Enquête parallèle

La police enquête sur une tentative de falsification de match concernant le Lierse : c’est l’affaire Blanckaert qui éclate. Dans le même temps, Herman Helleputte et Aimé Anthuenis sont entendus par la police.

Le 8 mars, sur le parking du Lierse, un certain Staf Blanckaert aborde Herman Helleputte. Celui-ci est directeur sportif du club depuis quelques semaines mais il a cédé son poste d’entraîneur à Aimé Anthuenis. Ce changement de coach n’a pas eu l’effet escompté. Anthuenis a entamé son mandat par deux matches nuls et le Lierse n’est que quatrième. Pour son bienfaiteur égyptien, Maged Samy, qui a déjà raté la montée la saison dernière, un nouveau scénario catastrophe s’annonce. Le club est nerveux, son entraîneur aussi.

Helleputte affirme que Blanckaert a tenté de lui refiler Norman Sylla, l’ex-avant de Dender. Or, le directeur sportif s’étonne car il sort précisément d’une réunion avec trois représentants de Star Factory, le bureau de management qui représente Sylla depuis que Patrick De Koster, son agent, a intégré le bureau. Toujours selon Helleputte, Blanckaert change rapidement de sujet et insinue qu’il peut falsifier des matches et ainsi aider le Lierse à remporter le titre tant convoité. Helleputte prévient Maged Samy, qui décide d’avertir l’UB et la police. De commun accord avec cette dernière, il tend un piège à Blanckaert, qui est arrêté deux jours plus tard, le vendredi 26 mars, deux jours après le déplacement du Lierse à Tournai.

 » Nous ne nierons pas l’implication de Monsieur Blanckaert mais il n’est pas correct de tout lui mettre sur le dos « , déclare son avocat, Anthony Mallego, à la presse.  » Je tiens à souligner que ce n’est pas mon client qui a pris l’initiative d’un contact avec le Lierse. « 

 » Cela ne doit pas se retrouver dans les journaux « 

Si ce n’était pas Blanckaert, qui donc ? Plusieurs sources citent Anthuenis. Elles se basent sur les déclarations faites par Blanckaert au juge d’instruction de Malines, après son arrestation, des propos qu’il continue à distiller depuis sa libération sous conditions. Le fait est que, trois jours après son arrestation, quand la police organise une confrontation entre Blanckaert et Helleputte, Anthuenis est également présent.

Monsieur Anthuenis, à propos de l’affaire Blanckaert, vous êtes…

Aimé Anthuenis : Ecoutez. Une enquête est en cours et je ne dirai rien à ce propos. Que souhaitez-vous savoir ?

D’après Blanckaert, l’initiative viendrait de vous et sa déclaration aurait incité la police à vous convoquer.

Je n’ai rien à dire. Ce genre de chose ne doit pas se retrouver dans les journaux. Laissons la police faire son travail.

Blanckaert aurait déclaré…

Non ! Vous êtes mal informé. Vous affirmez que j’ai été convoqué ? C’est vous qui le dites. Ce que vous prétendez n’est pas exact. Je n’ai rien à voir dans cette affaire et rien d’autre à ajouter. C’est quand même clair ?

Quelle sorte de contact avez-vous eu avec Blanckaert ?

Mais qui dit ça, qui ? Je n’ai pas eu le moindre contact avec Blanckaert. Jamais. Peut-être il y a cinq ans, pour un joueur, mais pas ces temps-ci. Vous devriez mieux vérifier vos sources. Soyons francs : ce n’est quand même pas un sujet pour un magazine comme le vôtre ? Vous vous occupez de football, non ? Cette affaire ne me concerne pas, je le répète.

Resterez-vous au Lierse ?

Rien n’est couché sur papier. Maged a les coudées franches. Le Lierse a déjà annoncé qu’il aimerait discuter avec moi, sans plus. Un quotidien a écrit que Maged aurait fait une proposition à Georges Leekens mais tant Maged que Herman Helleputte l’ont démenti. Je ne me tracasse pas. Maged discutera avec moi après le titre.

Pensez-vous qu’il puisse encore douter suite à l’affaire Blanckaert ?

Mais cela n’a rien à voir ! Nous n’en avons jamais parlé. Je ne sais rien à ce propos.

