EN QUESTION

Très vite lancé par Boskamp, comment gère-t-il le fait que Preud’homme estime qu’il a encore énormément de choses à apprendre ?

Le transfert de Steven Defour a défrayé la chronique cet été. A Genk, la ranc£ur et parfois la haine restent tenaces. Pour le jeune milieu de terrain, rien ne sera plus jamais comme avant. Même si le temps effacera sans doute les cicatrices, il en restera toujours quelque chose. Aujourd’hui, il est temps de reparler de football. Après trois mois au Standard, on peut dresser un premier bilan. En analysant les chiffres, en tenant compte de l’avis d’observateurs avertis mais aussi, bien sûr, en lui donnant la parole.

Etes-vous satisfait de vos prestations sous le maillot du Standard ou estimez-vous pouvoir apporter davantage ?

StevenDefour : Je suis satisfait des progrès des dernières semaines. Les entraînements sont plus durs qu’à Genk. J’ai appris à me battre, je suis devenu plus fort physiquement et mentalement, et cela m’a permis de me réengager dans une spirale ascendante. Lors des premières semaines, je n’étais que moyennement satisfait. J’ai parfois dû jouer sur le flanc droit et je ne parviens pas à laisser mon empreinte sur le match dans cette position.

 » Off-day collectif à Gand  »

Quel fut votre meilleur match, jusqu’à présent ?

Personnellement, j’en vois trois : le premier, à Lokeren ; celui contre le Cercle, aussi et le dernier, contre Roulers. On s’est créé de nombreuses occasions et je pense, humblement, y avoir apporté ma contribution.

Et votre plus mauvais match ?

A La Gantoise, probablement. C’était un off-day collectif et je n’ai pas échappé au naufrage, je le reconnais volontiers. Il y a eu du bon et du moins bon jusqu’à présent. Je dois devenir plus régulier.

Vous avez occupé diverses positions : médian offensif, deuxième attaquant, flanc droit…

Je me sens plus à l’aise dans une position centrale, tout le monde le sait.

Sauf Johan Boskamp, apparemment.

Il le savait aussi, bien sûr. Il m’a expliqué son choix. Il n’avait personne d’autre à aligner sur le flanc droit. J’ai fait contre mauvaise fortune, bon c£ur. Je parviens difficilement à exprimer mes qualités dans une position décentrée, mais si c’est dans l’intérêt de l’équipe, je me plie de bonne grâce aux directives.

Après quatre matches de championnat et l’élimination en Ligue des Champions, Johan Boskamp a cédé le relais à Michel Preud’homme. Et vous vous êtes retrouvé sur le banc, lors des débuts du nouvel entraîneur, au Lierse.

Le joueur doit s’incliner face au choix de l’entraîneur. J’ai remplacé Milan Rapaic à un quart d’heure de la fin. J’ai alors joué… à gauche ! C’était encore une nouvelle expérience pour moi, mais je suis encore jeune et je ne suis sans doute pas encore au bout de mes découvertes.

Vous avez ensuite joué comme deuxième attaquant, parfois derrière Milan Jovanovic, parfois derrière Serhiy Kovalenko, dans une sorte de 4-4-1-1.

Je peux jouer comme deuxième attaquant, mais je ne serai jamais un véritable attaquant. Dans cette position plus avancée, les défenseurs me serrent de plus près. Je dois donc réfléchir et agir plus vite, mais cela m’aide aussi à progresser.

Entre le 4-4-2, le 4-5-1 et le 4-4-1-1, la nuance est parfois subtile. Où se situe la différence ?

Dans un 4-4-1-1, j’évolue un rien plus haut, entre l’entrejeu et l’attaque. Dans un 4-4-2, j’évolue plus en retrait. Dans un 4-5-1, j’ai en principe un rôle plus libre car l’entrejeu est plus fourni. Je pense être capable d’évoluer dans chacun de ces systèmes mais, de préférence, pas comme flanc droit.

 » Un n°10, oui mais travailleur  »

Etes-vous un véritable n°10 ?

Oui, mais un n°10 travailleur. Pas un n°10 statique, qui se contente de distribuer les ballons. Ceux qui me connaissent savent que je cours beaucoup sur un terrain. Peut-être trop, d’ailleurs, car je dois encore apprendre à doser mes efforts. Mais cela fait partie de mon caractère, de vouloir donner le maximum.

Il n’empêche : vous avez parfois donné l’impression de chercher votre place au Standard.

C’est normal quand on débarque dans une nouvelle équipe. Je dois continuer à travailler pour mériter ma place dans l’équipe. Je crois que Michel Preu-d’homme connaît parfaitement mes qualités. Aujourd’hui, la concurrence devient plus féroce. Je dois m’efforcer de lui rendre le choix le plus difficile possible.

Avec le retour d’Igor De Camargo, tout porte à penser que Preud’homme alignera deux attaquants. Etant donné que Sergio Conceiçao et Milan Rapaic sont indiscutables sur les flancs, et que Karel Geraerts et Marouane Fellaini s’imposent au centre de l’entrejeu, votre place ne risque-t-elle pas de se situer… sur le banc ?

