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En attendant Kompany

Anderlecht a lancé la saison du redressement en s’imposant de justesse 0-1 au RWDM, au terme d’un match ennuyeux. Récit de la première représentation des Kompany kids.

Une heure et demie avant le coup d’envoi, les alentours du stade Edmond Machtens sont envahis par des touristes d’un jour, revêtus de maillots de football. Les gens sont entassés comme des sardines au Café Le Stade, au coin de l’avenue Louis Mettewie et de la rue De Koninck. Des dizaines d’hommes et de femmes arborent leur maillot rétro du RWDM, sans prêter la moindre attention aux silhouettes en mauve qui croisent leur chemin. Ils s’abstiennent de remarques désagréables et de regards hostiles à l’encontre des supporters d’Anderlecht qui osent s’aventurer en territoire ennemi. À quelques exceptions près, les deux clans tolèrent la présence de l’autre. Le RWDM et Anderlecht ne sont plus des rivaux sportifs depuis belle lurette mais ils restent liés émotionnellement, par leurs racines bruxelloises. Pour les supporters les plus fanatiques, c’est l’honneur de la capitale qui est en jeu. Anderlecht est invaincu depuis 22 ans face au RWDM -la dernière défaite remonte au fameux match 1997, ponctué par quatre remplacements- et le record va résister encore quelques années.

Les supporters sentent qu’un vent nouveau souffle sur le club et le soutiennent.  » Michael Verschueren

Jusqu’il y a deux ans, Anderlecht avait coutume de donner le coup d’envoi de sa saison dans la mondaine Knokke, où l’ancien président Roger Vanden Stock a un pied-à-terre. Depuis que Marc Coucke est le patron à Neerpede, Anderlecht préfère entamer sa campagne dans son jardin et pour la deuxième année d’affilée, l’affiche bruxelloise entre Anderlecht et le RWDM est une réussite. Malgré l’absence de Vincent Kompany, les supporters des Mauves ont même répondu massivement à l’appel. Apparemment, le supporter moyen du Sporting ne présente encore aucun symptôme de burn-out.  » Ils ont évacué la plupart de leurs frustrations « , remarque le directeur sportif Michael Verschueren.  » Tout le monde croit au projet de Vincent. Surtout, les supporters s’attendent à ce qu’Anderlecht redevienne lui-même.  »

Un visage anderlechtois connu aligné face au RWDM : Sven Kums.
Un visage anderlechtois connu aligné face au RWDM : Sven Kums.© BELGAIMAGE

Un quart d’heure avant le coup d’envoi, les ultras de la Mauves Army, munis d’énormes drapeaux, lancent les débats.  » We are Anderlecht  » résonne pour la première fois dans le stade. Dans la tribune l’Écluse, les Bxl Boys se regardent. Pendant le match, le noyau dur du RWDM va réagir avec une banderole bien sentie.  » Meulebeek, les Brusseleirs savent pourquoi.  » Une allusion au nombre restreint de supporters bruxellois à Anderlecht.

Une troisième faction s’est mêlée à la fête : les castards de l’Amsterdamse F-Side, les alliés naturels des hooligans anderlechtois. Quand ils grimpent dans la tribune, leurs torses musclés et leurs tatouages les font immédiatement remarquer mais ça en reste là. Les trois quarts d’entre eux considèrent le résultat acquis à la mi-temps et sortent du champ de vision des forces de l’ordre.

UNE NOUVELLE GÉNÉRATION

Le premier match de l’ère Kompany fait penser au coup d’envoi du tandem Marc Coucke- Luc Devroe. Il y a un an jour pour jour, Landry Dimata avait marqué son premier but pour le Sporting contre le RWDM et offert à son nouveau club un succès 0-1. Cette fois, c’est Pieter Gerkens qui a inscrit le seul but mauve, sur une passe d’ Adrien Trebel, le numéro dix du jour. Samedi, sur les 23 joueurs apparus sur le terrain il y a douze mois, sept sont entrés en action : Pieter Gerkens, Adrien Trebel, Sven Kums, Thomas Didillon, Edo Kayembe, Hannes Delcroix et Emmanuel Sowah. Le spectacle n’est néanmoins pas plus au rendez-vous qu’un an auparavant. JOMA, l’équipementier espagnol, est le seul à vivre une grande journée : il peut mettre en vitrine les maillots du RWDM et d’Anderlecht d’un coup.

La piètre première mi-temps contraste avec l’enclin au pardon des supporters visiteurs : ils ne sifflent pas la énième action ratée d’ Ivan Santini ou d’ Antonio Milic. Ils leur accordent manifestement une seconde chance. Leur patience est récompensée quand ils peuvent faire la connaissance des successeurs de Sebastiaan Bornauw, Yari Verschaeren, Francis Amuzu et consorts. Les circonstances contraignent Simon Davies à aligner dix garçons nés en 2000, 2001 et 2002 en début de seconde mi-temps et la nouvelle levée made in Neerpede fait rapidement oublier la piteuse première période. Il n’est toutefois pas prévu d’introduire une nouvelle volée de jeunes dans le noyau, quelques mois après l’introduction massive de talents.  » Voir jouer ces lads était agréable « , déclare Davies.  » Combien d’entre eux pourront s’établir définitivement dans le noyau A ? Pour le moment, je veux voir le plus de footballeurs possible à l’oeuvre. Tout le monde doit à nouveau savourer le jeu.  »

Un visage anderlechtois connu aligné face au RWDM : Antoine Colassin.
Un visage anderlechtois connu aligné face au RWDM : Antoine Colassin.© BELGAIMAGE

Construction depuis l’arrière, pression agressive, backs prudents afin de ne pas être victimes d’un contre en cas d’attaque ratée. Ce sont les bases pratiquées par Davies. Le Gallois a résumé sa tactique en une phrase : take control and keep possession. Avec quels joueurs ? C’est la grande question. Lundi, Kompany a entamé sa première journée officielle de travail à Anderlecht et a ainsi lancé de vastes manoeuvres. Après le stage à Venlo du 1er au 5 juillet et le match contre l’Ajax le 6, on s’attend à une première sélection. Kompany devra désigner de 20 à 25 joueurs qui resteront dans le noyau. Ceux qui ne seront pas repris seront plus enclins à s’en aller. Davies est conscient qu’il se passera beaucoup de choses à partir de la mi-juillet.  » Nous devons surtout faire preuve de patience. La direction s’occupe des transferts. Ce que je sais, c’est qu’elle agira toujours dans l’intérêt du club.  »

LUCKY SHOT

Bien que ce premier match ne représente pas grand-chose, les supporters sont enthousiastes. Au coup de sifflet final, au stade Edmond Machtens, joueurs et supporters ont fraternisé. Verschueren, Kums, Didillon et Trebel ont été assaillis de demandes de selfies. Verschueren semble être extrêmement populaire et jouir d’un énorme crédit. Apparemment, la saison la plus catastrophique d’Anderlecht en un demi-siècle est déjà digérée. Verschueren :  » Je ne suis en poste que depuis décembre et les supporters réalisent sans doute ce que j’ai fait en peu de temps. Vincent a été un lucky shot dans lequel Coucke a énormément de mérite mais j’ai notamment renforcé la formation des jeunes en prévision de l’avenir. Les supporters sentent qu’un vent nouveau souffle sur le club et le soutiennent. Nous n’achetons pas des joueurs à la va-vite. Maintenant, nous devons montrer sur le terrain ce dont nous sommes capables. Si cette saison est décevante, ma tête tombera aussi. Mais ça va aller. Nous avons un bon plan et un formidable projet.  »

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