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Encore raté !

Pour la deuxième saison consécutive, l’Union Saint-Gilloise n’est pas parvenue à se qualifier pour la finale de la D1B. Qu’a-t-il manqué aux Bruxellois ? Analyse chiffrée.

Istanbul, mai 2005 : lorsque Manuel Enrique Mejuto Gonzalez renvoie aux vestiaires les 22 acteurs de la finale de la Champions League version 2004-2005, l’AC Milan mène trois buts à zéro face à Liverpool. Euphoriques, les supporters rossoneri imaginent déjà Paolo Maldini, qui a porté les siens aux commandes dès la première minute avant deux autres goals d’ Hernan Crespo, soulever la septième coupe aux grandes oreilles de l’histoire du club milanais. Il n’en sera finalement rien.

Serge Tabekou,  le meilleur buteur unioniste.
Serge Tabekou, le meilleur buteur unioniste.© belgaimage

Les Reds n’auront besoin que de six minutes de folie en début de seconde période pour recoller au score par l’entremise de Steven Gerrard, Vladimir Smicer et Xabi Alonso. Et à l’issue des prolongations puis d’une séance de tirs aux buts dantesque marquée par le génial Jerzy Dudek, c’est Stevie G qui brandit le trophée tant convoité.

Encore raté !

Dans les travées de l’Atatürk Olimpiyat Stadyum, les larmes coulent sur les joues milanaises. Un chagrin qui ne sera apaisé, en partie, que deux ans plus tard lorsque le Milan prendra sa revanche sur les Reds en finale de la même compétition.

La faillite contre Roulers

Stade Joseph Mariën, il y a dix jours : point de larmes sur les joues saint-gilloises mais une déception amère, qui ne doit rien au houblon, mêlée de colère. L’Union vient de vivre la même mésaventure que les Milanais quinze ans plus tôt : galvauder un avantage de trois buts à la mi-temps.

Tout avait pourtant bien commencé en cette après-midi venteuse au Parc Duden. À la 25e minute, Serge Tabekou débordait sur son flanc droit, dribblait deux défenseurs roulariens avant de pénétrer dans le rectangle et de voir sa frappe du plat du pied déviée dans les filets de l’inusable Wouter Biebauw.

Trois minutes plus tard, Casper Nielsen doublait la mise d’un bel enroulé du droit et, juste avant la pause, l’Islandais Aron Sigurdarson faisait joujou avec les défenseurs de Roulers pour aller inscrire son premier but sous les couleurs unionistes, synonyme de 3-0.

Des changements difficilement compréhensibles du coach Thomas Christiansen, deux fautes stupides dans le grand rectangle et un contre rondement mené par Saviour Godwin plus tard, Roulers revenait à trois buts partout. Et les Flandriens auraient même pu finalement l’emporter, tant les Bruxellois se montraient fébriles en fin de partie.

Deux points perdus qui coûtent chers aux pensionnaires de la Butte. Si ce n’est pas encore mathématiquement acquis à ce moment-là, le gain de la tranche s’avère mission impossible, tant les circonstances devaient être favorables aux Jaune et Bleu qui, à deux journées de la fin de la phase régulière, accusent quatre points de retard sur à la fois Westerlo, l’Excelsior Virton et le Beerschot. Un constat partagé sans détour à l’issue de la rencontre par Thomas Christiansen :  » Le championnat est terminé pour nous « .

Bis repetita

La saison dernière déjà, l’Union avait dû s’avouer vaincue, tant lors de la première que de la seconde tranche, par le YRFC Malines, finalement promu en D1A, et le Beerschot, finaliste malheureux. L’équipe coachée à l’époque par Luka Elsner pouvait pourtant compter sur un trio d’attaque de feu composé de Youssoufou Niakaté (13 buts et 1 assist lors de la phase régulière), Faïz Selemani (9 buts et 7 assists) et Percy Tau (6 buts et 7 assists).

Encore raté !

À l’heure de dresser les bilans, l’actuel coach d’Amiens pointait les lacunes de son groupe dans Sudpresse :  » Nous avons manqué les occasions importantes qui auraient pu faire basculer cette bonne saison vers une excellente saison. (…)

Troisième, c’est bien, certes, mais il y avait la place pour mieux faire. Nous n’avons pas toujours été au point dans les duels au sommet face aux Anversois et aux Malinois, tout en perdant des points de manière évitable ci et là.

