Eperon d’or

Samedi, Courtrai reçoit Anderlecht et le milieu retrouve le club qui l’a formé mais où il n’a pas percé.

Des buts amovibles campaient dans le jardin mais les enfants Kums (une s£ur et deux frères) ont également joué au football dans leur living. La mère fermait les yeux, pour autant qu’aucun meuble ne soit abîmé.  » Elle tenait le raisonnement suivant : -Peut-être cela lui permettra-t-il de progresser « , rigole le benjamin de la famille, Sven Kums. Ma mère est aussi passionnée de football que mon père. Elle ne rate pas le moindre match et a une excellente compréhension du jeu… même si elle me dit parfois : -Sven, aujourd’hui, tu n’as pas montré assez d’engagement. Je ne pense donc pas qu’elle comprenne vraiment tout à la tactique !  » Il éclate de rire.

Son grand-père maternel a joué à Halen, son père a été défenseur central à Diegem et à Erembodegem et est maintenant entraîneur des jeunes à Anderlecht. Les trois gosses ont joué au football depuis leur tendre enfance.  » Nous sommes vraiment une famille de footeux « , commente Sven.  » Parfois, nous louons même une salle et tout le monde joue. Mon frère poursuit des études de kinésithérapie et joue en deuxième Provinciale, à Kapellen. Ma s£ur a joué à Anderlecht et a été internationale mais elle a accordé la préférence à ses études de psychologie il y a quelques années. « 

Tout pour le foot

Dilbeek Sport a été le premier club de Sven où son père entraînait les jeunes et son frère, de deux ans son aîné, était déjà affilié :  » J’ai commencé à l’âge de quatre ans. Il faut normalement avoir six ans accomplis mais on a consenti une exception. Je venais toujours voir les matches et les entraînements et j’avais envie de participer. On dit que je suis né avec un ballon. De plus, je possédais la technique et la vista requises et j’étais motivé. Deux ans plus tard, j’ai rejoint Anderlecht, concrétisant ainsi un rêve puisque j’étais supporter. De Dilbeek, nous effectuions le trajet en cinq minutes. Je suis devenu capitaine dès ma deuxième saison et je le suis resté jusqu’en Réserve. Pourtant, je ne suis pas un bavard. Je pense avoir été davantage un modèle qu’un véritable leader. Je m’engageais toujours sur le terrain et en-dehors, j’étais sobre. J’entraînais les autres dans mon sillage mais sans employer de mots. Je ne crie pas non plus. Nul n’est à l’abri d’un jour sans et l’essentiel est de s’entraider. Après un tournoi, par contre, je m’emparais du micro pour remercier les organisateurs. Quand c’était nécessaire, je demandais aussi à l’entraîneur pourquoi un joueur qui avait brossé cinq séances pouvait malgré tout jouer. « 

Ses parents sont professeurs dans le secondaire : la mère de Sven donne cours d’éducation physique et de biologie à Dilbeek, son père enseigne les mathématiques à Anderlecht. Sven a achevé avec succès ses études scientifiques à l’école de sport de haut niveau de Louvain mais n’a pas envisagé d’autres études :  » J’ai toujours voulu devenir professionnel. J’ai été interne à l’école de sport de haut niveau, ce que ma s£ur et mon frère n’ont pas fait. Je m’infligeais aussi des heures supplémentaires. Maintenant encore, je vais régulièrement travailler ma technique de frappe à Neerpede, avec mon père. Je sors rarement et jamais je n’ai été ivre. Je vis vraiment pour mon sport. Je me détends en compagnie de mon amie mais en-dehors de ces moments, je vis pour le seul football. « 

Mieux que Manchester United

Pär Zetterberg et Zinédine Zidane ont été ses idoles et il possède un maillot authentique des deux anciens joueurs. Dans sa chambre, il en a aussi un officiel d’Anderlecht, frappé de son nom, même si ce chapitre a été clos rapidement. Il n’a été sélectionné pour un match officiel de l’équipe fanion qu’à deux reprises. Anderlecht l’a placé à la disposition du Lierse au second tour de la saison 2006-2007 et est revenu au Parc Astrid l’espace d’un semestre, avant de rejoindre Courtrai, qui militait en D2 et avec lequel il a remporté le championnat pour se produire désormais parmi l’élite.

