Enfin l’équilibre

Il aurait pu revenir à Charleroi où à Lommel mais il a préféré accorder la préférence à sa qualité de vie.

Lorsque Robert Waseige l’aligna pour la première fois en D1 en 1991, Samuel Remy songeait avant tout à terminer ses humanités à l’institut St-Joseph de Charleroi. De son propre aveu, son objectif fondamental n’était pas de devenir footballeur professionnel. Son père ne le poussait pas. Après quelques discussions, il décida de tenter l’aventure car si elle tournait mal, il serait toujours temps de reprendre des études.

Sa première expérience avec Waseige ne se passa pas trop mal. Depuis, Charleroi n’a plus connu une aussi bonne période avec notamment une finale de Coupe de Belgique en 93 et une quatrième place de championnat en 94. Cela étant, Samuel Remy n’a pas confirmé la réputation qui voulait qu’il soit le nouveau Raymond Mommens.

« Waseige était impressionnant. Il avait beaucoup de charisme mais il savait également être méchant. Rien à voir avec Georges Leekens qui est arrivé en 1994. Il ne s’est jamais adapté à la mentalité carolorégienne. Et puis, il avait effectué tellement de transferts que les choses ne pouvaient s’emboîter facilement. Luka Peruzovic lui succéda alors que le club était dans de très mauvais draps. Nous avons beaucoup travaillé pour nous sauver et, une fois le maintien assuré, nous avons terminé en roue libre. Je n’avais pas vraiment beaucoup d’affinités avec lui et j’étais donc content de voir revenir Waseige. Mais cette fois, il s’est montré plus dur parce que l’équipe n’allait pas bien. Je ne figurais pas parmi les joueurs qui ont eu le plus à se plaindre de son comportement. Je bénéficiais quand même de sa confiance dans la mesure où après mon opération aux abdominaux, qui m’a tenu à l’écart de la compétition pendant deux à trois mois, il m’a repris dans le noyau et m’a immédiatement titularisé lors du match nul que nous avons disputé à Genk ».

Manifestement, Samuel Remy n’évoluait pas dans un cadre idéal pour lui. Pourquoi, a-t-il passé tant de temps à Charleroi à voir toujours les mêmes choses et suivre les mêmes programmes de préparation?

« Attention, Michel Bertinchamps est un préparateur physique qui connaît bien son boulot. Ses méthodes et son travail sont impeccables mais, avec le recul, je vois qu’elles ne s’adaptaient pas à ma personne. Le transfert physique ne se faisait pas et, parfois, j’arrivais émoussé au match. N’ayant connu que Charleroi, je ne pouvais faire de comparaisons. Et puis, je n’avais pas le droit de me plaindre car tout le monde râlait mais ne disait rien. Il n’y avait pas de programmes individuels sauf pour les blessés sinon seules des séances collectives étaient programmées. Je n’aime pas discuter pour discuter d’autant que cela risquait de me tomber dessus. J’ai préféré faire les entraînements à fond alors que je n’aurais pas dû m’y astreindre. Et puis, une fois que Bertinchamps avait opté pour un programme, il n’était pas question de lui demander de le changer, il l’aurait au contraire rendu plus dur encore ».

« Charleroi a perdu son âme »

Pourquoi avoir attendu que la lassitude s’installe? Pourquoi avoir refusé les offres qui lui ont été faites?

« Si c’était à refaire, j’aurais quitté Charleroi plus tôt. En 1996, plusieurs clubs belges se sont intéressés à moi. Si je n’avais que des contacts formels avec plusieurs d’entre eux, je n’avais plus qu’à mettre ma signature au bas du contrat que m’avait proposé Germinal.Ekeren, à l’époque une bonne équipe. Je me rends compte que j’ai commis une erreur peut-être parce qu’inconsciemment je me sentais chez moi à Charleroi. Aussi parce qu’à l’époque, j’avais un conseiller, Freddy Luyckx, qui n’a pas répondu présent quand j’ai vraiment eu besoin de lui. Je ne pensais pas non plus que l’ambiance au sein du club s’effilocherait de plus en plus. Chaque année, on vendait des joueurs, affaiblissant le noyau. Cette fois-là, c’est Rudy Moury qui est parti à Ekeren. Comme d’autres, il a été jeté comme un vieux papier. Et pourtant, c’était un battant sur le terrain et un véritable boute-en-train en dehors. Autant dire que si le groupe était soudé, il y était pour quelque chose. Par la suite, quand on organisait un repas entre les joueurs, tout le monde se dépêchait de rentrer et nous nous retrouvions rapidement à trois. Dans cette mesure, ce qui se passe actuellement à Charleroi ne m’étonne pas ».

