EN CAPITALE

Comme Proto avant lui, le gardien des Loups a pris la direction de Bruxelles.

Décidément, Michaël Cordier aura du mal à se défaire de l’ombre de Silvio Proto qui plane sur lui. Même précocité, même style de jeu, même look, même écolage et même réussite à La Louvière. A tel point que l’on a longtemps cru, qu’à l’instar de son aîné, il allait être au centre d’une saga de l’été. Pourtant, le transfert de Cordier dans la capitale (tiens, tiens, cela ne vous rappelle rien ?) n’aura tenu en haleine le spectateur que jusqu’à la mi-juin, là où Proto, un an plus tôt, avait négocié avec Anderlecht un mois de plus..

Vendredi, le président de La Louvière, Filippo Gaone et son homologue du Brussels Johan Vermeersch arrivaient à un accord pour le transfert de Cordier. Ne restait plus qu’à finaliser le package qui comprend également Quantin Durieux et Julien Pinelli. Mais pourquoi avoir mis tant de temps alors que depuis le début, chaque partie a manifesté sa volonté de travailler ensemble ?

Préférence pour le Brussels

Inconnu au bataillon il y a un an, Cordier est parvenu à faire son trou en D1 en succédant à son glorieux prédécesseur. A tel point qu’il aboutit en sélection nationale en fin de saison. Une fois la descente de La Louvière entérinée, il ne faisait plus de doutes que le citoyen d’Anderlues n’allait plus moisir dans le Centre.

Le Brussels se montra le premier intéressé. Pour Cordier, il s’agissait d’une bonne solution : il aurait encore l’occasion de grandir et il retrouverait Albert Cartier qu’il connaît bien :  » J’ai toujours affirmé que je privilégierais le Brussels. J’avais donné ma parole à Johan Vermeersch et il s’agissait d’un bon club pour continuer ma progression. Dans mon choix, ce qui m’influençait le plus, c’était de savoir si j’allais jouer ou pas. J’ai toujours donné la priorité au sportif. Il sera encore temps de penser au volet financier par la suite. Il faut avant tout que j’accumule de l’expérience. Je n’ai qu’une saison en D1 comme vécu. Et ne croyez pas que j’ai pensé aux Diables Rouges en optant pour le Brussels ! C’était une bonne expérience de passer une semaine avec la sélection mais je n’y pense plus. Il ne faut pas aller trop vite. Tout ce qui est arrivé cette semaine-là, je le considère comme si c’était du bonus. Je prends le temps de construire ma carrière « .

Pourtant, tout ne fut pas réglé si vite car La Gantoise et le Standard surenchérissaient.  » La priorité demeurait le Brussels « , explique le manager de Cordier, Thierry Hastray.  » Mais les Bruxellois ont traîné à faire une offre. Puis le Standard et la Gantoise ont bougé « .

La Louvière trouvait rapidement un accord avec les dirigeants liégeois et c’est l’avocat du club, Laurent Denis, qui jouait les intermédiaires entre les différentes parties.  » Nous avons rencontré les dirigeants du Standard une première fois mais ils se sont foutus de nous au niveau des conditions. Ils voulaient inclure Julien Pinelli dans la transaction mais jamais, le joueur n’aurait accepté une proposition si basse. La façon dont ils m’ont répondu ne m’a pas plu. Pourtant, on ne demandait pas le meilleur salaire du Standard, loin de là. On est conscient que Cordier doit encore prouver sa valeur « , ajoute Hastray.

Quant à La Gantoise, il s’agissait de la meilleure offre.  » Nous avons eu une bonne entrevue avec Georges Leekens mais Cordier craignait la présence de Frédéric Herpoel. Leekens nous a dit que c’est vrai qu’Herpoel était là mais qu’il comptait bien mettre ses deux gardiens sur un pied d’égalité et que si Cordier s’avérait meilleur, il jouerait. On lui a répondu que si cela ne se faisait pas avec le Brussels, La Gantoise constituerait le deuxième choix « , continue Hastray.

Forcing du Standard

Le clan Cordier semblait donc avoir fait son choix. Déçu du comportement du Standard, il n’y avait pas eu de contre-proposition mais en panne de gardien, les Liégeois revinrent à la charge : nouvelle proposition, cette fois sans Julien Pinelli.  » Suite à notre silence, le Standard nous a re-contactés. Michel Preud’homme nous a assuré qu’il voulait conclure. La seconde proposition était nettement meilleure mais les Liégeois voulaient une réponse immédiate. J’ai refusé. Preud’homme a contacté Luciano D’Onofrio qui m’a demandé pourquoi je n’étais pas disposé à signer immédiatement « .

Le joueur voulait réfléchir.  » Cela me semblait normal de consulter ma famille « , se défend Cordier.  » La proposition était intéressante mais étais-je prêt à relever ce défi ? Je sentais que cela allait trop vite. Imaginez que j’aille au Standard, que je joue la Ligue des Champions et que je commette une erreur : je risque de me retrouver illico sur le banc. Or, des erreurs, j’en commettrai encore. Dans quelques années, il sera encore temps de relever ce challenge « .

Le manager arrive à négocier une journée de réflexion :  » Le lendemain, j’ai contacté les dirigeants du Standard pour dire que… je ne donnais pas encore de réponse. En effet, j’avais entendu que cela bougeait au Brussels « .

Du côté du Standard, on fulmine encore.  » Nous étions pourtant parvenus à un accord avec La Louvière « , explique Pierre François,  » C’est le joueur qui a décidé qu’il ne désirait pas venir chez nous et c’est son droit. Il voulait qu’on lui garantisse un statut de titulaire mais ce n’est pas dans nos habitudes de mettre cela dans nos contrats « .

Conclusion au Brussels

Une fois le Brussels revenu dans la danse, tout se focalisa sur cette piste-là. Le président Vermeersch et Cordier trouvèrent rapidement un accord. Il suffisait désormais de convaincre La Louvière. Ce qui ne fut pas si simple. Gaone demandait de 300 000 à 400 000 euros. Le Brussels n’était disposé qu’à en sortir 275 000.  » On savait que de l’argent frais allait arriver dans les caisses du Brussels suite au transfert d’ Ibrahim Kargbo « , explique Chris Benoît, le manager sportif de la RAAL.  » Mais eux savaient qu’on avait besoin de liquidités et qu’un club descendant en D2 ne pouvait se permettre de garder ses meilleurs éléments « .

Finalement, après deux reports successifs, Vermeersch et Gaone se sont enfermés six heures durant, vendredi…

STÉPHANE VANDE VELDE

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