Emilio Ferrera

1 Tu peux citer deux choses positives que tu retiendras de ton expérience en D3 à Dender ?

Evidemment ! Les résultats et le fait d’avoir travaillé avec un groupe et un staff formidables. Quand j’arrive, l’équipe est descendante. En quatorze matches, on gagne onze fois et on fait deux nuls. Et on gagne une tranche. Puisqu’on veut toujours juger un entraîneur sur ses seuls résultats, eh bien qu’on me juge là-dessus… (Il rigole). J’avais débarqué là par un concours de circonstances. Mes enfants jouent à Dender, la direction cherchait un coach parce que l’équipe allait très mal, j’habite tout près, j’étais sans club. Je ne regrette pas du tout l’expérience.

2 Tu travaillais avec Michel Preud’homme en Arabie, vous étiez ensemble presque jour et nuit : le coach énervé qu’on voit sur le bord du terrain pendant les matches de Bruges, c’est le même homme ?

Non, pas du tout. Mais c’est normal. On a tous deux facettes : une à la maison, une autre au boulot. N’importe quel entraîneur, même si on le considère comme un calme, peut changer subitement de visage. S’il y a bien un calme dans le métier, c’est Arsène Wenger. Mais ça ne l’a pas empêché de se métamorphoser contre José Mourinho. C’est l’intensité de certains matches qui explique ça.

3 Quand le championnat a commencé, tu étais convaincu que tu participerais aux play-offs avec Genk ? Tu es d’accord quand on entend que leur parcours est le pire gâchis de la saison en D1 ?

Evidemment que j’en étais convaincu. Quand un entraîneur commence un championnat avec Genk, c’est pour aller aux play-offs. C’est une obligation là-bas. On m’a mis dehors après un seul match, on n’a pas été tendre avec moi. On l’a été plus avec d’autres. Oui, le parcours de cette saison est un gâchis. Parce que c’est un club magnifique à la base, tous ceux qui y ont travaillé le disent. Genk, c’est une institution. Mais quand cette saison a commencé, tous les remous de la saison précédente n’avaient pas encore été effacés. Alex McLeish a dit en partant que ça n’avait pas été facile ; ça ne l’a pas été pour moi non plus.

4 Ton image d’entraîneur qui bosse comme un fou, qui est malade de tactique et qui n’évite pas les clashes avec ses joueurs, tu y tiens ou tu essaies de la corriger ?

Je ne veux rien corriger du tout. On est comme on est. Je ne veux pas jouer la comédie. J’essaie de faire mon métier de la meilleure façon possible, avec mes qualités, mes défauts, mes limites. Ma façon de travailler plaît à certains et déplaît à d’autres. Si je dois essayer de plaire à tout le monde, je ne sais pas comment je dois m’y prendre.

5 Tu as eu une quinzaine d’employeurs depuis une quinzaine d’années, tu n’as pas envie de te poser ?

Ici, quand un entraîneur multiplie les clubs, les commentaires sont souvent péjoratifs. Pour moi, il y a une autre façon de voir les choses. Avoir beaucoup de clubs, c’est enrichissant. Ça veut dire que tu es demandé. Ça veut dire aussi que j’ai presque toujours eu du boulot depuis que je fais ce métier. Et j’ai montré que j’étais capable de m’intégrer partout. Tous les clubs où je suis passé avaient leur charme. Dans la plupart des cas, j’ai atteint les objectifs qu’on m’avait fixés, ça ne ressort pas souvent dans les commentaires. Je veux aussi signaler qu’un entraîneur ne maîtrise pas tous les cas de figure, il ne contrôle pas tous les événements. J’ai connu la reprise de Beveren par Jean-Marc Guillou, j’ai assisté à la faillite du RWDM. Je n’y étais pour rien ! Il y a aussi des moments où tu changes de club parce que tu peux t’améliorer.

Emilio Ferrera (47 ans) a dépanné pendant la deuxième partie de saison à Dender (D3) après avoir entraîné notamment Beveren, le RWDM, le Lierse, le Brussels, La Louvière, le Club Bruges, Lokeren et Genk. Il a aussi coaché à l’étranger (Grèce et Arabie Saoudite).

PAR PIERRE DANVOYE

Emilio Ferrera  » La saison de Genk est un gâchis parce que c’est un club magnifique, une institution.  »

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