» En affaires aussi, Eden va droit au but « 

Eden Hazard se montre aussi solide en dehors que sur les terrains. Jeune père de famille et homme d’affaires, l’attaquant de Chelsea, qui devrait être désigné Player of the Year dimanche, peut compter sur un team de gestionnaires de patrimoine à son service. Présentations.

Vincent Vlieghe (48) se souvient comme si c’était hier de cette soirée de juin 2007 où il se rendit pour la première fois dans la famille Hazard à Braine-le-Comte. Six mois plus tôt, il avait expliqué aux jeunes joueurs du Centre de formation de Lille, dont Eden faisait partie, comment ils devraient gérer leur argent plus tard. Eden venait de briller avec la Belgique aux championnats d’Europe U17 et, fin mai 2007, il était devenu un des plus jeunes joueurs d’Europe à signer un contrat professionnel de trois ans à Lille.

Thierry et Carine, ses parents, avaient donc invité l’expert financier à venir conseiller leur fils qui, soudain, allait gagner beaucoup d’argent. C’est là que Vlieghe, un Français d’origine belge, allait rencontrer pour la première fois l’adolescent.  » Eden m’a tout de suite fait bonne impression. Il était calme, à l’écoute, mûr et confiant dans ses qualités. Son talent était indéniable mais je n’aurais tout de même jamais imaginé qu’il allait devenir la vedette qu’il est aujourd’hui et que je serais toujours son conseiller en gestion de patrimoine huit ans plus tard.  »

Cette année-là, Vlieghe entamait sa collaboration avec Marie Armand (33). En 2011, ils fondaient la société AV Team Conseil, établie à Lille et qui gère le patrimoine d’Eden Hazard. Leur façon de travailler et les domaines dans lesquels la star de Chelsea investit son argent relèvent du secret professionnel.  » Tout ce que je peux vous dire, c’est que les choses ne se simplifient pas avec les années « , dit Vlieghe.  » Eden est belge, il a construit son patrimoine en France et il est salarié en Angleterre… C’est pourquoi notre équipe fait appel à des fiscalistes de chaque pays et à un avocat qui contrôle tout sur le plan juridique.  »

Fin 2012, la collaboration entre Hazard et le duo Vlieghe/Armand a encore évolué.  » Jusque-là, Eden comptait, en la personne de John Bico, sur un manager qui s’occupait de tout, hormis de la gestion de son patrimoine « , dit Marie.  » Quand il a arrêté sa collaboration avec John Bico après son transfert à Chelsea, de nombreux agents l’ont alors approché. A la demande d’Eden, nous en avons rencontré quelques-uns mais, finalement, plutôt que de faire appel à un manager, il nous a demandé de composer une équipe de spécialistes autour de lui. C’est cette équipe que nous gérons aujourd’hui avec Thierry Hazard également, son papa.  »

Vlieghe et Armand ont notamment fait appel à Eventeam. Cette agence d’événements et de communication compte de nombreuses stars du show-business français parmi son portefeuille et s’occupe des programmes d’hospitalité de Roland Garros, des comités olympiques belge et français, de la fédération française de football, de la Coupe du monde de rugby en Angleterre… « Franz Lecomte, le responsable des sportifs et des stars, s’occupe désormais avec nous et avec les responsables presse de Chelsea, des demandes d’interviews « , dit Marie.  » L’an dernier, Andrew Dart a rejoint l’équipe. Pendant huit ans, il s’est occupé des droits d’image à Chelsea mais il possède désormais sa propre firme et s’occupe du sponsoring d’Eden en collaboration avec nous et les responsables du club en droit d’image.  »

Pas de caprices de star

En février, lorsqu’il fut question de prolonger jusqu’en 2020 le contrat de Hazard à Chelsea, Vlieghe et Armand ainsi que l’avocat anglais ont mené eux-mêmes des négociations avec Marina Granovskaia, directrice du club.  » Thierry a également participé aux discussions « , dit Vincent.  » Il est très concerné, donne son avis, assiste à pratiquement toutes les réunions… C’est lui qui gère aussi la carrière de Thorgan aujourd’hui. Il a négocié son transfert au Borussia Mönchengladbach.  »

 » Nous gérons également le patrimoine de Thorgan – et d’autres clients – mais Eden est le seul pour lequel nous avons créé une équipe « , dit Marie.  » C’est lui qui nous prend le plus de temps. Nous nous réunissons notamment une à deux fois par mois chez lui, à Londres. Eden est très présent : il écoute, discute, pose des questions… Nous ne faisons rien sans son accord. Même pas cette interview. Nous proposons et nous nous occupons de tout afin qu’il ne doive penser qu’à sa famille et au football mais c’est lui qui décide. C’est lui le chef d’entreprise, le CEO qui mène parfaitement sa barque.  »