Aucun doute

Une heure plus tard, Anthuenis rappelle. Il est en train de préparer le duel pour le titre contre Waasland, ce qui explique sa nervosité, un état qui resurgit rapidement.  » Blanckaert n’est pas mon camarade ni un ami, il ne l’a jamais été ! Je n’ai eu qu’un contact avec lui, il y a trois ou quatre ans, à propos d’un joueur de Renaix qu’il hébergeait. Je n’en dirai pas plus. Si j’ai pris des points avec le Lierse, ce n’est pas grâce à des idioties de ce genre. Les propos de Blanckaert ne m’intéressent pas. Je n’ai rien à me reprocher. Je suis dans le football depuis plus de 30 ans et je ne veux pas démolir ce beau sport. « 

Il est étonnant qu’Anthuenis ne connaisse pas mieux Blanckaert, un homme de son âge et de sa région. Début mars, il s’est présenté à l’hôtel des Diables Rouges, avant le match contre la Croatie, aux côtés de Pietro Allatta. On l’y a reconnu. Herman Helleputte prétend également ne pas connaître beaucoup de Flandriens dont le nom apparaît régulièrement, depuis des dizaines d’années, dans des affaires de corruption. Ses réponses ne correspondent pas tout à fait à celles de son entraîneur.

Monsieur Helleputte, comment se fait-il qu’Aimé Anthuenis ait assisté à votre confrontation avec Blanckaert ?

Herman Helleputte : Euh… C’est parce qu’ils se sont rencontrés avant à Renaix… pour Sylla… Aimé n’était pas à Renaix ? Ah non, Sylla venait de Renaix. Blanckaert l’avait proposé à Aimé il y a quelques années et il voulait à nouveau lui offrir ses services. C’est tout.

Blanckaert aurait affirmé que l’initiative d’une falsification de match serait venue d’Anthuenis.

Absolument pas. Blanckaert ne l’a pas dit pendant la confrontation, j’en suis certain.

C’est exact. Il a ensuite modifié ses déclarations à plusieurs reprises.

Non, ce n’est pas vrai.

C’est étrange car Sylla n’est pas représenté par Blanckaert.

Si, il était toujours en sa compagnie. Depuis, il a rejoint Nico Vaesen et Axel Smeets, mais c’est Blanckaert qui lui a trouvé ses premiers clubs. Nous cherchions un avant car Radzinski et Elgabas étaient blessés et Sylla était libre. (Le Lierse ne l’a finalement pas embauché, ndlr).

Blanckaert a évoqué Sylla comme motif de rencontre dans une de ses dernières déclarations mais la première était bien différente.

Les criminels racontent toujours une version différente quand ils ne sont pas encore inculpés officiellement. Pendant notre confrontation, il a dit que l’initiative n’était pas venue d’Aimé et certainement pas du Lierse. Aimé et Blanckaert n’ont eu de contact qu’à propos de Sylla. Il est possible qu’Aimé ait pris contact, sachant que Blanckaert avait proposé Sylla à Renaix.

Dans cette affaire, le Lierse s’est érigé en défenseur d’un football propre. Anthuenis restera-t-il ?

Certainement. Nous n’avons aucune raison de douter de lui.

Vous auriez déjà discuté avec Georges Leekens.

C’est faux. Simplement, quelques managers nous ont dit que Leekens ferait un bon entraîneur pour le Lierse. Maged a répondu que, de fait, il n’avait entendu que des éloges à propos de Leekens et que celui-ci entrerait certainement en ligne de compte si nous cherchions un entraîneur. Sur ces entrefaites, les managers nous ont demandé si nous pouvions le lui dire personnellement. J’ai téléphoné à Leekens et Maged lui a tout répété, sans plus.

Plus de gsm

Blanckaert, accusé d’escroquerie, est injoignable, son gsm ayant été confisqué par la police. Il est suspendu à vie par l’UB. Quand nous demandons au parquet si Blanckaert a affirmé qu’Anthuenis avait pris l’initiative, nous n’obtenons qu’une réponse standard :  » Nous ne pouvons rien confirmer, par respect pour le secret de l’instruction.  » Par contre, le parquet dément formellement l’implication d’Allatta. Enfin, l’avocat de Blanckaert persiste et signe :  » Mon client n’a pas pris l’initiative. « 

par jan hauspie

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