Enfin prêt

Bruno Govers

Délivré de ses tourments au genou, le médian des Mauves est à nouveau opérationnel.

On ne compte décidément plus, ces derniers mois, le nombre de Sportingmen en délicatesse avec leur genou. La semaine passée, alors que Christian Wilhelmsson se remettait toujours d’une distorsion d’un ligament à cette articulation, un mal qui avait également éloigné des terrains au préalable Martin Kolar, cette saison, c’était au tour de Ki-Hyeon de subir une ablation méniscale. Avant lui, deux autres joueurs avaient déjà été confiés aux mains expertes des chirurgiens : Nenad Jestrovic, relevé avec une déchirure des ligaments croisés lors du match Anderlecht-Wisla Cracovie et Yves Vanderhaeghe, soumis à un nettoyage du cartilage en période de préparation.

Plus loin dans le temps encore, cette année, Goran Lovre et Junior passèrent eux aussi sur le billard afin d’être délivrés de leurs tourments. Pour le jeune Serbe, la revalidation est, pour l’heure, toujours en cours. En ce qui concerne le jeune médian belgo-congolais, par contre, le feu vert est de rigueur.

 » Blessé fin mars et opéré six semaines plus tard, je suis aujourd’hui médicalement guéri « , observe-t-il.  » C’est un gros soulagement car, au départ, les prévisions étaient plus alarmistes. A l’époque, les quotidiens avaient évoqué une indisponibilité de trois quarts d’année. Il est vrai que je n’avais pas fait dans le détail avec ma triade du skieur : rupture des ligaments croisés et internes, assortie d’une déchirure au ménisque. Je ne m’étais pourtant pas mal reçu en dévalant une pente enneigée. Au contraire, mes déboires résultaient d’un contact franchement anodin avec mon compagnon d’âge Joeri Vastmans, passé au Patro Maasmechelen à présent. A la faveur d’un tacle, mon pied gauche était resté accroché dans l’herbe et j’avais d’emblée ressenti un craquement. Sur l’instant, je pensais à une déchirure méniscale, pareille à celle que j’avais eue plus tôt, à l’autre genou, et qui avait entraîné une indisponibilité de quelques semaines à peine. A ce moment-là, je n’avais rien à perdre, dans la mesure où je ne constituais pas une priorité. Mais la deuxième fois, c’était foncièrement différent « .

Plus chanceux que Bart Willemsen

En réalité, ledit accroc n’aurait pu survenir à un plus mauvais moment. Après avoir fait montre de réelles aptitudes lors de l’un ou l’autre dépannages en Première, comme au Club Brugeois où il avait effectué une prestation enthousiasmante au back droit en 2001-2002, Junior attendait, comme chaque élément prometteur qui se respecte, le moment de pouvoir s’inscrire enfin dans la durée au Parc Astrid. Et, au sortir de l’hiver 2003, un coup de pouce du destin l’y aida sous la forme d’une blessure au genou d’Yves Vanderhaeghe en cours de rencontre à Charleroi. Junior, qui avait pris la relève au Mambourg après 70 minutes de jeu, allait être maintenu en équipe fanion l’espace de trois matches complets : contre le Racing Genk, l’AEC Mons et le Club Brugeois, où il contribua au large succès des siens (5-1) en marquant un but de toute beauté. Il avait à ce point séduit tout le monde que le coach fédéral, Aimé Anthuenis, songea à faire appel à lui pour prendre le relais d’Yves Vanderhaeghe dans l’optique de l’importantissime déplacement en Croatie de mars 2003. Malheureusement, la fatalité s’en mêla sous la forme d’un coup d’arrêt en pleine période d’euphorie.

 » C’était râlant car les plus beaux espoirs m’étaient sans doute permis à ce moment-là « , commente Junior.  » Mais je ne me suis jamais lamenté sur mon sort. Je n’ai jamais eu le sentiment, non plus, que le ciel m’était subitement tombé sur la tête. En réalité, je mesurais fort bien que ce pépin regrettable n’était que temporaire. Après quelques mois, cette période ne serait plus qu’un mauvais souvenir. Pourquoi, dès lors, ruminer des idées noires ? D’autres avaient des raisons de vitupérer le mauvais sort. Comme mon ancien partenaire chez les Espoirs, Bart Willemsen, par exemple, stoppé aux prémices de sa carrière en raison de problèmes d’arthrose aux hanches. A sa place, j’aurais crié à l’injustice aussi. Mais dans mon cas, je ne vois franchement pas pourquoi j’aurais maugréé. Certains m’ont demandé si je ne redoutais pas de suivre le même exemple que Charly Musonda, à qui beaucoup me comparent footballistiquement, et dont la trajectoire s’est terminée de manière abrupte suite à des problèmes au genou. Mais comparaison n’est pas raison. Je sais que je suis û médicalement parlant û en de bonnes mains « .

