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Entre rêve et réalité

Il y a un an, notre spécial championnat comptait 420 joueurs en D1A. Ils formaient le visage de la Jupiler Pro League, à l’aube d’une nouvelle saison. 218 d’entre eux sont entre-temps partis, soit 52 %. Sur le banc, il y a dix nouveaux entraîneurs. Le football est donc un éternel recommencement. Au moment où ce magazine était bouclé, les clubs avaient déjà effectué 100 transferts. Plus de la moitié sont de nouveaux étrangers. La D1A regroupe des footballeurs issus de 64 pays différents. Une constellation colorée, de plus en plus exotique. Tous rêvent du grand bonheur. La Belgique est de plus en plus un pays de transit, une voie d’accès à beaucoup mieux.

Le football a perdu sa base depuis longtemps. Le marché des transferts, avec ses montants de plus en plus élevés, ressemble au monopoly, surtout à l’étranger, où on a déjà franchi les limites depuis longtemps. C’est un développement douteux car finalement, le football est un sport populaire.

Les changements vont conférer un autre visage au championnat. Anderlecht entame la saison au rang de favori. Il peut largement s’appuyer sur ses automatismes mais le public ne jugera plus seulement René Weiler sur ses résultats : il voudra un football attractif. Le Club Bruges d’Ivan Leko a encore un long chemin à parcourir. Après un mois de préparation, il n’est pas encore reconnaissable. Il doit encore prouver qu’il a gagné en qualité. Gand a annoncé à cor et à cri son intention de lutter pour les prix. Les Buffalos peuvent quasiment aligner deux équipes. Ça va mettre le noyau sous pression.

Avec 20 étrangers sur un noyau de 29 joueurs, les Gantois ont emprunté une nouvelle voie. Le temps où le club se flattait de l’éclosion de ses jeunes est bien révolu. Mais n’est-ce pas le cas de la plupart des clubs ? Même en D1B, on dénombre 43 % d’étrangers sous contrat alors qu’avant, la D2 était un vivier de talents.

Genk veut se réimplanter parmi l’élite, avec une équipe jeune et fraîche. Si Alejandro Pozuelo reste, le Racing possède un entrejeu doué et très complémentaire, une équipe qui joue sans camisole de force. Le Standard a réalisé une bonne campagne de préparation sous la direction de Ricardo Sa Pinto, le seizième entraîneur en dix ans. Le Portugais veut rendre son identité aux Liégeois, par un football engagé. Ostende, lui, ne devra pas s’égarer sous la pression d’un président ambitieux, de même que l’Antwerp, au début de saison très ardu, doit conserver son calme, alors même qu’il a tendance à se laisser submerger par l’émotion dans les moments moindres.

On recommence partout : à Charleroi, à Waregem et à Courtrai, qui doivent reconstruire une équipe, à Malines, qui veut enfin participer aux PO1, à Lokeren, en quête d’un nouvel élan après une terne campagne, à Saint-Trond où Roland Duchâtelet parle des PO1, à Eupen, qui aligne beaucoup de jeunes, à Mouscron, qui compte quinze Belges dans son noyau, ou à Waasland-Beveren, qui espère que Philippe Clement va enfin le stabiliser. Mais entre les rêves et la réalité, il y a un monde de différence.

Une nouveauté, l’introduction de la vidéo. Reste à espérer que ça contribuera à calmer les bancs. L’excitation des entraîneurs, qui se muent en projectiles incontrôlables, devient préoccupante, d’autant que leur direction ne les corrige guère en interne alors qu’ils ne font qu’accroître l’irritation ambiante, dont on se passerait bien.

Attention : pour des raisons techniques, les noyaux des joueurs inclus dans le dossier ont été bouclés mardi dernier.

PAR JACQUES SYS

La D1A regroupe des footballeurs de 64 nations.

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