Encore un Jupiletto pour Hugo ?

J’ignore si Genk se sera fait accrocher à Westerlo en ce moment où je vous blablate, mais Genk sera quoi qu’il en soit toujours leader au tiers de la compétition. Faut pas vendre la peau de l’ours avant qu’il soit champion, n’empêche : si Genk rafle le Jupiletto 2007 (je viens de l’inventer : contraction de Jupiler League et de Scudetto. Ni francophone, ni néerlandophone, un peu italien, donc belge : il vous plaît ?), ça lui fera son troisième titre en 10 ans, soit autant que Bruges et juste moins qu’Anderlecht. Ce sera dire qu’il y a bien  » trois grands  » chez nous et que ce ne sont hélas plus les trois mêmes que voici 25 ans, suivez mon regard wallon…

Cela ferait aussi d’ Hugo Broos le seul coach de notre histoire à avoir été champion avec trois clubs belges différents,… je ne crois d’ailleurs pas que même un joueur ait réussi ce coup ! Ce serait une performance hors normes qu’il convient de relever, d’autant que Broos n’est pas l’entraîneur le plus idolâtré par nos médias. Il ne se pousse jamais du col, ni ne joue les consultants/TV réguliers comme nombre de ses collègues. Aucun journaleux ne l’a jamais présenté comme un orateur né, un magicien en psychologie ou un tacticien de génie. N’empêche qu’Hugo n’a fait que cinq clubs en presque 20 ans de coaching sans interruption, pour un seul limogeage, et jamais de séjour en club d’une seule année voire moins. Tu ne réussis pas ça sans posséder TOUTES les ficelles du métier !

Une de mes bonnes relations journalistiques que je ne citerai pas m’a souvent répété que Broos n’avait pas inventé la poudre, qu’il n’avait rien révolutionné : mais l’erreur n’est-elle pas justement de croire qu’il y a, dans le jeu de foot de compétition, matière à révolution ? Du bon sens, une autorité sans esbroufe, une connaissance approfondie des fondamentaux (ceux du jeu, ceux des hommes), quasi toujours (voir en clôture de chronique pour le quasi…) une ligne de conduite quoi qu’aboie la presse, une vraie carrière : Hugo Broos a tout mon respect.

La ligne d’Hugo le boss, on dit souvent que c’est le 4-4-2. Oui, et sans guère de turn-over, car le onze de base de Genk est clairement décelable. Oui, mais pas n’importe quel 4-4-2 : pas celui avec entrejeu en losange, plutôt celui en trapèze ! Pas celui où l’un des deux médians axiaux est clairement défensif et l’autre clairement offensif : plutôt celui où ces deux axiaux sont clairement défensifs et positionnés plus bas que les deux flancs. Un onze sans  » vrai numéro 10  » au sens où l’entend l’académisme footballistique, remember le duo Lorenzo StaelensFranky Van Der Elst de la grande époque brugeoise. Aujourd’hui à Genk, le duo s’appelle Wouter VranckenWim De Decker, deux tâcherons blonds mais deux vrais malins ! Vrancken marque de temps en temps un but et ramasse de temps en temps une jaune. Clone possible de Timmy Simons, De Decker parvient à faire le ménage sans quasi prendre de carton, et attend toujours son premier but en D1 au bout de 150 matches prestés. C’est dire que la  » balance  » défensifs/offensifs est clairement de 6/4, les 3/4 des buts empilés l’étant par les deux attaquants et par les deux flancs. La ligne/Broos s’articule d’ailleurs sur la polyvalence offensive de ces deux derniers : chacun des deux Tom (Chatelle et Soetaers) étant selon les circonstances troisième attaquant, numéro 10 masqué ou ailier de débordement.

Et ça marche, tout le monde est content, on reproche même à René Vandereycken de snober les gars de Genk,… faut dire qu’il y a de quoi snober, vu qu’ils sont huit Belges dans le onze de base ! En tout cas, personne ne parle d’antijeu, tout le monde fiche la paix à Broos de Genk, et c’est précisément cela qui est comique : parce que le Broos d’Anderlecht, lui, se faisait régulièrement flinguer en cas de pareil trapèze, l’absence du losange et de Pär Zetterberg étant décrétée crime de lèse beau jeu…

Allez, clôturons donc sur une question provocatrice : en 2004-05, si Broos avait osé un 4-4-2 avec une charnière systématique Yves VanderhaegeBesnik Hasi au lieu de  » concéder  » Walter Baseggio et/ou Zetterberg à la presse et au peuple, aurait-il pu être champion une fois de plus au lieu de se voir infliger son unique limogeage ?

par bernard jeunejean

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