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Lukas Nmecha, un Citizen à Anderlecht pour enfin se lancer

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Allemagne ou Angleterre, Lukas Nmecha a fait son choix. Focus sur un joueur qui aspire à plus de stabilité.

Le coming-out remonte au début de l’année 2019. Lukas Nmecha ferraille pour devenir international allemand. Étonnant, car le gars a disputé une bonne trentaine de matches avec les sélections anglaises, depuis les U16 jusqu’aux U21. Avec un succès évident, d’ailleurs. 2017 : il joue le Championnat d’Europe U19, marque le seul but de la demi-finale contre la République tchèque, puis le but de la victoire en finale face au Portugal. 2018 : il remporte le fameux Tournoi de Toulon avec les Espoirs anglais.

Alors, pourquoi cette envie de passer dans le camp allemand en 2019 ? Sa réponse fuse : « Parce que je me suis toujours senti plus Allemand qu’Anglais. Dans la vie, il faut parfois savoir prendre des décisions fortes. » Il avoue que s’il a jusque-là joué avec les sélections anglaises, c’était pour accompagner ses potes et s’amuser avec eux. Mais il a envie de retourner à ses racines. Il est né à Hambourg, d’un père nigérian et d’une mère allemande. Ses parents sont partis s’installer à Manchester, pour trouver du boulot, quand il avait neuf ans. Très vite, il a été repéré par City, lors de tournois interscolaires. 2007-2017 : il passe dix ans chez les Skyblues.

« Le football de Vincent Kompany me convient beaucoup mieux que le jeu en D2 anglaise. »

Lukas Nmecha

En mars 2019, il y a un amical U21 entre l’Allemagne et l’Angleterre. Nmecha a donc demandé son transfert vers la Mannschaft. L’autorisation de la FIFA tombe… deux heures avant le coup d’envoi. C’est fait, il a changé de nationalité. Quelques mois plus tard, il participe à l’EURO espoirs en Italie et joue quelques minutes lors de la finale perdue.

Quatre prêts en deux ans

« Je voudrais vraiment jouer en Bundesliga. » Il lâche cette confession à la presse allemande quelques mois après sa naturalisation. Manchester City le prête à Wolfsburg. Il est plein d’enthousiasme et d’espoirs, son pays natal va enfin le découvrir. Au final, ce sera un gros flop. Quelques bouts de matches en championnat, un peu plus de temps de jeu en Europa League. Mais pas un seul but marqué. Sur papier, Lukas Nmecha est un attaquant de pointe… Ça se passe mal sur le terrain, ça ne se passe pas mieux dans la vie de tous les jours. Pour la première fois, il vit loin de sa famille et il le supporte difficilement. Il tourne en rond. « À part visiter l’usine Volkswagen, qu’est-ce qu’il y a à faire d’excitant à Wolfsburg ? » Sans surprise, son aventure allemande est écourtée. Arrivé en août 2019, il fait déjà ses paquets en janvier 2020. Direction Middlesbrough. Pour un nouveau prêt.

S’il y a jusqu’ici un fil rouge dans le parcours de ce joueur, c’est l’art d’être casé ailleurs en continuant à appartenir à City. Il y a d’abord eu Preston North End, en Championship. Ensuite Wolfsburg. Puis Middlesbrough, à nouveau en Championship. Et aujourd’hui Anderlecht. Un prêt d’une saison chez les Mauves, sans option d’achat. Si son contrat dans le nord de l’Angleterre prend fin en 2021, il conserve toujours son rêve, martelé depuis des années : « Un jour, je veux être le numéro 9 titulaire de City. »

72 matches officiels, trois buts

Mais bon, pour ça, Lukas Nmecha devra gonfler méchamment ses statistiques. Avec les jeunes de City, des U18 aux U23, il passait pour une machine à marquer des buts. Que ce soit dans les compétitions nationales ou en Youth League. C’est d’ailleurs en voyant son ratio que Pep Guardiola lui a offert trois morceaux de matches avec l’équipe A, en League Cup et même en Premier League. Et cette année-là, City est champion d’Angleterre 2017-2018 et lauréat de la Coupe de la Ligue. Une campagne de rêve pour un gars qui, six ans plus tôt, était ramasseur de balles le jour où les Citizens avaient déjà été sacrés champions.

Lukas Nmecha avec Guardiola.
Lukas Nmecha avec Guardiola.

Mais ça, c’était avant. Son efficacité, c’était dans une autre vie. Parce que depuis qu’il est passé pro, il ne trouve plus le chemin du but. Son total en matches officiels avec City, Preston North End, Wolfsburg et Middlesbrough ? Trois buts en 72 matches. Une misère. Il a beau argumenter que le coach de Preston le faisait jouer sur un flanc, que l’entraîneur de Wolfsburg préférait aligner les joueurs qu’il avait lui-même choisis, que le patron sportif de Middlesbrough pratiquait un kick-and-rush qui n’était pas fait pour lui, il arrive un moment où les excuses ne suffisent plus. Mais il comprend le scepticisme et les questions sur son rendement XXS qui lui ont été posées au moment où il est arrivé à Anderlecht. Et il a rassuré :  » Le football de Vincent Kompany est différent, basé sur la domination, comme je l’ai connu à City. Ça, c’est plus fait pour moi.  » Il a atterri dans un environnement complètement différent de la D2 anglaise, ce championnat où ça cogne plus que ça ne joue.

Le Nigeria, un plan C dont il ne parle pas

Vincent Kompany a insisté pour réaliser son prêt. Ils se connaissent parfaitement, ils s’affrontaient à l’entraînement et Nmecha a d’ailleurs pris plusieurs pains de son coéquipier. Mais aussi plein de conseils utiles. Il sait qu’il joue gros à Anderlecht. S’il ne réussit pas sa saison, pas sûr que City le conservera l’été prochain. Mais ça a plutôt bien commencé. Dans les deux premiers matches où il était titulaire, il a marqué. Sur deux penalties. Et il a clairement la confiance du coach. L’homme a des rêves plein la tête. Une carrière avec City. Un gros parcours international, où il peut toujours choisir entre l’Angleterre et l’Allemagne puisqu’il n’a encore joué que des matches espoirs. Et puis, si ça ne marche pas, il lui restera toujours un plan C : il peut également porter le maillot du Nigeria. Mais ça, il n’en a jamais parlé. Parce qu’il vise plus haut.

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