Enfin les applaudissements

Sous son apparence de grand gaillard costaud et imperturbable, se cache une grande sensibilité. Après le match contre Gand, BertinTomou avait été désigné comme le bouc-émissaire pour expliquer une lourde défaite. A 1-2, il avait loupé une occasion énorme de rétablir l’égalité : il l’avait jouée un peu perso, et avait envoyé le ballon en dehors du cadre, alors qu’ AdnanCustovic était idéalement placé sur sa droite. Sur la contre-attaque, MarcinZewlakow faisait 1-3 : le match était plié.

Pour Tomou, les vieux démons ressurgissaient. Les coups de sifflets émanant des tribunes, il connaît. Il en a entendu beaucoup la saison dernière. Et, même s’il a donné l’impression de ne pas y prêter attention, ceux-ci l’ont blessé. A Saint-Trond et contre Mons, il a enfin perçu des applaudissements. Un juste retour des choses. Il faut souligner que, après la débâcle contre Gand, MarcBrys a adopté un système en 4-3-3 qui convient particulièrement au Camerounais dont les qualités ont enfin pu s’exprimer. Les supporters ne s’y sont pas trompés.  » Contre Mons, JérémySapina a été remplacé par… le public « , sourit Bertin.  » Le kop a joué à fond son rôle de 12e homme. Ou de 11e, dans ce cas, puisqu’on n’était plus qu’à dix sur la pelouse « .

Ces encouragements lui ont été droit au c£ur. Car le destin ne l’a pas toujours épargné. Cet été, il a perdu une s£ur, décédée en Afrique d’une grave maladie. En Chine, où il a évolué, il a été victime d’insultes racistes très virulentes, mais il a tenu le coup pendant sept ans.  » C’est le destin qui m’a conduit en Asie « , explique-t-il.  » D’abord en Corée, puis en Chine. Je voulais quitter l’Afrique et ce sont ces opportunités-là qui se sont présentées à moi. Avec le recul, je peux considérer que ces sept années en Chine furent sept années perdues. Si j’avais débarqué en Belgique plus tôt, j’aurais pu atteindre d’autres objectifs. Je peux presque dire que ma carrière commence à 29 ans. Heureusement, il me reste encore quelques belles années devant moi « .

Tomou a presque dû forcer la main de son agent pour signer à Mouscron, durant l’été 2006. Après son long périple asiatique, il était revenu en France et avait joué à Brest durant les six premiers mois de 2006. Mais l’avenir apparaissait incertain.  » J’étais en vacances depuis deux mois et j’attendais impatiemment que mon agent me fasse part d’une offre concrète « , se souvient-il.  » La fin de la période des transferts approchait. J’ai moi-même eu vent de l’intérêt de Mouscron. Mon agent me conseillait… d’attendre. Je ne comprenais pas. Un club belge me proposait un contrat de trois ans, pourquoi aurais-je encore dû attendre ? »

La signature n’a pas tardé. Mais il n’a pas été d’emblée apprécié. A Mouscron, il vit seul alors que sa femme et ses trois enfants (de sept, six et deux ans) résident à Paris. Il a donc tout le temps de cogiter. Les sifflets, il s’en souvient.  » Je n’en veux pas aux supporters. Ils réagissent émotionnellement. L’équipe traversait des moments difficiles et ils étaient déçus. On m’a parfois reproché de louper des caviars, mais croyez-vous que c’est facile d’évoluer en confiance lorsqu’on est conspué par son propre public ? Pourtant, j’ai inscrit sept buts. Ce n’était pas mal, mais apparemment pas assez. On a perdu de vue tout le travail que j’effectuais à côté. Je ne veux pas me jeter des fleurs, mais je pense que si Custovic a trouvé le chemin des filets à 18 reprises, c’est en partie grâce aux espaces que j’ai créés pour lui « .

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