Il est donc primordial de garder les pieds sur terre car nous avions les qualités footballistiques pour aller encore plus loin. Finalement, c’est peut-être au niveau mental que nous n’étions pas encore prêts, ce qui s’explique, sans doute, par la jeunesse du groupe.  »

Fort logiquement, après une saison brillante, avec notamment le superbe parcours en Coupe de Belgique achevé en demi-finale, l’Union n’a pu conserver ses éléments-clés : Tau, qui était prêté par Brighton, a rejoint le Club Bruges, Niakaté s’en allé vers la rémunératrice Arabie saoudite et Elsner n’a pu résister aux sirènes de la Ligue 1. Sans parler du passage mouvementé de Selemani vers Courtrai.

Une équipe séduisante mais…

Hormis ces trois départs, les autres artisans majeurs de l’exercice 2018-2019 sont toutefois restés au Parc Duden et les Saint-Gillois ont entamé la saison actuelle sur les chapeaux de roue en signant un joli neuf sur neuf lors des trois premières rencontres.

Désormais drivée par Thomas Christiansen, ex-joueur du Barça et meilleur buteur de Bundesliga, l’équipe bruxelloise n’a connu son premier revers que lors de la quatrième journée, au Beerschot (1-0).

Si la défaite, ce soir-là, était logique, les matches nuls concédés à Lommel (2-2) et en fin de partie face à OHL (1-1) étaient évitables et ont coûté quatre points précieux dans la course à la première tranche, tout comme la lourde défaite à Roulers (3-0) mi-octobre ou les Unionistes n’ont cadré que trois de leurs 22 tirs au but.

Pourtant, de l’avis de nombreux observateurs, l’Union est l’une des équipes qui pratique le plus beau football de D1B. Les chiffres parlent pour elle : avec une moyenne de 14,45 tirs par match, l’équipe bruxelloise est celle qui frappe le plus au but de la série.

C’est également elle qui compte le plus grand nombre de touches de balle dans la surface de réparation (21,70/match en moyenne) et seuls les Virtonais totalisent plus de dribbles par rencontre (33,75) que les Unionistes (29,81).

Un manque d’efficacité

Les statistiques sont formelles : les Unionistes pèchent avant tout à la finition. Unité de mesure prisée par les spécialistes des données, les expected goals ( xG), ou  » buts attendus  » en français, le confirment.

Ils fonctionnent comme suit : chaque frappe au but se voit attribuer un pourcentage de chances de finir au fond des cages adverses, en fonction de la position de la frappe et de la zone du corps utilisée pour tirer (bon ou mauvais pied, voire tête), sur base de tous les tirs compilés à l’échelle mondiale dans des bases de données ces cinq dernières années. Ainsi, un penalty vaut 0,76 xG puisqu’en moyenne 76 penalties sur 100 sont transformés.

Si l’on se fie à cette mesure, l’Union aurait dû, jusqu’à présent, inscrire 48,13 buts. Or le compteur des Bruxellois reste bloqué à 40. Seul le Beerschot (-11) présente un différentiel négatif plus important que les Bruxellois, contrairement aux autres cadors de la série : Virton (-4), Westerlo (+1) et OHL (+5). Si l’on transposait ces chiffres au classement ( voir encadré), l’Union figurerait même en tête du général !

Vite, un buteur !

Des chiffres qui confirment l’impression laissée par l’Union Saint-Gilloise à ses supporters. Si l’on demande aux sympathisants des Jaune et Bleu ce qu’il manque à leur équipe, la réponse fusera : un buteur !

Transféré cet été pour évoluer au poste de numéro 9, le Norvégien Sigurd Haugen est loin d’avoir convaincu. Auteur de 10 buts en 15 rencontres dans sa division 2 locale la saison dernière, le Scandinave peine à s’acclimater à la D1B. Ses tentatives au but facturent seulement 5,75 xG et dans les faits, l’avant unioniste n’en a inscrit que trois.

Autre joueur appelé à évoluer en pointe, Roman Ferber, bien qu’il abatte un travail considérable, n’est pas non plus une garantie de buts. Depuis ses débuts professionnels en 2014, le Hennuyer n’a jamais inscrit plus de sept pions en championnat sur une saison (la dernière). Durant cet exercice, il n’a encore trouvé le chemin des filets qu’à deux reprises pour 4,13 xG.

Malgré le trop grand déchet dans son jeu, c’est l’ultra rapide Serge Tabekou qui s’en sort le mieux puisqu’il affiche une légère surperformance avec 8 buts inscrits pour 6,92 xG. C’est également le cas du meilleur transfert du mercato d’été, le Danois Casper Nielsen, qui comptabilise 7 buts pour 4,34 xG.

Dans une division où les buteurs se font rares, seul le Louvaniste Thomas Henry dépasse la barre des 10 goals avec 15 buts inscrits pour 13,39 xG ( voir encadré), les dirigeants unionistes, adeptes du data, savent à quoi ils doivent remédier s’ils veulent accéder à la D1A.

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