En 99, Charleroi vivait déjà des heures agitées. Comme à Bruges, les joueurs se sont retrouvés devant les tribunaux à propos de montants d’assurance groupe mal comptabilisés. La reconduction du contrat ne se fera pas et Samuel Remy va tenter une hasardeuse aventure à l’étranger

« Contrairement à ce que l’on a pu penser je ne suis pas parti en claquant la porte. Il y a eu maldonne parce qu’on a rapporté des propos que j’avais lancés en guise de boutade. J’avais voulu stigmatiser le fait que le contrat que me proposait le Sporting avait été revu à la hausse mais que cette augmentation n’était pas exceptionnelle et qu’il avait fallu qu’un dirigeant me l’explique trois fois pour que je m’en rende compte. C’était d’autant plus dérisoire que la venue de Milan Mandaric s’accompagnerait, disait-on, de salaires nettement plus attrayants. Entre-temps, Didier Frenay, avec lequel j’avais joué, m’a signalé que Steyr s’intéressait à moi et qu’il était disposé à m’offrir ce que le Sporting me refusait. Sur ce coup, il n’a pas été correct car il savait que le club autrichien était malade puisqu’il y jouait depuis un certain temps et que cela faisait plusieurs mois qu’il n’avait plus vu son salaire. Ainsi, il est parti deux ou trois semaines après le début de la saison. J’ai vite compris que j’étais là en vacances car dès le premier mois, ils ont commencé à chipoter avec le salaire. Ma femme est vite rentrée au pays et a conservé son emploi de secrétaire ».

« Mieux dans ma vie »

En décembre 99, Samuel Remy décide de revenir au pays. Lommel, à l’époque dirigé par Jos Daerden, et Charleroi, via Spaute et M ommens, sont prêts à l’enrôler. Finalement, il atterrit à Tubize, suite à une rencontre fortuite avec Raymond Langendries, le président du club.

« Quand je suis revenu au pays, j’ai téléphoné à la fédération pour savoir si je pouvais véritablement rejouer en Belgique, en D1. Alors on m’a répondu -On n’a que des problèmes avec les joueurs qui jouent à l’étranger. Ils ont tous envie de revenir. En fait, j’en avais soupé du football pro. Celui-ci ne m’intéressait plus. Je n’y retrouvais plus la cohésion et l’esprit de camaraderie que j’y avais connu à mes débuts. J’ai donc préféré signer à Tubize, où le discours du président m’avait convaincu, et trouver un emploi. J’ai donc travaillé jusqu’à présent pour une entreprise de parcs et jardins que je vais quitter pour un poste un peu moins exigeant physiquement. Je sais que cela fait parfois sourire mais je me sens nettement mieux dans ma vie même si parfois il est dur de combiner les deux. Alors je me dis que je fais ce que j’aime au boulot et que je m’amuse en jouant au football. Et puis, comme on commence la compétition plus tard et qu’on la finit plus tôt, on bénéficie d’une plus longue période à consacrer à sa famille ».

Mais pour Tubize, la D2 n’est pas un objectif insensé…

« C’est clair que le club se professionnalise petit à petit et je m’y sens bien. Je partage la vision de football de Philippe St-Jean et les bons résultats aident à conserver une bonne ambiance dans le noyau. Nous verrons dans deux ans à la fin de mon contrat, à 32 ans ».

Nicolas Ribaudo

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