» EN BELGIQUE, ON SENT UN VRAI AMOUR DU FOOT « 

S’il ne glissait pas quelques  » quatre-vingt-dix  » au fil de la conversation, on pourrait presque croire que Nicolas Penneteau est devenu belge. Le gardien français raconte sa patrie d’adoption, et son amour pour un Charleroi aux portes d’un nouvel exploit.

Installé dans le costume – souvent temporaire à Charleroi – de gardien numéro 1 au détriment d’un ParfaitMandandapourtant irréprochable,  » Nico  » fait figure d’exemple dans le vestiaire des Zèbres. Préposé à l’allumage des lumières de la salle de musculation, dont il pousse souvent les portes alors qu’une partie des voitures du noyau n’est pas encore sur le parking, Penneteau est comme chez lui à Charleroi. Le voilà immergé pour la deuxième saison consécutive dans une lutte haletante pour le top 6 :  » On sait que ce sera difficile jusqu’au bout. On essaie de ne pas se focaliser sur le long terme parce que chaque week-end, ce sera compliqué et il y aura des changements de position au classement.  »

Parmi vos concurrents directs, il y a une équipe qui te paraît supérieure, un peu au-dessus des autres ?

NICOLASPENNETEAU : Je pense que ça se tient. Genk, même sans dominer outrageusement, arrive à gagner ses matches. Ils sont costauds, ils gagnent souvent 1-0… Mais un petit grain de sable peut vite arriver, et avec la pression de ces quelques matches où chaque erreur peut être fatale, je pense que ça va se jouer jusqu’à la dernière journée.

Le fait que Charleroi ait encore son mot à dire à 180 minutes du coup de sifflet final, ça te surprend ?

PENNETEAU : C’est un exploit, quand même. Sincèrement. Nous quand on est dedans, on est compétiteur, on veut aller le plus haut possible. Mais il faut prendre en considération ce qu’a dépensé le Standard, ce qu’a dépensé Genk, ce qu’a dépensé Ostende… En termes de moyens financiers, on est peut-être l’équipe qui a le moins de possibilités. Oui, on a beaucoup de solidarité, beaucoup de talent, mais je trouve qu’on dit trop facilement que Charleroi joue les play-offs, en oubliant que c’est un exploit d’être encore à la lutte avec ces équipes à quelques journées de la fin.

Votre mercato a également été conséquent…

PENNETEAU : Oui mais par rapport aux moyens financiers, aux structures d’encadrement quotidiennes… Faire des déplacements pour chaque entraînement parce qu’on doit se changer au stade, tout ça semble anodin, mais sur une saison ça peut être lourd. Ce que je veux dire avec tout ça, c’est qu’il faut se rendre compte qu’à tous les échelons, le club est en train de créer un exploit sur une deuxième année consécutive. Parce que si on est dans les play-offs 1, ce sera exceptionnel.

 » JE SUIS PASSIONNÉ PAR MON MÉTIER  »

Les gardiens sont parfois mis de côté dans la vie quotidienne d’un groupe, mais ce n’est pas du tout ton cas : tu conseilles tes équipiers, parles beaucoup avec eux… C’est important pour toi ?

PENNETEAU : Je suis vraiment passionné par mon métier, mais passionné au sens large. Je m’intéresse à tout, je regarde une dizaine de matches par semaine à la télé, que ce soit le football belge, français ou étranger. Et bien sûr, je m’inspire de mon vécu pour échanger avec les joueurs qui en ont envie, et je me permets de les conseiller, mais aussi de prendre leur avis. Parce que ce n’est pas parce que j’ai 35 ans et 500 matches en pro que je ne dois pas continuer à apprendre. Un jeune peut avoir une vision différente, mais qui peut t’apporter tout autant. Le plus important, c’est d’être à l’écoute des autres, et ce qui me plaît ici à Charleroi, c’est que les gens sont très réceptifs. Ils sentent que je suis vraiment passionné par ce qu’on fait, et que ce que je fais c’est pour aider, pas pour me faire bien voir.

