de New York. Mais c’était il y a huit ans, une éternité en tennis, un sport où les stylistes sont laminés par les joueurs puissants, qui usent d’un jeu athlétique, proche du filet, tout en force et en endurance.

La transition est difficile pour Federer, qui était un des joueurs les plus offensifs à ses débuts. En 2001, au quatrième tour de Wimbledon, opposé à Sampras, le Suisse a joué 109 points serve-and-volley contre seulement onze lors de sa dernière victoire à Wimbledon contre Andy Murray.  » J’ai dû m’adapter mais j’y suis parvenu et je ne vois pas pourquoi 2014 ne serait pas plus faste « , a-t-il déclaré début décembre.

Il a montré des signes de progrès en automne : la finale à Bâle, les demi-finales à Paris et des succès en World Tour Finals contre Richard Gasquet et Juan Martin Del Potro, avant une défaite contre Nadal, en demi-finale.  » J’ai mis un terme à ma saison avec un bon sentiment mais je préfère oublier la période allant de mars à octobre. Au printemps, ma blessure au dos m’a freiné. J’aurais dû arrêter immédiatement. En continuant à jouer, j’ai pris une décision qui m’a poursuivi pendant des mois mais j’ai disputé treize matches sans la moindre douleur en fin de saison, ce qui m’a permis de me reconcentrer sur mon tennis et ma tactique « , a expliqué le Suisse, qui a ouvert la saison à Brisbane et va travailler pour la première fois avec Stefan Edberg, au moins pendant dix semaines, pendant et après le présent Open d’Australie (13-26 janvier), imitant en cela d’autres champions (v.article reconversion des anciennes gloires).

PAR CHRIS TETAERT

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