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Que les deux Diables clés sont différents!

Wesley Sonck et Timmy Simons ont des styles et des caractères totalement opposés. Ils évoquent leur avenir et celui de l’équipe nationale.

Qu’avez-vous retenu du Croatie-Belgique d’il y a un an et demi?

Sonck: J’avais joué dix minutes, en fin de match, pour essayer de renverser une situation compromise. Jusque-là, nous n’avions jamais essayé d’inscrire un but. C’était sans doute une mauvaise option. Un point suffisait, mais lorsque nous avons encaissé, nous n’avons pas su nous reconvertir en formation offensive.

Simons: J’étais également à Zagreb mais… dans la tribune. Je suis d’accord: nous avions trop spéculé sur le 0-0. Samedi, le contexte sera différent. Ce n’est pas encore le dernier match de la poule et il faut rattraper les points perdus contre la Bulgarie.

Les Diables Rouges ont entamé une période de plusieurs matches d’affilée en déplacement…

Sonck: Personnellement, cela ne me dérange pas. Les deux premiers déplacements, en Estonie et à Andorre, ont d’ailleurs été bien négociés. Et, en ce qui me concerne, le stade Roi Baudouin ne m’a pas encore porté bonheur: je ne parviens pas à y trouver le chemin des filets, alors qu’en déplacement, je marque beaucoup plus facilement.

Simons: La tendance s’inversera en fin de parcours. Nous aurons la chance d’accueillir la Croatie à Bruxelles pour un match peut-être décisif.

Aimeriez-vous avoir votre mot à dire dans l’élaboration du calendrier?

Sonck: Ce serait peut-être intéressant, en effet. Depuis deux ans, je n’ai plus eu de vraies vacances. L’équipe nationale a encore deux rendez-vous programmés au début juin. J’avais intégré l’équipe nationale en juin 2001, contre la Lettonie. L’an passé, c’était la Coupe du Monde. Imaginez que Genk s’inscrive en Coupe Intertoto, cette année. Cela me ferait un troisième été d’affilée sans break. Je ne me sens pas réellement fatigué, mais certains entraînements me paraissent malgré tout plus pénibles qu’avant. Lors de la trêve de Noël-Nouvel An, Sef Vergoossen nous avait accordé neuf jours de congé. J’avais reçu un programme d’entretien, mais je n’ai rien fait du tout. J’éprouvais trop le besoin de souffler. Alors, je me demande: n’y avait-il vraiment aucun mercredi de libre pour affronter la Bulgarie et Andorre plus tôt dans la saison?

Simons: Théoriquement, sans doute, mais il faut aussi tenir compte des adversaires. Cela convenait peut-être très bien aux Bulgares et aux Andorrans de jouer en juin. Et puis, les dates réservées aux équipes nationales sont désormais régies par l’UEFA. Je ne ressens pas de fatigue malgré l’absence de longues vacances et le fait que je joue toujours 90 minutes. Ce sont plutôt les jours de congé qui me posent problème: après 48 heures, j’attrape déjà des fourmis dans les jambes. La relève est assurée

Comment l’équipe nationale a-t-elle évolué depuis la Coupe du Monde?

Sonck: Positivement. On s’était posé des questions après la retraite internationale de Marc Wilmots, Gert Verheyen et Johan Walem. Les craintes étaient exagérées: l’histoire du foot est pleine de joueurs qui ont arrêté leur carrière internationale. Ce n’est pas pour cela que leur pays, ou leur club, n’a pas poursuivi sa route.

Simons: Les jeunes joueurs qui ont intégré le groupe ont déjà démontré leur valeur. Je songe en particulier à Thomas Buffel.. Peut-être le premier match contre la Bulgarie est-il venu trop tôt. Le sociétaire de Feyenoord n’était pas encore un Diable Rouge à part entière, à l’époque. Olivier De Cock constitue aussi une heureuse surprise. On cherchait un back droit depuis plusieurs mois, je pense qu’on l’a trouvé. Dans l’autre couloir, Peter Van der Heyden remplit également son rôle avec bonheur.

Quelles différences voyez-vous entre les méthodes de Robert Waseige et d’Aimé Anthuenis?

Sonck: Chaque entraîneur est différent. Je marque plus régulièrement depuis qu’il est là, mais c’est logique: avant, j’étais… sur le banc. Robert Waseige avait ses hommes de confiance. Aimé Anthuenis en a d’autres. Il travaille différemment également. Il a procédé à un rajeunissement. C’était indispensable. Et pour l’instant, cela réussit.

Simons: Il est encore trop tôt pour juger de l’impact d’Aimé Anthuenis. A l’exception de la Bulgarie, nous n’avons encore rencontré que des seconds couteaux. Il faudra voir comment réagira l’équipe lorsqu’elle sera placée dos au but, dans ces conditions difficiles.

Quels enseignements avez-vous tirés du match amical en Algérie?

Sonck: Nous l’avons emporté dans des conditions très difficiles, cela témoigne d’une bonne mentalité. Il n’y avait pas moyen de développer un football chatoyant sur un terrain pareil. La solidarité et l’énergie ont donc fait la différence. Ce n’était pourtant pas évident. Je n’avais jamais effectué un voyage dans des conditions pareilles. On nous avait dit que l’hôtel avait été rénové. Le chauffage n’était même pas en état de marche. On percevait la misère autour de nous. Alors que nous prenions possession de nos chambres, peu attrayantes, Eddy Snelders est parti en reconnaissance. Il est revenu catastrophé: – Ceterrainest àlalimitedelapraticabilité! Je retiens peu de choses positives du séjour. Je suggèrerais à l’Union Belge de réfléchir davantage au moment de conclure des accords de matches par aller-retour. D’ailleurs, si Timmy lui-même s’est plaint, cela dit tout.

