Emilio Ferrera peut-il sauver Genk ?

L’embauche d’Emilio Ferrera à Genk a surpris. Une enquête a révélé que 80 % des fans du club limbourgeois étaient opposés à son arrivée. Les anciens joueurs du coach bruxellois conservent toutefois une tout autre image de lui : celle d’un tacticien, d’un perfectionniste qui ne laisse absolument rien au hasard.

Bart Van den Eede a assisté aux débuts de Ferrera en D1, à Beveren. Première innovation : le terrain a été réparti en différentes zones marquées par des rubans blancs. Van den Eede y discerne une sorte de jeu de l’oie.  » Si tu conquiers le ballon, tu avances de deux cases et si tu le perds, tu recules d’autant. Ferrera impose des consignes très strictes à chaque poste. À la fin, on sait exactement que faire.  »

Malgré des débuts ratés, on devrait reconnaître rapidement le sceau de Ferrera.  » Il nomme des lieutenants dans chaque ligne « , explique Marc Schaessens, qui l’a connu au Lierse.  » Genk va subir une sélection naturelle : ceux qui ne s’intègrent pas à son schéma ne joueront pas beaucoup.  »

Ferrera reconnaît n’être pas très psychologue. Van den Eede :  » Je ne convenais pas à son système et j’ai été éjecté. Ça fait mal mais quinze ans plus tard, je le comprends mieux. Il n’est pas un livre ouvert mais quand on le lui demande, il fournit des explications correctes sur ses choix.  »

Dès son embauche, Ferrera savait ce qui n’avait pas marché avec Mario Been.  » Genk possédait bien le ballon mais sans se créer d’occasions. Nous devons être plus rationnels.  » Les équipes de Ferrera doivent réduire les espaces et opérer rapidement la transition.

Jonas De Roeck, qui a connu Ferrera au Lierse, s’attend à ce qu’il comble d’abord les brèches défensives.  » Il ne supporte pas les erreurs individuelles. Un défenseur doit jouer simplement et conserver un bon jeu de position. Kara et Koulibaly peuvent s’attendre à de longues séances vidéo. Selon Ferrera, 99 % du travail défensif s’apprend. Il observe une douzaine de règles qu’il illustre par des vidéos.  »

Ferrera n’a pas d’occupation-type. Il dispose ses pions en fonction du matériel disponible, avec un penchant pour la vitesse en attaque. Une fois son choix posé, il s’en tient à son système.

 » Genk va plutôt jouer dans un 4-2-3-1 proche d’un 4-4-2 « , selon Alexandre Teklak, qui a connu Ferrera à La Louvière et est maintenant analyste.

 » Il y a deux blocs : les quatre défenseurs et les deux médians défensifs d’un côté, les joueurs offensifs de l’autre. S’il est strict envers ses arrières, il laisse une grande latitude aux autres. Il les considère comme des artistes qui doivent utiliser leur intuition.  »

Teklak se demande si ce style de jeu est compatible avec celui du Racing, à terme.  » Le public veut un football dominant, offensif. Cependant, perfectionniste comme l’est Ferrera, il réfléchit certainement à la façon d’allier les deux styles. Son énorme bagage tactique constitue un énorme avantage.  »

Genk est déjà le treizième club de Ferrera, dont l’image a déjà été écornée quelques fois. Il va son chemin et n’hésite pas à s’en prendre à des monuments du football.

De Roeck :  » Son ambition lui a joué des tours. Il a voulu faire ses preuves coûte que coûte vis-à-vis de collègues qui avaient signé une brillante carrière de joueurs. S’il était assez doux avec son noyau, il réagissait avec irritation dans la presse.  »

PAR JENS D’HONDT

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