Emile n’est pas Willie. Et Kompany n’est pas Albert.

Après la Coupe du Monde 1994 aux Etats-Unis, Kevin Keegan avait engagé Philippe Albert à Newcastle et l’avait surnommé The Prince. Le Bouillonnais allait donner raison à son coach dans le choix du surnom et connaître les meilleures années de sa carrière chez les Toons. Douze ans plus tard, Vincent Kompany, un autre arrière central d’Anderlecht, a été attiré par l’étranger, Hambourg cette fois, et hérité de la même appellation : Der Prinz. Seules différences : le surnom a été attribué par la presse et forcément, assailli de blessures, Kompany n’a pas débuté sa période hanséatique avec autant de succès qu’Albert sur les bords de la Tyne.

Soyons clairs : le grand corps malade du Bruxellois n’a encore jamais supporté le poids de son talent. Mis à part des lumbagos récurrents, il a déjà été opéré de l’épaule et du tendon d’Achille. Il faut espérer que ça en reste là. Et que la médecine du sport allemande l’y aidera. Ce serait trop triste de voir chacune de ses tentatives de revenir au plus haut niveau soldée par un nouveau pépin et être obligé, chaque fois, de tout recommencer. Ce n’est pas comme ça qu’on réalise son potentiel.

La même remarque vaut pour Emile Mpenza : l’avant-centre se fait connaître sur le plan international au Standard et commence par vouloir suivre les traces de Marc Wilmots à Schalke 04. Mais à l’arrivée, on se dit qu’Emile aurait dû mieux assurer. Il a aussi eu son lot de blessures (moins graves que Kompany) mais a également mené une vie un peu plus rock ‘n roll. Par rapport aux Diables Rouges, en tout cas, leur bilan est tristounet. Quand on quantifie le nombre de sélections qu’ils ont honoré avec le nombre de matches de la Belgique qu’ils auraient pu jouer, on est loin du rendement espéré au départ. Ce sont des Diables Rouges à mi-temps.

Mais il y a de l’espoir. Kompany a repris le collier en championnat avec Hambourg et possède apparemment deux avantages sur Emile : il est plus jeune que lui de huit ans (21 contre 29) et n’a jamais dit qu’il voulait refuser une sélection. Bien que la semaine dernière, dans une interview au Belang van Limburg, il ait dit :  » il y a un problème communautaire en équipe nationale. Nous ne tirons pas tous à la même corde et il faut faire quelque chose « . Mais il été plus loin en disant que  » vu le nombre de voix obtenues par le Vlaams Belang, je me demande s’il est utile que je joue pour l’équipe nationale « . En tant que Congolais à 50 %, il a aussi rappelé le passé colonialiste de la Belgique… Des commentaires diversement appréciés qui ont mis à mal son image d’intello lisse du peloton. Mais, de toute manière, ce n’est pas ça qu’on lui demande. C’est de jouer. Il ne pourra être jugé que sur ce qu’il montrera contre la Serbie. Pas sur la question de savoir s’il doit engager un conseiller en médias.

Et Emile ? Il y a aussi de l’espoir. Ses relations avec les Diables sont toujours aussi sulfureuses. Je viens, je viens pas. Même Marc Wilmots a eu ses bouderies à l’égard des Diables avant d’en devenir le patron : ne réglons donc pas non plus le compte du cadet des Mpenza. René Vandereycken ne l’a pas sélectionné contre la Serbie sur base de problèmes physiques. Mais il y a dix jours, le lundi 13 août, Emile a joué une mi-temps d’un match de Réserves sous l’£il de Sven-Goran Eriksson le nouveau coach de Manchester City qui a décidé de le garder. Mercredi passé, Emile est monté au jeu en Premier League en fin de match et dimanche dernier, il a joué 80 minutes lors de la victoire dans le derby contre United. Il est loin d’être fini. Mais qui écoute-t-il ? Qui gère sa carrière ?

PAR JOHN BAETE

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