Elles jouent gros

Elles ont quitté le sol belge pour cinq semaines de compétitions américaines.

Pour Kim Clijsters et Justine Henin, la tournée américaine de printemps est devenue incontournable. Les tournois les plus huppés du mois de mars se déroulent aux Etats-Unis et, en tant que membre du Top 20 mondial (ou presque), elles ne peuvent se permettre de faire l’impasse sur ces tournois majeurs. C’est pourquoi elles ont à nouveau fait leur valise et pris l’avion pour prendre part aux tournois d’Indian Wells et Key Biscane avec, en guise de préparation, un détour la semaine dernière par le tournoi de Scottsdale.

Mais les conditions dans lesquelles les deux joueuses belges sont arrivées aux Etats-Unis ne sont pas tout à fait semblables. Alors que Carl Maes avait inscrit Scottsdale à l’agenda de sa protégée Kim Clijsters depuis longtemps, Carlos Rodriguez n’en a fait de même avec Justine Henin que récemment, et à la demande expresse de l’intéressée.

« Il n’était pas du tout prévu que Justine dispute le tournoi de Scottsdale », explique le coach de la Rochefortoise. « Mais nous avons décidé de changer notre programme. Nous avons estimé que ce serait une excellente préparation en vue d’Indian Wells et Key Biscane. D’autant plus que Justine n’a plus joué qu’un seul tournoi à Nice depuis sa belle tournée australienne marquée par ses victoires à Gold Coast et Canberra et le huitième de finale à l’Open d’Australie ».

Un tournoi où Justine Henin n’a disputé que deux matches: une victoire en deux sets sur la Slovaque Karina Habsudova et une défaite au second tour contre la joueuse en forme du moment, la Bulgare Magdalena Maleeva, en trois sets serrés.

« Malheureusement, elle est tombée contre Maleeva. Justine a fait un très beau match, mais ce n’était pas assez contre la future finaliste du tournoi », explique encore Carlos Rodriguez. Quoi qu’il en soit, Justine Henin serait arrivée à court de compétition sans Scottsdale.

Quant à Kim Clijsters, si tout le monde connaît maintenant sa passion pour l’Australie et Leyton Hewitt, elle apprécie également, si pas plus, le pays de l’Oncle Sam.

Premièrement, et là l’Australie n’est pas très loin, Indian Wells et Key Biscane font partie, avec les épreuves du Grand Chelem, des quelques tournois mixtes de l’année, avec Sydney, Moscou et Tokyo. Ce qui veut dire que, l’espace de quatre semaines, Kim va retrouver Lleyton Hewitt. Cette raison n’est évidemment pas professionnelle, mais ce n’est pas pour cela qu’elle ne compte pas. Les notes de téléphone de Kim et Lleyton vont diminuer durant le mois de mars.

Deuxièmement, et il ne s’agit toujours pas d’une raison purement tennistique, le tournoi de Scottsdale était l’occasion pour Lei, le père de Kim, de rencontrer les responsables de Nike afin de prolonger le contrat qui lie l’équipementier américain à sa fille.

« Nous avons reçu d’autres offres intéressantes », explique l’ancien Soulier d’Or. « Nous optons pour celle-ci car je crois qu’on ne changera pas l’image de Nike-girl que dégage Kim ».

Troisièmement (on en arrive au tennis proprement dit), c’est aux Etats-Unis que la carrière de Kim a pris une autre dimension. Souvenez-vous. US Open, août 1999. Après deux victoires sans problèmes contre l’Allemande Anca Barna et la Tchèque Adriana Gersi, Kim Clijsters a le redoutable privilège d’affronter Serena Williams au stade des seizièmes de finale. Le combat est acharné, la soeur cadette de Venus est malmenée, le public est enthousiasmé. Kim remporte le premier set 6-4, avant que Serena ne revienne à une manche partout, en remportant la seconde par 6-2. Au troisième set, la tension est à son apogée, le tennis exhibé par deux des plus grands espoirs est superbe d’engagement.