 » Quand on voit la fantaisie qu’il met dans son jeu, on ne croirait pas qu’il soit aussi bon en affaires « , dit Vincent.  » Il a une excellente mémoire – il sait parfaitement dans quoi il a investi son argent – et il sait prendre des décisions. Il ne s’occupe pas trop des détails et va droit au but, comme sur le terrain. C’est lui qui prend la décision finale mais il a confiance en son équipe. Le fait que nous travaillons ensemble depuis huit ans en dit suffisamment long à cet égard. Dans le monde du football actuel, une collaboration d’aussi longue durée est exceptionnelle. Combien de propositions de conseillers financiers et d’agents n’a-t-il pas déjà reçues ? A chaque fois, on lui promet des fortunes mais Eden coupe court, il n’entrouvre même pas la porte.  » Çanem’intéressepas « , dit-il. Sur ce plan, il est très loyal et il n’a pas changé avec le temps : il est toujours aussi jovial et souriant. Avec lui, pas de caprices de star.  »

Hazard a non seulement compris qu’il était important d’être bien encadré mais il attache également de plus en plus d’importance à son image.  » A cet effet, il a beaucoup évolué en peu de temps « , dit Marie.  » Avant, Eden n’accordait pratiquement pas d’interviews. Aujourd’hui, il est plus ouvert, il a compris que ça faisait partie du métier, même s’il veut conserver des limites. Pas question d’être dans le journal ou de passer à la télévision tous les jours.  »

Vincent :  » Pour vivre heureux, vivons cachés, c’est sa devise. Ce n’est pas simple car, depuis la qualification de la Belgique pour la Coupe du monde, les médias se sont beaucoup intéressés à lui. Les demandes d’interviews affluent non seulement de Belgique, de France ou d’Angleterre mais du monde entier, surtout d’Asie, où Eden est une star. Frantz Lecomte répond à toutes les demandes mais ne peut évidemment toutes les accepter. De plus, il faut se montrer patient et, bien souvent, introduire plusieurs demandes.  »

Pas de favoritisme

 » Tous les deux mois, à Londres, nous consacrons une demi-journée à la presse internationale – Chelsea s’occupe des interviews avec les médias anglais. Une demi-douzaine de journalistes peuvent alors rencontrer Eden en tête-à-tête pendant une demi-heure à condition de ne parler que de football, de Chelsea et de l’équipe nationale, pas de sa vie privée, de problèmes de société ou de politique internationale. Eden a son avis mais il n’éprouve pas le besoin de le donner à tout le monde. Il veut rester à sa place.  »

 » Il ne favorise pas non plus les grands quotidiens ou magazines « , ajoute Marie.  » Avant la Coupe du monde, il a même accordé une interview à la télé régionale Antenne Centre de Braine-le-Comte. Les longues interviews, il les accorde de préférence en français. Eden comprend très bien l’anglais mais lorsqu’il s’agit de livrer le fond de sa pensée, il se sent tout de même plus à l’aise dans sa langue maternelle.  »

Contrairement à d’autres sportifs de haut niveau, l’attaquant de Chelsea n’est pas accro aux réseaux sociaux.  » Nike (le sponsor chaussures de Hazard, ndlr) gère sa page facebook afin de pouvoir y placer ses spots publicitaires « , dit Vincent.  » Eden pourrait aussi commercialiser son compte Twitter mais il ne veut pas. Pour lui, c’est du domaine du privé. C’est un moyen de communiquer avec ses suiveurs (3,7 millions, ndlr). Pas en postant dix tweets banaux par jour mais en mettant de temps en temps l’accent sur ce qu’il trouve chouette.  »

Selon Marie, cet intérêt limité pour les médias est dû à une raison bien précise :  » Eden consacre le peu de temps qui lui reste en dehors du football à ce qu’il aime le plus. Sa priorité, c’est sa femme Natacha et ses deux fils Yannis (4) et Leo (2).  » C’est aussi en raison de ses priorités – sa famille et le football – qu’Eden Hazard choisit le nombre de contrats de sponsoring personnels.  » Cela prend beaucoup de temps « , dit Marie.  » Il faut enregistrer les spots, participer à des conférences de presse… De plus, Eden tient à connaitre les marques qu’il choisit comme EA SPORT ou Nivea Men. Nivea en est le parfait exemple : c’est un produit qu’il a utilisé depuis son plus jeune âge, qui est associé à la famille et qui est synonyme d’aspect soigné… Eden préfère être soutenu par une marque dont il partage les valeurs.  »

 » N’oubliez pas qu’il n’a que 24 ans et qu’il ne joue dans un grand club que depuis trois ans « , nuance Vincent.  » Ce n’est que quand il est arrivé en Angleterre que sa valeur commerciale et l’intérêt des sponsors a augmenté à un point tel qu’il sera de plus en plus important pour Chelsea. Son image de père de famille et d’homme simple lui ouvre pas mal de portes également.  »

Le meilleur reste à venir

 » Cela se voit aux propositions de sponsoring que nous recevons actuellement « , dit Marie.  » Nous étudions pas mal de pistes qui se concrétiseront probablement avant le Championnat d’Europe en France. En 2016, Eden aura de nouveaux partenaires commerciaux. Combien, c’est difficile à dire. Il est encore jeune et peut encore progresser sur certains plans. On ne peut pas encore pronostiquer combien de buts il va inscrire, ce qu’il va remporter avec Chelsea et les Diables Rouges. Mais une chose est certaine : le meilleur reste à venir.  »

PAR JONAS CRETEUR

 » Nous proposons et nous nous occupons de tout mais c’est Eden le chef d’entreprise.  »

 » Son image immaculée de père de famille et d’homme simple lui ouvre pas mal de portes.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire