ERWIN VERVECKEN

Le champion du monde en titre a l’art de préparer les grands rendez-vous.

E rwin Vervecken a la réputation d’un coureur de championnat, une étiquette qu’il abhorre. Traditionnellement, il atteint l’apogée de sa forme à la fin de l’année, précisément à l’approche des rendez-vous importants. Le spécialiste du cyclocross répugne aux longues séances ardues en été. Sciemment, il se forge une condition physique au fil des courses, qu’il préfère aux entraînements mais gagne peu de cross. S’il émerge au c£ur de l’hiver, alors que certains concurrents paient le prix des efforts consentis en début de saison, c’est aussi parce qu’il aime le froid… ou plutôt qu’il déteste la chaleur.  » Si le Mondial avait lieu en octobre, je ne porterais sans doute pas le maillot arc-en-ciel. Même si je m’entraînais beaucoup en été, je ne serais jamais au sommet de ma forme en automne. Je raffole des terrains verglacés, voire enneigés, j’aime rouler sous une bise froide « .

Le coureur Fidea n’est pas dénué d’atouts à l’heure des cham-pionnats. Le placide coureur n’est jamais paralysé par le stress. Tout au plus ressent-il une certaine appréhension lors du premier cross de la saison.  » C’est un excellent baromètre pour la suite. Sinon, la pression a un impact positif sur moi. Elle me sublime alors que la plupart de mes concurrents en souffrent « .

Certains ont l’impression que le maillot arc-en-ciel est maudit. Erwin Vervecken y puise une motivation supplémentaire. Jamais il n’a déçu après un Mondial. Arborer ce maillot lui donne des ailes.  » Le champion en titre est davantage respecté. Les primes de départ sont supérieures, ce qui n’est pas négligeable et puis les gens sont marqués par de telles performances « .

Contrairement à Sven Nys, il n’est pas un coureur de classement. Le Mondial constitue donc un objectif majeur de sa saison.  » Je ne prête guère attention à ce qu’on écrit sur moi. Or, un Mondial est aussi une affaire de mental. On court pareille épreuve différemment. Après quelques tours, elle devient tactique. Je raffole de ça. Je ne suis pas un killer mais je conserve l’esprit clair en course. Je ne suis pas impulsif. Comme je suis un bon sprinter, je peux me permettre de rouler tactiquement « . Le Campinois a soin de ne pas épuiser son corps. Il semble conserver une certaine marge de progression. Intrinsèquement, il est peut-être le meilleur spécialiste belge du cyclocross. Si sa sérénité peut être un atout, on a le droit néanmoins de se demander s’il ne manque pas d’ambition, de jusqu’au-boutisme. Vervecken se contente trop facilement de ce qu’il atteint. Surtout, il apprécie un peu trop son confort personnel. Il lui est difficile de se faire mal, en-dehors des courses. Ainsi, comme la plupart des cyclistes, il souffre du dos. Il s’en ressent surtout en début de saison, quand il n’a pas encore trouvé sa meilleure forme. Des exercices quotidiens de renforcement le soulageraient et lui éviteraient des problèmes à l’avenir. Lorsqu’il évoque le sujet, il soupire :  » Je ne parviens pas à prendre sur moi et à faire ces exercices. Je suis conscient de leur importance mais je ne souffre pas assez pour m’y astreindre. D’ailleurs, je passe rarement sur la table de massage « .

En début de saison, le coureur s’est quelque peu détaché de sa profession : la naissance de Marie et Louis, des faux jumeaux, l’a accaparé. Vervecken, un homme ouvert qui confesse volontiers ses sentiments, a fréquemment fait part de ses soucis quant au déroulement de la grossesse de Liesbeth… et des futures nuits blanches qui sont le lot des jeunes parents. Néanmoins, il a une vision très traditionnelle de ses devoirs paternels :  » Un sportif a besoin de beaucoup d’heures de sommeil. Il en faut beaucoup pour m’éveiller, heureusement. J’ai la chance d’avoir en Liesbeth une compagne compréhensive. Elle sait que je ne puis me permettre de me lever plusieurs fois par nuit pour donner le biberon. Ceci dit, la paternité a un effet positif sur moi. Elle m’aide à relativiser mes résultats « .

Il y a quatre ans, Vervecken avait connu une saison épouvantable. Ses nerfs pourtant solides avaient été mis à rude épreuve. Il avait douté de lui et s’était fait happer par une spirale négative :  » Mes enfants m’aideront peut-être à gérer mieux encore la pression et les contre-performances, inévitables « .

ILKA DE BISSCHOP

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