Pour finir, c’est l’Américaine qui s’impose : 7-5. Elle ne perdra d’ailleurs aucun match dans ce tournoi, qu’elle remportera après avoir battu successivement Monica Seles, Lindsay Davenport et Martina Hingis. Mais c’est face à la Limbourgeoise que Serena Williams aura été la plus menacée.

« Ce jour-là, j’ai compris que Kim était vraiment forte. Je crois que ce match a constitué un déclic, tant pour moi que pour elle. Bien sûr, elle avait déjà réalisé de très beaux résultats, comme à Wimbledon la même année, où elle avait atteint les huitièmes de finale où ella été défaite par Steffi Graf, finaliste malheureuse contre Lindsay Davenport, mais elle n’avait pas affaire à une forte opposition. Juste au troisième tour, Amanda Coetzer, qui n’est pas un foudre de guerre sur le gazon londonien », avoue Carl Maes.

Quatrièmement, il y a la surface. En effet, les tournois américains se disputent la plupart du temps sur Hard Court, soit un revêtement dur et rapide, qui convient bien à Clijsters.

Carl Maes va même jusqu’à affirmer que si Kim doit un jour atteindre la finale d’un Grand Chelem -il est persuadé qu’elle en a les capacités- ce sera sans doute à l’US Open.

Tous ces éléments font que Kim Clijsters se sent bien aux Etats-Unis et qu’elle va y rester cinq semaines afin d’emmagasiner de l’énergie positive. « Nous resterons là-bas longtemps », explique Carl Maes. « Afin que Kim prenne confiance avant de revenir sur la terre battue européenne, qui n’est pas sa tasse de thé. Nous limitons d’ailleurs la préparation à Roland Garros à deux tournois (Bol et Rome) et, dès la fin de Wimbledon, nous retournerons aux Etats-Unis pour préparer l’US Open ».

Pour Justine, la situation n’est pas tout à fait pareille. Son expérience américaine est beaucoup plus limitée, même si son huitième de finale à l’US Open en août 2000 reste son meilleur résultat en Grand Chelem, avec son huitième à l’Australian Open 2001. A New York l’année dernière, elle avait en effet pris le dessus sur Anna Kournikova au troisième tour, avant de buter sur Lindsay Davenport, finaliste de l’épreuve, vaincue par Venus Williams au stade ultime.

Malgré son âge supérieur, Justine Henin a disputé deux fois moins de matches aux Etats-Unis que Kim Clijsters (11 contre 20). En cause, évidemment, les pépins physiques répétés de Justine qui l’ont privée de compétition de la mi-février 2000 (défaite au second tour de l’Open de Paris contre Nathalie Tauziat), jusqu’à la fin du mois de juin, où elle reprit face à Arantxa Sanchez-Vicario, au premier tour de Wimbledon (défaite en trois sets).

Conséquence de cette indisponibilité : c’est la première fois que Justine Henin participe aux tournois de Scottsdale, Indian Wells et Key Biscane. Une découverte pour la Rochefortoise qui, gros avantage, n’a aucun point à défendre dans les semaines à venir. On pourrait la voir grimper encore de quelques places au classement… à condition, bien sûr, de remporter plusieurs matches. A ce niveau, le début de sa tournée ne s’est d’ailleurs pas très bien passé à Scottsdale, où elle a été éliminée dès le premier tour, par sa partenaire de double Magui Serna. Une défaite qui laisse néanmoins augurer de jours meilleurs, puisque c’est par deux fois au tie-break que l’Espagnole s’est imposée.

Kim Clijsters était, elle, dispensée du premier tour à Scottsdale et devait réaliser quelques performances de choix puisqu’elle avait atteint les huitièmes de finale à Indian Wells et Key Biscane en 2000 et a donc beaucoup de points à défendre cette année.

Laurent Gérard dia 1 Clijsters

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