Tu as quand même un rapport privilégié avec le coach, non ? Tu es un de ses relais sur le terrain…

PENNETEAU : Je ne pense pas qu’il se comporte différemment avec moi qu’avec un autre. Peut-être par rapport à l’âge. Mais je me rappelle que, quand on s’est vu avant que je signe à Charleroi, je lui ai dit que j’avais besoin d’échanger, d’avoir l’avis d’un entraîneur et de m’inscrire dans un projet. J’ai envie d’apprendre, je suis quelqu’un qui dévore tout et il le sait, parce que je lui avais dit directement.

Ça fait quoi d’être la bête noire d’une équipe comme Gand ?

PENNETEAU : C’est bizarre. Et on a aussi nos bêtes noires, Courtrai par exemple c’est une équipe contre qui on a du mal à s’imposer. J’ai vécu ça plusieurs fois dans ma carrière, on a des équipes contre qui on n’y arrive pas, elles sont très difficiles à jouer. Peut-être que ça nous arrive aussi parce que collectivement et individuellement, on se surpasse contre une équipe comme Gand parce qu’on sait que si on reste à un niveau moyen, on va perdre contre de telles équipes. Sur la durée, c’est impossible de les contrer, par contre sur un match ou deux au cours de la saison, on a toutes nos chances.

 » JE SUIS ESTOMAQUÉ PAR L’AMBIANCE QUE METTENT NOS FANS  »

Quelles sont les choses qui te frappent dans notre championnat ?

PENNETEAU : Le championnat belge est vraiment en train de grappiller des points par rapport à des championnats comme le Portugal, ou même la France. Parce qu’il y a une envie d’attaquer, déjà. Il y a très peu de 0-0 dans notre championnat. Après, de manière générale, je pense que les blocs défensifs belges sont peut-être un peu plus friables que les défenses françaises. Mais par contre, il y a plus de volonté de jeu offensif. C’est plus plaisant à regarder parce qu’en Belgique, on essaie de marquer des buts et on se porte vers l’avant. Ça peut être avec des longs ballons, parce qu’il y a des grands gabarits avec un style un peu anglais, qui se rapproche de la Premier League à un moindre niveau. La Pro League est plus proche du style anglais que du français par rapport aux caractéristiques physiques, et c’est positif parce qu’il y a une culture de l’attaque qui donne des matches ouverts. On le ressent même dans les stades, parce qu’il y a une belle ambiance à chaque rencontre.

Cette ferveur du stade belge, ça t’a impressionné ?

PENNETEAU : Franchement, je suis estomaqué par l’ambiance que mettent nos supporters. Que ce soit à domicile ou à l’extérieur, j’ai rarement vu ça. On doit en être fier, parce que c’est un exemple pour la Belgique, ça donne une belle image. J’ai régulièrement des amis qui viennent de France pour voir les matches, et heureusement on gagne assez souvent, ils trouvent que l’ambiance ici est incroyable. Eux, ils voient l’ambiance un peu neutre, un peu feutrée en France, parce qu’il y a un peu moins de culture, mis à part dans les gros clubs.

Tu trouves que la culture foot est plus forte en Belgique qu’en France ?

PENNETEAU : Bien sûr ! Ici, on sent qu’il y a une vraie culture, un amour du foot de la part des supporters. À Charleroi, c’est incroyable le dévouement qu’ils ont pour le club et pour l’équipe. Quand on perdait 0-2 contre Malines, on les a entendus chanter, et c’est aussi grâce à eux qu’on est resté dans le match. Si tu perdais 0-2 en France, ou dans un autre club en Belgique, peut-être que les supporters se seraient tus ou nous auraient sifflés. Et là, c’est dur de renverser la tendance. Tandis qu’en étant portés pendant 90 minutes, tu n’imagines pas mais on a vraiment l’impression de jouer à douze.

PAR GUILLAUME GAUTIER – PHOTOS BELGAIMAGE – BENOÎT DOPPAGNE

 » Si on est dans les play-offs 1 pour la deuxième fois d’affilée, ce sera exceptionnel.  » – NICOLAS PENNETEAU

 » La remise en question permanente, c’est la chose la plus dure à instaurer dans un groupe.  » – NICOLAS PENNETEAU

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