« Engage-toi »

Le jeune Liégeois s’est davantage affirmé en une semaine que pendant toute la saison dernière.

En fin de saison dernière, on se demandait de quelle utilité Christrophe Grégoire pourrait encore être à Mouscron au cours des deux années de contrat qu’il lui restait. Au début de la préparation à la saison actuelle, l’horizon du jeune Liégeois ne semblait pas s’être particulièrement dégagé. Puis, subitement, tout a basculé. « Lors du match de gala contre le Rayo Vallecano, je n’avais même pas fait partie des seize », se souvient-il. « L’équipe avait livré une prestation insipide ce jour-là. Pour le match amical suivant, à Maasmechelen, Hugo Broos a décidé d’apporter quelques changements. Je fus l’un des joueurs introduits dans l’effectif et, par chance, l’équipe a beaucoup mieux tourné ».

Petites causes, grands effets. Lorsque ce match amical à Maasland, conclu dans le cadre du transfert de David Crv, avait été programmé, il semblait tomber comme un cheveu dans la soupe, entre le match de gala au Canonnier et le début du championnat à Alost. Il aura finalement eu une grande incidence sur la composition de l’équipe. C’est là, notamment, que David Crv a obtenu le maillot n°10 en lieu et place de Dejan Mitrovic. C’est là aussi que Christophe Grégoire a démontré qu’il pouvait être d’un certain apport pour l’Excelsior. A Alost, le destin allait lui être favorable une deuxième fois. Après une première mi-temps catastrophique, Hugo Broos décida d’opérer trois changements à la pause. La montée au jeu de l’ancien espoir du FC Liège apporta plus de dynamisme au jeu des Hurlus. Cela valut à Christophe Grégoire une première titularisation en D1 contre La Gantoise, aux dépens d’un « intouchable » comme Tonci Martic svp.

« Cette première titularisation m’a fait d’autant plus plaisir que je l’attendais depuis un an. Mais elle ne constitue pas un aboutissement à mes yeux. Je suis conscient d’avoir encore beaucoup de progrès à accomplir pour devenir un titulaire régulier. Pour l’instant, j’ai simplement eu la chance de jouer un bon match au bon moment et de bénéficier de la confiance de l’entraîneur. La saison dernière, outre le fait que je manquais d’expérience en D1, je n’avais pas toujours été verni par le destin. Je me souviens d’un match contre La Gantoise où j’avais été blessé alors que Tonci Martic allait être suspendu pendant deux semaines. Une opportunité m’était filée sous les doigts. Mercredi dernier, j’ai dû quitter l’entraînement anticipativement après avoir reçu un coup sur le genou. J’espère que ce ne sera pas trop grave et que cela ne constituera pas un nouveau coup d’arrêt ».

« Je manque d’agressivité »

Ballon au pied, Christophe Grégoire est un joueur élégant. Son problème se situe ailleurs: dans un manque d’agressivité et un placement déficient. « Cela ne date pas d’aujourd’hui », reconnaît-il. « On m’avait déjà reproché ces deux défauts bien avant mon arrivée à Mouscron. C’est dans le but de les corriger qu’Hugo Broos a insisté auprès de Geert Broeckaert pour qu’il m’aligne à l’arrière gauche en équipe Réserve. Pour un joueur comme moi, qui n’avait jamais appris à mettre le pied, c’était un fameux changement. Je n’ai pas toujours livré des prestations étincelantes avec l’équipe Réserve, loin de là. J’étais déboussolé. A certains moments, je me demandais ce qui m’arrivait. J’avais l’impression de ne plus savoir jouer au football. Je me suis posé des questions. Je me disais que, si j’étais déjà aussi mauvais en Réserve, j’avais vraiment peu de chances d’être retenu pour la Première. Aujourd’hui, je me rends compte que les supplices que l’on m’a fait subir étaient pour mon bien. A force de toujours taper sur le même clou, le message a fini par entrer. Il a fallu un an. Mon engagement et mon placement ne sont certainement pas encore parfaits, mais il y a déjà un gros mieux par rapport à la saison dernière ».

