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Et la lumière fut

Vous voulez redonner de la dignité à votre équipe? Un soupçon de cohérence? Lui réapprendre à défendre sur la pointe des pieds et non plus sur les talons? Ou encore, tout simplement, ramener dans la conscience de vos joueurs l’âme d’un certain Sir Alex? Pour tout cela, vous alignez un vrai numéro 9! Mais pas n’importe lequel. Un buteur avec un coeur gros comme un boule de grinta uruguayenne. Vous mettez Edinson Cavani titulaire. Edi est sur le terrain et la lumière jaillit. Tout devient plus clair. Toute la beauté du foot est là. C’est un obsédé du but adverse qui bouche le sien.

Antonio Conte sait y faire pour reconnecter les liaisons cérébrales qui mènent à l’excellence.

Là-bas, loin devant, sur la pelouse de Tottenham, il a soulagé les boîteux-douteux du week-end d’avant. En huit jours, Manchester United est passé de crucifié à ressuscité. Son entraîneur de pointillés à ligne claire. Celle qu’il a donnée à sa tactique. Défense à trois pour libérer les ailes et voler vers le nid adverse. Et donc, passer de l’enfer au paradis. Preuve de plus que le foot est une science inexacte dictée par l’imperfection humaine. Ces réducteurs d’incertitude que sont les entraîneurs ne sont rien sans l’envie des joueurs.

Et donc, l’incertitude du futur d’ Ole Gunnar Solskjaer se retrouve enlacée par un doux parfum de sursis. Et donc Antonio Conte, qui avait déjà son billet d’avion pour Manchester a dû le changer. Nouvelle destination: Londres. Car au nord de la capitale, on ne décelait rien des certitudes de Nuno Espírito Santo. Le flou total du jeu des Spurs a mené à la clarté d’une décision. Le Portugais est viré. Malgré son titre de coach du mois d’août après le meilleur début de saison de l’histoire du club. Un neuf sur neuf sans encaisser le moindre but. La réalité des chiffres n’a pu cacher très longtemps celle du terrain.

Un terrain qui manquait à Mister Antonio. Conte était le premier choix six mois plus tôt, il avait refusé le poste, car pour lui, Tottenham était au mieux… un deuxième choix. 180 jours plus tard, il arrive non pas en nouvel entraîneur, mais en sauveur. Ce statut doit lui plaire. Tout comme son salaire de 17 millions d’euros par an. Mais plus encore, la promesse du président Daniel Levy de lui donner une petite enveloppe de 176 millions d’euros afin de recruter lors des deux prochains « mercati ».

Pourtant, Levy se disait « fauché ». Tellement que ça fait plusieurs saisons qu’il oublie de renouveler les cadres. Tout l’argent est parti dans le nouveau stade. Un gouffre d’un milliard 400 millions. Le Covid étant passé par là, Tottenham est le club le plus endetté du monde. L’argent va rentrer mais en attendant, il faut assurer le quotidien en Premier League. La vérité, c’est qu’un beau stade sans équipe, ça ne sert pas à grand-chose. L’autre vérité, c’est que les choix de José Mourinho puis Nuno Espírito Santo, c’était renier le label Tottenham.

Conte a du travail, mais pas de temps. Pourtant, c’est bien le genre à en avoir besoin. Son foot est fait d’ultra précision. De milliers de répétitions. L’avantage, c’est qu’il a Harry Kane. Toujours là, mais parti dans sa tête. Conte sait y faire pour reconnecter les liaisons cérébrales qui mènent à l’excellence. Ce sera sa mission numéro 1. Convaincre Kane qu’avec lui, les trophées qu’il se voyait déjà remporter sous le maillot de Manchester City, il les aura sous celui des Spurs. Avec le classement à l’appui. Avant le match de ce week-end, Tottenham n’est qu’à cinq points du top 4.

« On se qualifie pour la Ligue des Champions et la saison prochaine, on la gagne. » Proposer des rêves et en faire une réalité. Le foot permet ça. Et le plus beau, c’est qu’on a tous envie d’y croire. Même King Harry.

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