Si l’entraîneur décide de me laisser sur le banc, j’accepterai sa décision. Même si, forcément, ce ne sera pas de gaieté de c£ur. Aucun joueur n’est heureux lorsqu’il ne joue pas. Mais je suis au Standard pour apprendre. J’ai le temps : je n’ai que 18 ans et j’ai signé pour cinq saisons.

Partez-vous du principe qu’un joueur de 18 ans ne doit pas nécessairement jouer chaque semaine, ou que le talent n’a pas d’âge et que votre place est sur le terrain ?

Je ne suis pas prétentieux, je n’irai jamais clamer sur tous les toits que je dois jouer à tout prix.

Combien de temps vous donnez-vous pour vous imposer ?

Je ne me suis pas fixé de délai. Cela peut aller très vite comme cela peut durer un peu plus longtemps. Si je dois rester cinq ans au Standard avant de pouvoir franchir un palier supplémentaire, je resterai cinq ans. Pas de problème.

 » Preud’homme demande aussi du jeu à terre  »

Votre transfert loupé à l’Ajax vous trotte-t-il toujours en tête ?

Plus maintenant, non.

Vous avez pourtant été très heureux du coup de téléphone que les Néerlandais vous ont passé…

Bien sûr, mais je n’y ai pas réagi. Je reste très calme face à cet intérêt. Je préfère me concentrer à 100 % sur ma tâche au Standard.

Votre père estime que le Standard n’est pas un club pour vous…

Je ne suis pas obligé de partager son avis. J’ai signé au Standard parce que j’estimais que ce club me permettrait de poursuivre ma progression. Depuis le début de la saison, je n’ai pas été en mesure d’exprimer toutes mes qualités en raison de diverses circonstances, mais cela va de mieux en mieux. Avec moi comme avec le club.

Quels souvenirs conservez-vous de Johan Boskamp ?

Je reste persuadé que c’était un excellent entraîneur et un homme de très agréable compagnie. Il connaît le football, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Malheureusement, en raison des blessures, il n’a jamais pu disposer d’une équipe au complet.

Preud’homme insiste-t-il sur les mêmes points que son prédécesseur ?

Chez Preud’homme, l’accent est davantage mis sur l’organisation. C’est une bonne chose : d’abord se reposer sur une base solide, puis s’efforcer d’attaquer. Boskamp souhaitait aligner une équipe capable d’attaquer directement, mais le Standard n’était pas encore prêt pour jouer de cette manière.

Le style de jeu prôné par Boskamp, basé sur une circulation du ballon au ras du sol, ne vous convenait-il pas mieux ?

C’est un peu réducteur comme raisonnement. Lors des deux derniers matches sous Preud’homme, on a aussi fait circuler le ballon au ras du sol. Au fil des matches et des entraînements, on ne pourra que s’améliorer dans ce domaine. Il fallait d’abord consolider les bases.

Lorsque cela arrive, ce n’est en tout cas pas la faute de Preud’homme : lui aussi demande de jouer à terre. C’est d’ailleurs logique : la plupart des éléments offensifs dont le Standard dispose sont plus à l’aise dans les combinaisons au sol. Seul De Camargo est à l’aise dans les airs.

 » Aujourd’hui, tout le monde me connaît  »

Quelle est la principale différence entre le Steven Defour de Genk et celui du Standard ?

Le fait qu’à Genk, je n’étais pas encore connu. Je pouvais, pour ainsi dire, faire ce que je voulais. On n’attendait pas grand-chose de moi et tout ce que je réussissais était du bonus. En arrivant au Standard, j’avais déjà démontré certaines choses et j’étais donc attendu au tournant. Je dois donc éviter les pièges que les adversaires essaient de me tendre.

La manière dont votre transfert s’est déroulé a aussi contribué à placer la barre plus haut…

C’est clair, on attend davantage de moi, mais cela ne me pose aucun problème. Si je veux devenir un grand joueur, je dois être capable de répondre aux attentes placées en moi.

Ressentez-vous cette pression ?

Bien sûr. Elle émane des supporters, de l’entraîneur, de la direction. Mais si je ne suis pas capable de la supporter, je n’ai rien à faire au Standard : je dois me rabattre sur un club moins ambitieux.

Quelle fut votre plus grosse déception liégeoise jusqu’à présent ? Le Steaua Bucarest ou le Celta Vigo ?

Surtout le Steaua Bucarest, parce qu’on a eu les possibilités pour se qualifier. Malheureusement, des buts stupidement encaissés ont ruiné nos efforts. Jouer la Ligue des Champions, c’était un rêve qui s’est évanoui. Avec l’élimination contre le Celta Vigo, ce sont toutes les illusions européennes qui se sont envolées, mais la Coupe de l’UEFA n’est pas aussi prestigieuse que la C1. On sait ce qu’il nous reste à faire : remettre l’ouvrage sur le métier pour obtenir une nouvelle chance l’an prochain.

Et votre plus belle satisfaction ?

Je ne pourrais pas citer un moment en particulier. Je dirais, simplement, le fait de constater mes progrès. Je parviens, de plus en plus, à imprimer ma griffe sur le jeu du Standard.

Et vis-à-vis de l’équipe nationale, quel sentiment domine en vous : la satisfaction d’être toujours repris dans le groupe ou la déception de demeurer sur le banc ?

La satisfaction d’être toujours repris dans le groupe. A 18 ans, ce n’est pas mal, tout de même.

DANIEL DEVOS

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