« Entraîner des stars ou des anonymes, c’est pareil »

Vous avez engrangé une grosse expérience dans le travail avec des vedettes lorsque vous dirigiez le Real Madrid. Aujourd’hui, vous êtes également chargé de guider des vedettes en Selección. Comment vous comportez-vous face à ces joueurs ?

Vicente Del Bosque : C’est difficile de résumer la réponse en peu de mots. D’abord, je voudrais préciser que si j’ai dirigé de grandes équipes, ce fut durant une période très limitée. Pendant de longues années, j’ai été un formateur de jeunes. Je ne suis resté que quatre ans à la tête de l’équipe Première du Real et je ne m’occupe de l’équipe nationale espagnole que depuis juillet 2008. Je crois que la principale attitude à avoir, c’est de rester soi-même. Fondamentalement, il n’y a pas de grande différence entre des joueurs d’un grand club et ceux d’un petit club. Dans un vestiaire, tous les groupes – ou presque – se ressemblent. Certes, certains groupes peuvent compter plus de fortes personnalités en leurs rangs, mais à leur niveau respectif, les aspirations sont plus ou moins les mêmes : jouer, gagner, s’amuser. J’ai eu la chance d’avoir toujours pu travailler avec de bonnes personnes, consciencieuses sur le plan sportif et professionnel. Leur comportement m’a grandement aidé dans l’accomplissement de ma propre tâche. Je considère quatre aspects comme très importants :

1 : il est crucial qu’il y ait une bonne relation entre l’entraîneur et les joueurs.

2 : le contenu des entraînements est capital.

3 : il faut que les joueurs croient en ce qu’ils font, et pas qu’ils accomplissent certains gestes simplement parce que l’entraîneur le leur a demandé.

4 : la motivation des joueurs des grands clubs doit être permanente.

Une saison, c’est aujourd’hui un marathon, et les matches disputés par le Real Madrid, Manchester United, Arsenal ou que sais-je encore sont aussi importants les uns que les autres. Les joueurs doivent afficher une motivation maximale à tout instant, qu’ils affrontent la Juventus ou des clubs plus modestes comme Malaga ou Wigan.

Ce qui vaut pour un club vaut également pour l’équipe nationale ?

Tout à fait. En 17 mois, depuis que je suis à la tête de la Selección, on a enchaîné des matches de différents niveaux. Des matches amicaux contre de grandes équipes comme l’Angleterre, des matches officiels contre des pays plus modestes comme l’Estonie et l’Arménie. J’attends de mes joueurs qu’ils soient aussi motivés en toutes circonstances.

Comment parvenez-vous à les motiver en permanence ?

On peut évidemment trouver des trucs, je ne parle pas spécialement du bâton et de la carotte. Mais je crois aussi que les joueurs actuels sont préparés à être sur la brèche 12 mois par an, ou quasiment. Davantage préparés qu’à mon époque, en tout cas. J’ai l’impression qu’autrefois, les joueurs étaient plus sélectifs.

De quels trucs parlez-vous ?

Autrefois, on trouvait souvent des sources de motivation dans l’aspect financier : on attribuait une grosse prime en cas de succès, par exemple. Actuellement, cela ne marche plus. Car – et c’est heureux pour eux – les joueurs n’ont plus besoin d’avoir des primes supplémentaires. Leurs salaires royaux leur permettent déjà d’assurer un superbe train de vie. Il faut donc trouver autre chose, mais dans beaucoup de cas, la motivation vient naturellement chez les joueurs : il y a la fierté d’intégrer l’équipe nationale, de remporter une grande compétition, d’entrer dans l’histoire… Il y aura toujours une place pour le romantisme dans le football.

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