L’estime d’Yves Vanderhaeghe

Après une longue revalidation, Junior a retâté pour la première fois du football, en compétition officielle, à l’occasion du match des Réserves contre Lokeren le 12 septembre. Pour les besoins de cette joute, il fut aligné au back droit tandis qu’Yves Vanderhaeghe, un autre revenant, était titularisé au demi défensif. Depuis, le Belgo-Congolais a alterné les apparitions dans l’arrière-garde et dans l’entrejeu anderlechtois des Réserves, au gré des rencontres et des circonstances. Après quatre apparitions à ce niveau, l’entraîneur de la sélection Espoirs, Jean-François de Sart estima qu’il était bon pour le service dans le cadre de Belgique-Estonie. Une partie au cours de laquelle Junior entra au jeu à 20 minutes du terme en remplacement de Jonathan Blondel dans l’entrejeu, contribuant au succès final (4-2) de nos couleurs. Pour lui, ce retour était également synonyme d’adieux puisqu’il a désormais dépassé l’âge pour entrer en ligne de compte chez les Espoirs.

 » Je ne m’attendais pas du tout à être repris dans le noyau des Diablotins pour ce match de clôture « , souligne-t-il.  » C’était une magnifique récompense, même si j’avais travaillé dur, au cours des semaines précédentes, afin de mettre le maximum d’atouts de mon côté. J’avoue que je dois une fière chandelle à Yves Vanderhaeghe à ce propos. Nous avons beau être concurrents pour la même place de pare-chocs devant la défense, au Sporting, il n’y en a pas moins une énorme estime mutuelle entre nous. Je n’oublierai jamais que quand j’ai dû le remplacer, la saison passée, celui-ci s’était érigé d’emblée en mon plus chaud partisan. A vrai dire, je le lui rends bien. Car, à près de 34 ans, il se démène toujours comme un junior (il rit). Pour moi, c’est un guide précieux et je pense très sincèrement que Vincent Kompany est logé à la même enseigne avec Glen De Boeck. Le succès d’Anderlecht, c’est, à mes yeux, un bon mix entre des jeunes aux dents longues et des anciens qui vendent chèrement leur peau. Voilà trois ans que je suis dans le groupe pro et, jamais, l’ambiance n’a été aussi bonne qu’aujourd’hui. Il y a vraiment une volonté mutuelle de s’entraider. Et tous les regards convergent dans la même direction « .

Assuré d’une place de titulaire au demi défensif le printemps passé, Junior doit non seulement composer avec Yves Vanderhaeghe, définitivement libéré de ses problèmes de cartilage, mais aussi de Besnik Hasi, auteur de matches de bonne facture depuis le début de la saison. De quoi augurer d’âpres luttes, dans le giron mauve, pour mériter le titre d’incontournable. A moins que Junior ne trouve chaussure à son pied ailleurs. Comme à l’arrière latéral où, en l’absence d’ Olivier Doll, les solutions de rechange valables ne sont pas légion. Marc Hendrikx et Michal Zewlakow s’y sont bien essayés, sans que leurs prestations ne soient frappées du même sceau du succès que celle du Belgo-Congolais lors de son maiden-match à ce poste à Bruges. Une idée à creuser ? Le principal intéressé n’y est pas réfractaire même s’il préfère un poste dans l’entrejeu.

 » Personnellement, je suis prêt à évoluer à n’importe quelle position « , souligne Junior.  » Même si, je ne le cache pas, le rôle de demi défensif me convient probablement le mieux. De toute façon, je ne revendique rien. Quand on voit que même Pär Zetterberg n’est pas assuré de sa place, qui suis-je pour prétendre à plus ? Je veux faire le maximum pour m’imposer en équipe fanion. Mais je ne vais pas crier à l’injustice ou ruer dans les brancards si je n’obtiens pas satisfaction dans l’immédiat. Je suis ambitieux mais pas au détriment du bien commun. Les succès de l’équipe sont les miens aussi, que j’y sois mêlé au premier ou au deuxième degré. A 21 ans, c’est un bonheur qui est réservé à très peu de garçons de mon âge. Et j’en suis parfaitement conscient « .

 » Quand même Zetterberg n’est pas assuré de sa place, qui suis-je pour prétendre à plus ? »

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