Christophe Grégoire est conscient de ses lacunes, c’est déjà un point positif. « Comment pourrais-je les ignorer? A Liège, déjà, Raphaël Quaranta et Bernard Wégria n’avaient cessé de m’adresser les mêmes reproches. J’avais toujours pensé que le fait de bien savoir jouer au football suffisait à réussir une belle carrière. J’ai désormais compris qu’il n’en était rien. Il était temps ».

A quoi attribuer ce manque d’agressivité? A une trop grande facilité en équipes de jeunes? « Je ne le pense pas. C’est dans ma nature, tout simplement. Je n’aime pas faire de mal à quelqu’un. Déjà en équipes de jeunes, j’hésitais à mettre le pied. Je suis obligé de me forcer, sinon je ne réussirai jamais. Reste maintenant à inscrire un premier but pour Mouscron. Celui-là aussi, je l’attends depuis un an ».

La saison dernière, avec Liège, Christophe Grégoire avait marqué sept buts. « Je jouais demi gauche, comme à Mouscron, mais on me demandait de rester sur mon flanc. Pratiquement comme un ailier. A l’Excel, je dois davantage rentrer dans le jeu. Cela explique aussi les difficultés que j’ai rencontrées lors de ma première saison ».

« Je n’étais qu’un troisième choix »

Son transfert à Mouscron fut une petite surprise. « Tout s’est passé très tard. L’Excelsior avait d’abord porté son dévolu sur Peter Van Der Heyden, puis sur Vincent Lachambre. Aucun de ces deux joueurs n’est venu et l’on s’est finalement rabattu sur moi. Je ne me suis jamais offusqué de n’être qu’un troisième choix. J’étais déjà tout heureux d’avoir été contacté par l’un des meilleurs clubs belges. C’était aussi mon premier contrat professionnel. Je n’ai pas hésité longtemps et je n’ai pas regretté mon choix une seule seconde. Hugo Broos m’avait bien spécifié que je n’arrivais pas comme titulaire. Je savais à quoi m’attendre. J’aurais peut-être pu jouer un peu plus: je n’ai disputé que sept portions de matches. En début de saison, lorsque Tonci Martic était indisponible, je n’étais pas encore prêt. J’avais encore trop de lacunes à combler et l’entraîneur n’a pas osé me lancer. Plus tard dans la saison, je me suis blessé. Ce n’était pas uniquement de ma faute, si cela n’a pas tourné: les impondérables se sont ligués contre moi également. Les quelques fois où j’étais entré, l’entraîneur avait déclaré qu’il était satisfait de ma prestation. J’ai peut-être bénéficié du crédit que l’on accorde habituellement à un jeune. Aujourd’hui, je suis toujours jeune: je n’ai que 21 ans. Avec une saison d’expérience en plus, on va peut-être devenir plus exigeant avec moi. C’est normal, c’est la seule manière de progresser ».

Déjà peu à son affaire la saison dernière, Christophe Grégoire aurait pu se sentir isolé à l’entame de cette saison-ci. Ses copains qu’il fréquentait le plus régulièrement s’en étaient allés sous d’autres cieux. « C’est vrai que je m’entendais bien avec Axel Lawarée et Giovanni Seynhaeve. Cela m’a fait drôle de ne plus les voir à la reprise des entraînements. C’est le football qui veut cela: on ne reste pas toute la vie entre copains, dans ce milieu. Mais je n’ai de problèmes avec personne. Je ne pense pas avoir un caractère difficile. Après la défaite initiale à Alost, il est sûr que l’ambiance n’était pas au beau fixe dans le groupe. Elle redeviendra plus sereine avec les résultats ».

L’avenir? « J’espère jouer le plus de matches possibles. Et de bons matches, de préférence. Pour remercier l’entraîneur de la confiance qu’il m’a témoignée. Mais je ne dois surtout pas me mettre à planer. La roue peut tourner très vite… dans tous les sens. Il suffira peut-être d’un mauvais match pour être relégué en Réserve. Je sais aussi que Tonci Martic reviendra. C’est un grand professionnel qui travaille très bien à l’entraînement pour retrouver son meilleur niveau ».

Mais, contrairement à la saison dernière, Hugo Broos sait qu’en cas de défaillance du Croate, il a désormais une solution de rechange. Cela aussi, c’est déjà un grand progrès pour Christophe Grégoire.

Daniel Devos

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