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EN ROUTE POUR LA RUSSIE

On ne peut pas qualifier Roberto Martinez d’entraîneur innovant. Il ne se considère pas comme tel non plus. Il a coutume de dire que tout a déjà été inventé, en football. Il s’agit avant tout de lier le style de jeu. C’est ce qu’il avait déjà expliqué lors de son entrée en fonction, en août dernier. Martinez s’est appuyé sur ce qui existait déjà. Il a préféré l’évolution à la révolution. Tout au plus pouvait-il surprendre les joueurs sur le plan tactique, pensait-il. Peu après le début de son mandat, Martinez et les Diables rouges ont lamentablement sombré face à l’Espagne. Un moment-clef, le signe qu’il fallait changer radicalement de cap.

Entre-temps, les Diables sont en route pour le Mondial russe. Le coach va négocier un nouvel obstacle samedi contre la Grèce. Martinez a eu plus de quatre mois, depuis le dernier match, pour étudier ses chantiers. Il refuse les compromis, il veut des lignes claires.

Mais tous les entraîneurs ne disent-ils pas la même chose ? Il y a quelques jours, Martinez a ajouté quelques termes à son vocabulaire, dans une interview : clarté, direction et discipline.

Martinez a dévoilé sa sélection vendredi dernier. Sans modifications choquantes, si ce n’est peut-être que Vincent Kompany, qui revient de blessure, n’est pas repris. C’est le signe d’un changement dans les rapports de force au sein du groupe. Avant, façon de parler, Kompany déterminait où on s’entraînait. Il ne reste plus grand-chose de son auréole. D’autres leaders se sont révélés. Des footballeurs qui mettent les points sur les  » i  » et qui semblent libérés, en l’absence d’un Kompany souvent trop dominateur.

Roberto Martinez a signé un joli parcours, jusqu’à présent. Il s’est forgé l’image d’un homme de rang. En novembre, la non-sélection de Radja Nainggolan, soi-disant blessé, avait suscité quelques remous, mais Martinez a à nouveau sélectionné le médian de l’AS Rome, en puisant dans son stock de superlatifs. Si Nainggolan est parfois un projectile incontrôlable en dehors du terrain, c’est un footballeur moderne, habile à la construction comme à la récupération, même s’il ne fait pas toujours preuve d’une grand discipline tactique. Puisqu’il évolue de plus en plus souvent à un poste avancé dans son club, on ne doit plus se demander si c’est lui qui va opérer devant la défense plutôt qu’Axel Witsel.

Witsel reste une certitude pour Roberto Martinez. Il balaie résolument de la table les doutes suscités par la différence de rythme du championnat chinois. À son niveau, Witsel reste un pilier : un footballeur intelligent qui perd rarement le ballon. Il forme la pierre angulaire d’une équipe dont Kevin De Bruyne doit orchestrer le jeu, le rôle qu’il préfère. C’est en tout cas mieux que de l’exiler sur le flanc.

Le match contre la Grèce ne doit pas constituer de problème pour les Diables rouges. Dans un stade Roi Baudouin comble, un 15/15 déclenchera sans conteste une grande fête populaire. Mais les adversaires de ce groupe de qualification faussent la réalité. En fait, les Diables ne sont encore nulle part. Ils n’ont encore gagné aucun prix non plus. On a trop souvent porté cette levée aux nues avant de la démolir. Trop souvent, aussi, les footballeurs se placent au-dessus du reste du monde, enfermés dans leur milieu. Romelu Lukaku, qui explose à Everton mais sollicite publiquement un job dans un autre club, en constitue le parfait exemple.

Martinez doit définitivement bannir cette culture de l’ego à laquelle Marc Wilmots a souvent été confronté. Fonctionner en bloc, se faire mal, ne pas toujours appeler le ballon mais varier les solutions. Dans le passé, les Diables rouges ont bâti leurs succès sur ces valeurs.

PAR JACQUES SYS

Roberto Martinez a encore du pain sur la planche.

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