Simons ( ilrit): Le terrain d’Annaba n’était vraiment pas digne d’une rencontre internationale. Les infrastructures non plus. Si, avec Bruges, nous avions été amenés à évoluer dans de telles conditions, on aurait entendu les rouspétances. Mais les Diables Rouges ont fait fi des conditions de jeu et l’ont emporté. C’est le signe que nous formons réellement un bon groupe. Les enseignements de la Ligue des Champions

Aimé Anthuenis avait envie de reconduire la même équipe, samedi prochain. Les blessures ont contrarié son projet. Qui estimez-vous le plus apte à remplacer Yves Vanderhaeghe?

Sonck: Je ne pense pas que Timmy sera replacé dans l’entrejeu. Aimé Anthuenis voudra reconduire la paire d’arrières centraux qui lui avait donné satisfaction précédemment. Derrière, Timmy ne se laisse pas facilement prendre en défaut. Ronaldo lui-même en avait fait l’expérience durant la Coupe du Monde. En milieu de terrain, un garçon comme Bernd Thijs me semble parfaitement taillé pour remplacer Yves Vanderhaeghe. Je ne comprends pas l’entraîneur national lorsqu’il affirme voir en lui un bon arrière central. Bernd a joué toute sa vie dans la ligne médiane. Il parcourt énormément de terrain, récupère beaucoup de ballons, possède une sérieuse frappe à distance.

Simons: Ce sera à l’entraîneur de décider. Personnellement, cela ne me dérangerait pas de retourner dans l’entrejeu. Je retrouverais facilement des automatismes. En défense, je suis limité en matière de volume de course, qui est tout de même l’un de mes points forts. C’est davantage une question de concentration et de positionnement. J’ai débuté comme défenseur en équipe nationale lors du huitième de finale de Coupe du Monde, contre le Brésil. Un choix de Robert Waseige perpétué par Aimé Anthuenis.

La Ligue des Champions vous a-t-elle permis d’avoir une meilleure idée de votre valeur?

Sonck: Elle m’a permis d’acquérir de l’expérience, de constater que marquer n’était pas aussi simple qu’en championnat de Belgique. Il faut réfléchir et agir plus rapidement. Mais, au fil du temps, je me suis habitué et j’ai aussi trouvé le chemin des filets. Ces matches européens m’ont certainement été utiles. C’était dur, mais enrichissant et très agréable. Je serais curieux de voir où se situeraient mes limites dans un championnat plus relevé. Les défenseurs seraient meilleurs, mais je serais aussi mieux servi. Lorsque je vois les caviars que sert David Beckham: l’attaquant doit uniquement mettre son pied ou sa tête et le ballon file dans le but. Mais il ne faut pas être présomptueux non plus. Rêver de l’Espagne, c’est très beau, mais je n’ai pas encore atteint le niveau d’un Roy Makaay, par exemple. Je dois rester réaliste.

Simons: Je dois reconnaître que contre Barcelone, j’ai longtemps couru derrière le ballon. Pour évoluer dans une équipe pareille, qui affiche une telle maîtrise, je suis tout de même un peu court techniquement. La passation de pouvoirs

On assistera bientôt à la passation de pouvoirs entre Genk et Bruges.

Sonck: Genk a manqué de régularité dans ses prestations. La saison dernière, nous pouvions nous accrocher à certains automatismes lorsque cela tournait un peu moins bien. Les blessures et les suspensions avaient été rares. Cette année, nous avons parfois tâtonné. Des joueurs importants ont connu une baisse de régime par moments, moi y compris. Le noyau a été étoffé, mais sans doute davantage quantitativement que qualitativement. Les noyaux de Bruges et d’Anderlecht sont bien supérieurs au nôtre. Cela se voit sur le banc. Qui trouve-t-on chez les Bruxellois? Ivica Mornar, qui sera face aux Diables Rouges samedi prochain. A Genk, les réservistes sont de jeunes gamins prometteurs. J’avais déclaré en début de saison que le titre n’était pas une obligation. De là à être, peut-être, carrément privé d’Europe, je ne m’y attendais cependant pas.

Simons: Pourquoi Bruges va-t-il réussir cette année là où il a échoué les saisons précédentes? La différence, c’est que l’an passé nous avions perdu la plupart des matches au sommet, et notamment les deux contre Genk. Cela nous obligeait à réussir pratiquement le sans-faute contre les autres équipes. Cette saison, nous avons battu aussi bien les Limbourgeois qu’Anderlecht ou le Standard au stade Jan Breydel. Notre noyau est resté carrément identique, le système a encore mûri une année de plus, et voilà. Mathématiquement, nous ne sommes pas encore champions. Mais je serais prêt à manger mes chaussures si nous échouons une nouvelle fois en vue de la ligne.

Daniel Devos

« Je ne marque pas au stade Roi Baudouin » (Sonck)

« Le groupe ne s’est pas plaint en Algérie: c’est bon signe » (Simons)

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