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Et à Barça, ça va ?

Malgré une excellente campagne en championnat et en Coupe d’Espagne, le Camp Nou fait la moue en raison de l’élimination des oeuvres de l’AS Rome en Ligue des Champions.

Opéra de Zurich, 10 janvier 2011, cérémonie de remise du Ballon d’Or 2010. Les trois joueurs sur le podium portent le maillot du FC Barcelone et ont tous été formés à La Masia. Du jamais vu auparavant, ni par la suite. Leurs noms : Lionel Messi, Andrés Iniesta et Xavi, dans cet ordre.

Pourtant, en 2010, le Barça n’avait atteint qu’un seul grand objectif : il avait remporté le titre de champion d’Espagne. Il avait certes également décroché le championnat du monde des clubs et la Super Coupe d’Espagne mais il s’agissait là de prix secondaires, bien pâles dans une vitrine aux côtés des véritables trophées.

En Ligue des Champions, Barcelone avait été éliminé en demi-finale par l’Inter Milan de JoséMourinho, une équipe cynique. Et en Copa del Rey, il s’était incliné dès les huitièmes de finale face au spécialiste de l’épreuve, le FC Séville.

Adieu Iniesta

Bientôt, Messi sera le seul rescapé du trio sur le podium en 2010. La semaine dernière, Iniesta a annoncé qu’il quittait le Camp Nou. Après le départ de Xavi, en 2015, c’est une nouvelle page de l’histoire du club qui se tourne.

Iniesta a effectué ses débuts en équipe première en 2002-2003, un an avant Messi. En quinze saisons ensemble, ils ont remporté 32 trophées, un nombre hallucinant. Le point d’orgue, pour Iniesta, c’était la récente finale de la coupe face au FC Séville.

Ce soir-là, le grand maître a brillé comme à ses plus beaux jours, menant littéralement l’équipe à la victoire. Après une démonstration et un score de forfait, Iniesta fut élu Homme du Match. Pascal Ferré, le rédacteur en chef de France Football, lui a présenté ses excuses :  » Désolé, Andrés, en 2010, c’est toi qui aurais dû remporter le Ballon d’Or « .

Car cette année-là, en finale de la Coupe du monde, n’était-ce pas lui qui avait offert la victoire à l’Espagne en finale, en marquant à la 116e minute face aux Pays-Bas ?

Le week-end dernier, le visage pâle de Fuentealbilla a encore ajouté un titre à son palmarès. Et celui-ci pourrait entrer dans l’histoire car les hommes d’ Ernesto Valverde sont toujours invaincus en championnat. S’ils poursuivent sur cette lancée jusqu’au terme de la saison, ils accompliront un fait inédit en Primera División.

À trois matches de la fin, le seul club qui semble en mesure de les en empêcher, c’est le Real Madrid, qui se rend au Camp Nou dimanche.

Un foot plus réaliste

En début de saison, personne ne pensait cela possible. En août, l’équipe semblait ne pas devoir se remettre du départ de Neymar et de l’humiliation subie en Super Coupe d’Espagne face au Real. Aucun gros transfert n’avait été effectué, à part Ousmane Dembélé, mais celui-ci s’est très vite blessé.

On pensait même que la tête du président, Josep Bartomeu, allait rouler. Mais Valverde et l’éternel Messi ont tenu fermement la barre. Barcelone a produit un football plus réaliste que lors des saisons précédentes, il a abandonné le 4-3-3 de l’école hollandaise qui a fait sa marque de fabrique pour un 4-4-2 mais même dans ce système, Messi sera probablement sacré une nouvelle fois meilleur buteur, comme en 2010, 2012, 2013 et 2017.

Beaucoup d’entraîneurs auraient signé à deux mains pour remporter le titre et la coupe dès leur première saison. Ernesto Valverde l’aurait fait aussi mais plus la saison avançait, plus Barcelone avait de l’appétit. Sa dernière victoire en Ligue des Champions remonte déjà à 2015 alors que le meilleur joueur du monde évolue en Catalogne et est au sommet de son art. Cela fait d’autant plus mal que, ces dernières années, c’est le Real Madrid qui brille au niveau européen.

Valverde doit aussi tenir compte des statistiques de quelques-uns de ses prédécesseurs. Pour sa première saison, en 2008/2009, Pep Guardiola a réussi le triplé. Et Luis Enrique a fait pareil en 2014/2015. L’homme de Viandar de la Vera, un petit village affreux d’Extremadure, semblait pouvoir y arriver aussi… jusqu’à cette pénible défaite (3-0) au stade Olympique de l’AS Rome, qui permettait ainsi au club italien d’effacer le 4-1 du Camp Nou.

Respect pour Ernesto

Bien que, courageusement, il ait endossé la responsabilité de cet échec après le match, la presse a écrit qu’il avait perdu tout crédit auprès de la direction. Pourquoi a-t-il attendu la 81e minute pour effectuer son premier remplacement ( André Gomes pour Iniesta) ? Pourquoi n’a-t-il pas aligné Paulinho d’emblée ?

Après l’élimination à Rome, Bartomeu a laissé entendre qu’au terme de la saison, Valverde pourrait disposer. Mais les joueurs ne l’entendent pas de cette oreille. En finale de la coupe, face à Séville, ils ont voulu mettre les choses au point en l’honneur de Valverde et d’Iniesta. Après le 5-0, Jordi Alba a résumé la situation :  » Le coach a reconstruit l’équipe après le départ de Ney. Il mérite le plus grand respect. C’est un tout grand entraîneur.  »

Cette saison sera également historique pour une tout autre raison. Le 17 avril, face au Celta Vigo, Valverde a aligné une équipe dans laquelle on ne retrouvait aucun joueur formé à La Masia. Il y avait 16 ans que ce n’était plus arrivé. Certes, Barcelone devait jouer la finale de la coupe quelques jours plus tard, mais tout de même.

Le plus étrange, c’est que tout le monde assure qu’il y a du talent au centre de formation de Barcelone mais il semble que le fossé qui sépare les jeunes de l’équipe première soit plus grand que jamais. Dès lors, de nombreux jeunes cherchent fortune ailleurs : Eric García (Manchester City), Sergio Gómez (Borussia Dortmund) et Jordi Mboula (AS Monaco) sont partis l’an dernier tandis que le médian Adrià Bernabé (16 ans) a choisi de poursuivre sa carrière à Manchester City.

Si le Barça reste invaincu jusqu’au terme du championnat, il accomplira un exploit inédit en Primera División.

Munir, l’exception

Lundi dernier, les espoirs du FC Barcelone ont cependant remporté la finale de la Youth League contre Chelsea (3-0). Espérons pour le Barça que, la saison prochaine, quelques-uns de ces jeunes talents ( Carles Pérez, Abel Ruiz et Alejandro Marqués) seront incorporés au noyau A car jusqu’à présent, aucun joueur de la dernière génération à avoir remporté la Baby Champions League, en 2014, n’a encore percé. Seul l’ailier Munir El Haddadi (22 ans), prêté avec succès à Valence et au Deportivo Alavés, semble avoir une chance de s’imposer un jour au Camp Nou. Bref, ce n’est pas demain qu’on reverra trois joueurs de La Masia sur le podium du Ballon d’Or…

Et à Barça, ça va ?

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