 » C’est difficile à Anderlecht. En devenant Espoir à 17 ans, je me suis retrouvé dans un noyau d’une trentaine d’hommes. Les plus âgés jouent en Réserve, les autres avec les – 19 ans. Je n’ai pu jouer en équipe B qu’à partir de la deuxième année. On m’a parfois aligné au c£ur de la défense. Les joueurs chevronnés comme Walter Baseggio et Marius Mitu, pouvaient toujours évoluer à leur place de prédilection. Les jeunes devaient s’effacer. Je ne me suis pas plaint car je jouais. J’aurais aussi bien pu me retrouver sur le banc. Après deux ans, pourtant, c’en était assez.

Au Lierse, j’ai immédiatement bénéficié de la confiance de Kjetil Rekdal, qui m’a titularisé. Comme le Lierse ne pouvait ou ne voulait s’acquitter de l’indemnité de transfert requise, je suis retourné au Sporting. Ce fut une période difficile mais je savais qu’en fin de saison, je serais libre de transfert. J’ai serré les dents six mois avant de rejoindre Courtrai.  »

Avec son ami dilbeekois Joeri Dequevy (SV Roulers), il est le seul à être devenu footballeur professionnel alors que leur génération sortait nettement du lot en Belgique et se distinguait également à l’étranger. En Pré-minimes, ils ont battu Manchester United dans la Danone Cup. Sven Kums avait même été élu meilleur joueur de ce tournoi international réputé.

 » Combien de joueurs du cru ont-ils éclos à Anderlecht, hormis des talents naturels comme Vincent Kompany et Anthony Vanden Borre ? Je pense que c’est pour cette raison que de plus en plus de joueurs vont voir ailleurs et que le niveau des catégories d’âge baisse. Au fil des années, on remarque que les jeunes étrangers progressent plus vite. Les infrastructures sont meilleures, on s’entraîne davantage et on se concentre davantage sur le football qu’en Belgique.  »

Gagner en puissance

Lui-même doit gagner en puissance :  » Anderlecht disait toujours qu’on ne peut développer sa puissance qu’une fois la croissance achevée. Cela ne semble pas exact. D’après un copain qui dirige une salle de fitness à Dilbeek et est vraiment un connaisseur, j’ai commencé le power training avec deux ou trois ans de retard. On fait de la musculation à Anderlecht mais les horaires étaient parfois difficiles à combiner avec ma scolarité et en plus, on ne surveillait pas ce que vous faisiez. Dans ces conditions, on arrête après une demi-heure. Notre équipe était d’ailleurs tellement forte techniquement que nous ne ressentions pas le besoin de nous muscler. Il faut sans doute travailler de manière individuelle mais cela requiert évidemment un nombre suffisant de préparateurs physiques. J’entraîne ma force deux à trois fois par semaine à Dilbeek. Je travaille tout mon corps, le buste, les bras, les jambes, l’explosivité, l’endurance. Après un an et demi, je sens la différence. Je protège mieux le ballon et je suis plus explosif. Je considère en tout cas avoir accompli un grand pas en avant. « 

Sven Kums, qui est de la même génération que Steven Defour, aura 21 ans le 26 février. Il va bientôt quitter le giron familial car il a acheté un appartement à Woluwé Saint-Pierre. A vingt ans, il en est déjà à son troisième manager ( Jos Eerdekens) mais relativise :  » On se sent simplement mieux avec l’un qu’avec l’autre… Mes parents m’accompagnent quand je négocie avec un club mais c’est moi qui prends la décision finale.  »

Hormis la couleur de son maillot, son look a subi un autre changement : il a enfin coupé ses cheveux.  » Je les ai toujours portés longs. Ma mère aimait bien cette coiffure et elle me répétait : -Ta force réside dans tes cheveux. En équipes d’âge, j’étais le capitaine aux longs cheveux. Je me suis dit que si je les coupais, nul ne me reconnaîtrait.  » ( Il éclate de rire).

par christian vandenabeele

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