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 » En venant en Belgique, mon monde s’est ouvert « 

Pour éliminer le Beerschot et accéder à la D1A, l’OH Louvain compte sur Thomas Henry, son meilleur buteur en Proximus League. Cet hiver, l’attaquant français a encore refusé un beau paquet de pétrodollars :  » Ma mission, ici, ne sera terminée que si nous montons. « 

Il a désormais 25 ans. Il a éclos sur le tard, car il n’est pro que depuis un an et demi. Mais le Parisien n’est pas d’accord :  » Je n’ai commencé à jouer au football en club qu’à partir de 15 ans. Dans les divisions inférieures du football français. Je trouve qu’arriver où je suis, en dix ans à peine, c’est une sacrée performance. Avant 15 ans, je ne jouais qu’en rue. Comme nous portons le même nom de famille – et les mêmes initiales – je me suis rapidement identifié à Thierry Henry. Lui et Robert Pirès étaient mes idoles de jeunesse. Mais je ne pensais pas encore à une carrière professionnelle.  »

Thomas Henry a débarqué en Belgique durant l’été 2018, à Tubize, qui évoluait encore en D1B à l’époque. Guidé par des dirigeants français et un entraîneur français, Christian Bracconi. Celui-ci connaissait quelques talents en D3 française où Tubize, limité financièrement, a pu faire ses emplettes. Henry a été déniché chez le modeste FC Chambly.

11 buts en 17 matches, le tout sur six mois, ont suffi à convaincre d’autres clubs de Proximus League de ses qualités. En janvier 2019, ce renard des surfaces a quitté Tubize pour OH Louvain. Ce choix ne coulait pas de source, car le club louvaniste occupait à ce moment la… dernière place.

THOMAS HENRY : J’avais visité les installations et je savais que ce club avait du potentiel. Avec l’aide de Leicester City et de King Power, il est promis à un bel avenir. En outre, Tubize rencontrait des problèmes financiers. J’avais aussi des propositions émanant de la D1A, mais je ne voulais pas brûler les étapes. D’abord confirmer à Louvain, et ensuite éventuellement franchir un pas supplémentaire. Ma mission, ici, ne sera réussie que si nous montons. C’est pour ça que j’ai été engagé et c’est pour ça que je suis venu.

L’été dernier, vous aviez déjà le sentiment que la saison actuelle se passerait mieux que la précédente, pour Louvain ?

HENRY : Depuis l’arrivée de Franky Vercauteren et Vincent Euvrard, en cours de saison dernière, on constatait que l’équipe suivait une courbe ascendante. L’organisation, le staff, le potentiel joueurs… Un jour ou l’autre, ça devait payer.

 » À Chambly, je jouais encore arrière gauche  »

Malgré la saison compliquée qu’a vécue OHL l’an passé, vous avez directement trouvé votre rythme.

HENRY : J’ai surtout vite trouvé le chemin des filets, ça aide pour l’intégration. J’ai déjà vécu de nombreux déménagements durant ma carrière, même si c’était en France. Je n’ai donc pas été pris au dépourvu. J’habite désormais dans le centre de Louvain, c’est une belle ville. De temps en temps, je m’autorise une petite escapade : Knokke, Bruges, Liège, Bruxelles. Il n’y a que le Limbourg que je ne connais pas encore.

Le plus curieux, dans votre carrière, c’est que vous n’êtes devenu un vrai buteur que depuis votre arrivée dans notre pays. Vous avez une explication à cela ?

HENRY : C’est simple : c’est en Belgique que l’on m’a, pour la première fois, fait confiance comme attaquant. Chez les jeunes, je jouais souvent en pointe, mais lorsque je suis devenu pro, on m’a aligné à toutes les positions. À gauche, à droite, derrière, devant, parfois comme milieu défensif. Les entraîneurs m’utilisaient comme bouche-trou, là où il y avait une blessure ou une suspension. À Chambly, je jouais le plus souvent comme arrière gauche.

Aucun entraîneur n’a donc constaté, à l’entraînement, que vous aviez le sens du but ?

HENRY : Je ne veux pas porter exclusivement la faute sur les entraîneurs. Parfois, moi-même, je n’en faisais pas assez. Vous savez, la confiance, ça change tout ! Je l’ai constaté à Tubize, lorsque je travaillais avec Bracconi. Tubize ne m’avait pas engagé spécifiquement comme attaquant, mais lui m’a aligné en pointe chaque semaine. Je lui en serai éternellement reconnaissant. Je peux en dire de même de Nigel Pearson et ensuite de Vercauteren et d’Euvrard. Ils ont cru en moi.

 » Euvrard, c’est un mini-Vercauteren  »

En octobre, Vercauteren est parti pour Anderlecht. Vous avez senti un vent de panique souffler dans le vestiaire ?

HENRY : Pas du tout. Avec Euvrard, nous avons conservé un très bon coach, c’est un mini-Vercauteren. ( il rit) Les exercices sont les mêmes, la discipline et les lignes de conduite sur et en dehors du terrain également. Vercauteren avait évidemment une grosse expérience et beaucoup de charisme. Il suivait tout à distance, mais était présent au quotidien pour donner des directives tactiques. Je peux comprendre qu’il soit parti. Lorsqu’Anderlecht vous appelle, et que vous avez tout un passé lié à ce club, c’est difficile de refuser.

Vous arrivez de D3 française. Le niveau est-il comparable avec notre D1B ?

HENRY : Ici, on joue beaucoup plus au sol. Lorsque j’ai débarqué en Belgique, on m’a averti que la Proximus League était très physique, mais je peux vous assurer qu’en National, en France, c’est encore plus agressif. Parfois, ça n’a rien à voir avec du foot. Il y a pourtant du talent, dans cette division. Regardez Faïz Selemani et Youssoufou Niakaté, qui ont inscrit des buts à la pelle pour l’Union Saint-Gilloise alors que ce n’était pas nécessairement le cas en National, où ils avaient peu d’occasions. En France, les entraîneurs songent d’abord à garder le zéro. Des entraîneurs comme Vercauteren et Bracconi osent au moins jouer l’offensive. En venant en Belgique, mon monde s’est ouvert.

Vous avez joué deux matches en Ligue 1, avec le FC Nantes. Vous étiez l’équipier d’Emiliano Sala. Quel souvenir en avez-vous gardé ?

HENRY : Je l’ai connu personnellement. Lorsque j’ai appris la nouvelle de sa mort, ça a été un choc pour moi. D’autant qu’il a fallu beaucoup de temps avant de connaître la vérité. Longtemps, on est resté entre l’espoir et la crainte. C’était un chouette gars. Comme souvent, ce sont les meilleurs qui partent en premier. Je continuerai à m’inspirer de sa grinta. L’autre grand moment de ma carrière française, ce fut la demi-finale de la Coupe de France, il y a deux ans avec Chambly contre Les Herbiers. Dans un stade de la Beaujoire plein à craquer. Dommage que nous ayons perdu, car nous aurions affronté le PSG en finale.

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