ENTRE EUPHORIE ET HONTE

Dimanche, quelqu’un a demandé à Yannick Ferrera comment il était possible que le Standard ait entamé son match à Malines aussi mollement et ait été aussi alerte, d’emblée, en Coupe. L’entraîneur liégeois s’est borné à répondre que c’était un de ses chantiers.

Peu avant, Michel Preud’homme avait déclaré que ses joueurs devaient lui expliquer pourquoi ils avaient pris un aussi mauvais départ. L’entraîneur, impuissant, a vu un Standard agressif ne laisser aucun répit au Club. Il n’a pas décelé la moindre passion dans le jeu brugeois. C’est connu, il est difficile, partout, de motiver semaine après semaine des joueurs grassement payés.

Cette mentalité a produit un championnat aux rebonds multiples avant que la finale de la Coupe ne connaisse un scénario inattendu. Le Club est maintenant contraint de remporter le titre, dans un climat de stress total.

La victoire du Standard ne souffre aucune discussion. Le groupe était déjà très motivé lors des entraînements précédant le match. Son succès ne fait que rendre plus douloureuse sa non-qualification pour les PO1. Son euphorie, justifiée, doit s’accompagner de honte, après le faux pas à Malines.

Ce n’est pas que le Standard ait virevolté dimanche au stade Roi Baudouin mais il n’a jamais donné au Club l’ombre d’une chance d’entrer dans le match. Cette finale était le dernier match important de la saison pour les Rouches. Le nouveau championnat ne débute que dans 19 semaines.

Ça laisse beaucoup de temps au Standard pour remettre de l’ordre et passer en revue la richesse de son effectif. C’est à ça que serviront les PO2, ce qui risque de rendre ce non-événement encore moins attrayant. Quel club a envie de lutter jusque fin mai pour décrocher, éventuellement, un billet européen et reprendre ensuite les entraînements très tôt ?

Johan Verbist a brillamment dirigé la finale. Même la carte rouge d’Abdoulay Diaby, qui n’était absolument pas dans le match, ne souffrait aucune discussion. En ces temps difficiles, les arbitres ont bien besoin de cette prestation. La fin du championnat régulier a été marquée par trop de péripéties arbitrales, qui pimenteront certainement les discussions pendant les PO1. Une fois de plus, on en a appelé à une professionnalisation de l’arbitrage.

La FIFA a autorisé l’expérimentation de l’arbitrage vidéo. L’introduction d’outils technologiques est incontournable, à terme. Jusqu’à présent, ces innovations avaient été sacrifiées sur l’autel du conservatisme et du refus de traditionnalistes comme Michel Platini, qui prédisaient la fin du football si on avait recours aux analyses vidéo.

Aux yeux du Français, depuis relégué sur la touche, les discussions sur l’arbitrage sont inhérentes au football. Les adversaires de la vidéo prétendent qu’elle sape l’autorité des arbitres sans toujours offrir une réponse nette sur des phases discutables.

C’est un mode de pensée étriqué. D’autres disciplines sportives sont là pour prouver que, par exemple, la technologie sur la ligne de but évite toute incertitude. Il est important, dans ces réformes, que l’arbitre chargé de la vidéo fasse partie de l’équipe arbitrale.

En hockey, la vidéo est devenue partie intégrante du jeu. Ce n’est évidemment pas un remède-miracle mais ce n’est pas un argument suffisant pour ne pas y avoir recours.

Les Diables Rouges reprennent le collier mardi prochain, contre le Portugal. Marc Wilmots prépare l’EURO sans se laisser perturber le moins du monde. Le sélectionneur était l’invité de Sport/Foot Magazine (voir pages 28-33) à Haren et a paré toutes les critiques sur son fonctionnement avec une parfaite assurance en ses moyens. Il affirme ne pas connaître la pression et il balaie de la main la remarque récurrente sur la tactique, qui n’est pas précisément son point fort.

Marc Wilmots ne connaît pas la signification du mot doute. Il ne donne pas l’impression de se regarder parfois dans la glace. C’est étrange pour quelqu’un dont on vante la sobriété. Même après un mauvais EURO, affirme-t-il, il poursuivra sa tâche. Entre-temps, son nom est associé à Bordeaux. Le football reste un milieu particulier.

PAR JACQUES SYS

Le Standard a 19 semaines pour préparer la nouvelle saison.

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