Enfin chanceux !

Le défenseur bruxellois de Zulte Waregem, reconverti en arrière droit depuis deux mois, relance sa carrière internationale après une grave blessure qui l’a privé de l’EURO Espoirs et des JO.

La carrière internationale de SteveColpaert s’était brutalement interrompue en juin 2007, lorsqu’il s’occasionna une double fracture tibia-péroné à l’entraînement des Espoirs, suite à un contact avec GuillaumeGillet, juste avant le départ pour l’EURO 2007 aux Pays-Bas. Elle reprendra cours ce mercredi, avec les Diables Rouges, lors d’un match amical contre la Croatie. Ironie du sort : Colpaert et Gillet figuraient tous les deux dans la présélection de DickAdvocaat, et cette fois, c’est l’Anderlechtois qui restera à la maison.

 » La place d’arrière droit n’est pas la meilleure de Guillaume « , justifie DickAdvocaat. Mais ce n’est pas la place habituelle de Colpaert non plus : après avoir été formé comme demi défensif, il s’est surtout imposé comme défenseur central. C’est la blessure de StijnMinne, en décembre 2009, qui a incité FrankyDury à déplacer l’ancien joueur du Brussels sur le flanc. A quoi tient une carrière internationale…

Adieu l’EURO, adieu les JO

 » Je n’ai pas oublié le choc de juin 2007 « , raconte Colpaert.  » Guillaume et moi, nous nous sommes tous les deux élancés vers le ballon. Rien de méchant, c’était un geste comme il s’en produit régulièrement sur les pelouses. Son pied a, malheureusement, heurté ma jambe. Le verdict fut sans appel : double fracture tibia-péroné. Je pouvais faire une croix sur l’EURO 2007. Pas facile à accepter, sur le coup. Mais dans ces moments-là, on songe surtout à se remettre sur pied. Après quatre mois, j’étais sur le terrain. Tout semblait aller pour le mieux. Mais au bout de 15 jours, une douleur est réapparue, de plus en plus vive. On pensait que c’était la vis qui me gênait et on me l’a enlevée. Hélas, c’était plus grave : j’avais en réalité une infection dans le sang qui, avec la vis enlevée, s’est propagée dans la jambe. J’ai dû être réopéré.  » Adieu les Jeux Olympiques aussi…

 » Plein de belles choses me sont passées sous le nez. Je dois remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu, car il m’est arrivé de pleurer, alors que pourtant je suis un dur. J’étais encore très jeune mais la hantise d’une fin de carrière anticipée m’a parfois traversé l’esprit. Il a fallu remettre les compteurs à zéro, travailler tant et plus pour, dans un premier temps, essayer simplement de marcher. Puis de courir. Et enfin de frapper le ballon. On n’est plus sûr de rien, dans ces moments-là. Lorsqu’on tient sur ses pattes, c’est déjà une première victoire. Alors, refaire du sport au plus haut niveau… Zulte Waregem m’a redonné une chance, alors que le risque d’une rechute était réel. « 

Avant cette blessure, Colpaert croulait sous les propositions. Son souhait de s’en aller lui avait d’ailleurs valu quelques altercations avec JohanVermeersch, qui ne comprenait pas pourquoi il ne resignait pas au Brussels.  » J’avais l’impression d’avoir fait le tour du propriétaire « , poursuit Colpaert.  » Cette blessure a failli tout remettre en question. Qui pouvait dire que j’allais retrouver mon meilleur niveau ? Personne. Avant de signer mon contrat au stade Arc-en-ciel, j’ai passé des tests physiques. Tout était en ordre. J’ai travaillé d’arrache-pied pour revenir au premier plan et cette sélection chez les Diables Rouges est la récompense de ce travail. J’avais déjà reçu une première récompense de la part de JeanFrançoisdeSart qui, la saison dernière, m’avait appelé pour deux matches des Espoirs, contre Chypre et la Slovaquie. Entre-temps, j’avais loupé deux des plus beaux exploits du foot belge, au cours de la dernière décennie, mais c’est l’avenir qui compte.  »

A l’école avec Defour

Colpaert avoue qu’il sera un peu nerveux, ce soir, lorsqu’il montera sur la pelouse du stade Roi Baudouin. Mais pas dépaysé.  » J’ai l’avantage de connaître pas mal de jeunes Diables Rouges, côtoyés en Espoirs. J’ai même été à l’école avec StevenDefour, à la Topsportschool de Louvain. Je connais bien JonathanBlondel, qui est rappelé lui aussi. J’ai fréquenté JanVertonghen et ThomasVermaelen chez les Diablotins. Aujourd’hui, lorsque je vois Thomas à Arsenal, j’avoue que cela me fait rêver. C’est magnifique pour lui, je pense que lui-même ne s’attendait pas à exploser aussi vite chez les Gunners.  »

Colpaert devrait logiquement jouer au moins une mi-temps contre la Croatie, puisqu’Advocaat l’a convoqué pour le voir à l’£uvre :  » J’essaierai de lui montrer mon meilleur visage, même si je commence à peine à me familiariser avec cette place d’arrière droit. En principe je me sens plus à l’aise dans l’axe, mais je ne vais pas faire la fine bouche. Je dois considérer ma polyvalence comme un atout. Si cela ne marche pas, je peux aussi jouer comme demi défensif ou arrière central. « 

Colpaert n’a jamais regretté d’avoir opté pour Zulte Waregem :  » C’était le club idéal pour me relancer. Par rapport au Brussels, j’ai effectué un pas en avant, mais je ne suis pas non plus passé directement chez un grand, où la pression aurait été plus grande. Mais j’ai pu retrouver progressivement mon niveau, dans un environnement serein. C’est un club stable, bien structuré, où chaque décision est pesée et où, malgré le calme, on ambitionne le subtop et même, cette saison, une place dans le top 6. Si on loupe les playoffs 1, on sera déçu. La clef du succès ? Un groupe jeune, qui affiche une bonne mentalité et est très talentueux. On sait s’amuser, mais on sait aussi travailler. Et si jamais il y a une dérive, Dury veille au grain. Je me suis rapidement intégré à Zulte Waregem. Comme je suis parfait bilingue, je peux converser aussi bien avec les Flandriens qu’avec les Français de l’équipe. J’ai construit ma carrière pas à pas, sans brûler les étapes, et aujourd’hui mon ascension continue. Lentement mais, espérons-le, sûrement.  »

Depuis qu’il joue en D1, Colpaert a inscrit… un but :  » Avec le Brussels, contre le Germinal Beerschot. On était mené 0-2, et à dix minutes de la fin, je suis monté sur un corner. J’ai repris le ballon de la tête et je l’ai propulsé dans le but de Luciano. Le jeu de tête, ce n’est pas uniquement une question de taille. Aussi de positionnement, de détente. WesleySonck le prouve aussi. Je ne m’y débrouille pas mal, défensivement ou offensivement. Mon but n’a malheureusement servi à rien, puisque le score est resté de 1-2. Et moi, je n’ai plus jamais trouvé le chemin des filets. Mais ce n’est pas mon rôle.  »

Par Daniel Devos – Photos: Reporters

« J’ai dû réapprendre à marcher, à courir. J’ai pleuré… « 

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