Et maintenant, des menaces contre un journaliste !

John Baete

Faut-il croire que les affaires de corruption font perdre les pédales ? Dans notre dernier numéro, nous avions publié un article brossant l’ambiance régnant à La Louvière et autour du président Filippo Gaone. A un moment, on écrit  » Mogi Bayat a récemment dit au président des Loups :  » -Allez Filippo, avoue, tout le monde sait que le Chinois t’a filé 500.000 euros « … Une déclaration rapportée à notre journaliste par des témoins présents.

Monsieur Bayat téléphone au journaliste au lendemain de la parution et le tutoie solidement. A un moment donné, il déclare que des supporters sont très fâchés sur ledit journaliste qui répond ne pas s’en faire pour quelques écervelés. Bayat le menace derechef :  » OK, dans une heure tes paroles seront sur le site du club « . Et il lance l’artillerie (très) lourde : il fait publier sur le site du club des propos qu’il généralise et amplifie, transformant le  » quelques écervelés  » en  » tous les supporters sont des écervelés « .

Une généralisation et une manipulation largement abusives qui constituent, en plus, une incitation à la violence. De fait, Bayat a obtenu ce qu’il voulait : des mails menaçants sont envoyés au journaliste lui enjoignant de ne pas se présenter au stade samedi dernier. Mais Bayat n’en reste pas là. Il tente par tous les moyens de faire interdire le stade au journaliste mais, pas de chance, un accord entre les clubs, la Ligue Pro et l’Association Professionnelle des Journalistes Sportifs oblige à laisser aux journalistes l’accès libre à la tribune et de presse et à la salle de presse. C’est la transposition, dans le monde du football, du principe de liberté de la presse en Belgique.

Contactée, l’Association Générale des Journalistes Professionnels de Belgique (reconnue par le ministère de l’Intérieur), répond d’ailleurs par le biais de Philippe Leruth, membre du comité directeur :  » Ce que nous pourrions faire, c’est avoir un contact urgent avec M. Mogi Bayat, pour lui exprimer notre indignation devant la mesure qu’il veut prendre, et lui rappeler que la liberté de la presse est inscrite dans la Constitution belge depuis 1831. S’il conteste le contenu de votre article, il peut toujours faire parvenir un droit de réponse à Sport/Foot Magazine, qui est libre de le publier ou non, sauf, bien sûr, s’il est atteint dans son honneur. Et que M. Bayat relise Le Barbier de Séville, il y lira que  » Sans la liberté de blâmer, il n’est d’éloge flatteur « …

Le week-end dernier, la rédaction reçoit un courrier de Maître Laurent Denis qui intervient ici au nom de Charleroi alors qu’il est surtout connu comme étant l’avocat de Filippo Gaone (et de bien d’autres) : demande de droit de réponse, menace d’attaque en justice ; jusque-là des réactions totalement acceptables dans un Etat de droit. Quant à savoir ce qu’elles apporteront au club, l’avenir et la justice – éventuellement – le diront. Par contre, on relève dans le courrier la prolongation de la menace lancée par Bayat en rapport avec les supporters :  » Si ma cliente a pour souci d’éviter bien entendu tout dérapage éventuel, elle informe d’ores et déjà qu’elle n’assumera quelque conséquence en responsabilité de la venue d’un journaliste de l’hebdomadaire cité « .

Le Sporting pense-t-il s’exonérer de toute responsabilité de la sorte ? En tout cas, notre journaliste n’est pas allé au Mambourg samedi dernier, on comprendra pourquoi.

Ces pratiques sont indignes mais étonnent-elles vraiment dans le chef de Mogi Bayat, connu pour avoir déjà insulté pas mal de monde dans le football belge (journalistes, dirigeants, etc.) jusque et y compris dans les locaux même de l’Union Belge. Samedi soir, à la télévision, le dirigeant du Sporting déclara même qu’il fallait nettoyer le football belge avec une bombe à neutrons.

Et encore ceci : lors de la réception du Footballeur Pro de l’Année organisée par notre magazine en mai dernier au casino de Knokke, il s’en prit lors d’une conversation avec votre serviteur à l’un des collaborateurs de notre hebdomadaire (absent) qu’il insulta copieusement. Lorsqu’un autre journaliste de notre staff voulut calmer le jeu, il fut repris de volée par Bayat qui lui dit : -Tais-toi ou je vais te frapper ! Et tout ça devant Jacky Matthijsen, Dante Brogno, Bertrand Laquait et Frank Defays, témoins involontaires d’une scène qui nous avait laissé horrifié. Bayat ne s’est jamais excusé.

On est en droit de se demander deux choses : s’il changera un jour son comportement et quelle est l’influence des dernières affaires sur ce comportement ?

John Baete

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