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Et les valeurs?

Louvain, Saint-Trond, Eupen, Ostende: face à ces quatre équipes modestes, l’Union Saint-Gilloise n’a grappillé que deux points sur douze sur sa pelouse. Des pertes massives dont on reparlera si les Bruxellois ne remportent pas le titre. Dans ces matches, ils n’ont pas été capables de démanteler des défenses regroupées. Et s’ils ne finissent pas champions, ça chipotera n’importe quel supporter neutre partout dans le pays. Parce que depuis l’été de l’année dernière, l’Union colore notre championnat avec un jeu frais et reconnaissable. Cette équipe dégage de l’authenticité à fortes doses. Le Parc Duden est the place to be, un stade qui dégouline de nostalgie. Et c’est très bien comme ça! À une époque où les rébellions de supporters se multiplient, ça fait du bien.

Mais ce stade, justement, sera une épine dans le pied du club en vue de ses matches européens. Les Jaune et Bleu devront émigrer. Plus généralement, la Belgique reste un pays sous-développé en matière d’infrastructures sportives. Il y a des plans de construction / rénovation un peu partout mais rien ne sort de terre. Impossible, chez nous, de prendre des décisions fermes. Vous souvenez-vous de la conférence de presse lors de laquelle les patrons du Club Bruges avaient détaillé leur projet de nouveau stade? C’était en 2007… Aujourd’hui, on n’entend plus rien, ou presque. Le Club n’est pas le seul à être freiné dans son expansion par ces manoeuvres de retardement. À l’Union aussi, on rêve d’un nouveau chez soi. En attendant, le leader du championnat est dans l’impossibilité d’accueillir des sponsors et de développer son volet commercial.

Jacques Sys
Jacques Sys

Notre compétition est entrée dans sa phase décisive. La pandémie a plombé la saison et obligé les dirigeants à penser autrement. Mais elle a surtout démontré qu’une interaction avec les supporters est vitale. Chaque équipe a besoin d’un public qui met l’ambiance et s’identifie à ses joueurs. Sans supporter, le foot ne peut pas survivre. Ils restent le patrimoine de n’importe quel matricule.

Dans ce contexte délicat, les dirigeants ont du mal à avancer, à faire progresser leur club en respectant la ligne de conduite qu’ils ont annoncée et leur culture historique. À nouveau, on n’a pas compté les changements d’entraîneurs cette saison, mais aussi les ruptures de style. Certains sont même allés très loin dans ces cassures et les décisions incompréhensibles. Prenez l’engagement de Marc Overmars à l’Antwerp. Ils ont osé! Évidemment, chacun a droit à une deuxième chance. Mais les écarts de conduite de l’ancien international néerlandais du côté de l’Ajax laissent des traces énormes. Il aurait mieux valu laisser guérir les cicatrices avant de le bombarder sur le devant de la scène anversoise. Overmars a déclaré qu’il ne mettrait plus jamais un pied de travers. Ça ne suffit pas. Le problème est que l’ambition démesurée de Paul Gheysens et du club les pousse à oublier toutes les valeurs, toutes les normes.

Gestion d’un club de football et autocritique… deux termes qui ne passent pas dans la même phrase. On a des hommes d’affaires brillants qui, dans leur business, font preuve d’un sens stratégique de haut vol. Et qui se laissent emporter par leurs émotions et l’opportunisme dès qu’ils se plongent dans le monde du sport. Quand nous avions écrit, en août de l’année dernière, que ça ne collait pas entre Peter Maes et son noyau au Beerschot, le président Francis Vrancken avait explosé. Il avait parlé d’un journalisme de caniveau. Trois bonnes semaines plus tard, Maes prenait la porte.

Entre-temps, le Beerschot est assuré de basculer en deuxième division et le même boss affirme qu’il pense déjà à la saison prochaine. Une façon de détourner l’attention. Et on n’a aucune garantie que le club ne va pas commettre à nouveau le même genre d’erreur si les décideurs restent en place.

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