ÉLIMANE COULIBALY

Elimane Coulibaly aura 36 ans le 15 mars. Il a été transféré d’Ostende à Mouscron en janvier. Samedi, il a effectué ses débuts au Canonnier et a été exclu après 52 minutes contre Genk.

1 Tu as débuté ta carrière mouscronnoise par une exclusion à la 52e minute. Ton équipe a ensuite encaissé un but et s’est inclinée. Te sens-tu coupable ?

C’est en tout cas la première chose à laquelle j’ai pensé : j’ai laissé tomber mon équipe, j’ai fourré mes équipiers dans la m… Mais, quoi que je puisse penser : je ne méritais pas cette deuxième carte jaune. J’en ai encore été plus persuadé en revoyant les images. Christian Kabasele me touche le pied et me pousse également dans le dos, pendant ce duel. Si, après cela, l’arbitre te montre quand même le carton, tu te sens visé, à plus forte raison lorsque ce même arbitre est venu te trouver avant la rencontre pour te conseiller de te tenir à carreau. Il a déclaré par la suite que c’était faux, mais les images le prouvent : on voit clairement qu’il vient m’avertir.

2 Tu prétends que l’arbitre est venu t’avertir avant ton premier match de la saison. Cela en dit long sur ta réputation, non ?

Certaines personnes m’ont dit, samedi soir, que j’avais été victime de mon passé. Mais un arbitre ne doit pas juger sur base d’une réputation. Je sais que certains entraîneurs, partout où ils passent, ont l’habitude de demander à leurs joueurs de provoquer un adversaire. Je peux accepter ma première carte jaune : je réagis à une provocation de Sébastien Dewaest, qui essuie ses crampons sur ma cheville et risque de me blesser gravement. Je suis très sensible à ce genre de choses, j’en suis conscient. Je suis un joueur physique, c’est ma force. J’aime les duels acharnés, tout le monde peut me provoquer en duel, mais là, c’était différent. C’est chercher l’adversaire. Mais ceux qui me connaissent savent que ce qui s’est passé constituera pour moi une source de motivation.

3 Il y a quelques mois, tu nous disais à Ostende que tu devenais vieux. Et aujourd’hui, tu dois sauver Mouscron. Que s’est-il passé ?

A l’époque, je pensais que cela sentait la fin pour moi, puisque je n’avais plus été aligné depuis six mois. Mais, pendant un match amical disputé contre Groningen durant le stage de préparation, j’ai encore pu goûter au terrain, parce que Gohi Bi Cyriac était malade, et j’ai d’emblée retrouvé mes sensations d’autrefois. Je me suis dit, alors, que je valais autant que les autres. Au retour des Pays-Bas, j’ai appelé MogiBayat pour lui demander de me trouver un club en D1. Deux jours plus tard, il m’a rappelé : Mouscron était intéressé. On est compétiteur ou on ne l’est pas. Si on ne l’est pas, il vaut mieux arrêter. Mais j’en suis un.

4 Comment as-tu été accueilli à Mouscron, à près de 36 ans ?

Tout le monde était heureux de mon arrivée. J’ai senti que j’étais le bienvenu, qu’on comptait sur moi. Et c’est la seule chose dont un joueur a besoin. Honnêtement : lorsque j’ai découvert le niveau des joueurs à l’entraînement, j’ai été surpris. Je ne comprends pas comment cette équipe se trouve en fond de classement. Il y a ici autant de qualité, de puissance et de technique qu’à Ostende. Mais Ostende est plus loin en tant qu’équipe. L’entraîneur est en train de former un groupe, le sauvetage passera par là.

5 Vendredi, Mouscron joue à Gand. C’est le club où tu as joué et la ville où tu habites. Te rends-tu encore aux soirées de poker des joueurs de Gand, comme autrefois ?

Beaucoup moins depuis que je suis devenu père (il rit). Retourner à Gand avec Mouscron, c’est pour moi comme un retour à la maison. C’est là que j’habite, et c’est là que j’ai vécu les plus beaux moments de ma carrière. Mes enfants y sont nés et j’y ai beaucoup d’amis. Je me sens chez moi à Gand. J’ai de très bonnes relations avec le président, le manager, l’entraîneur et certains joueurs. Il y a un vrai lien. Peut-être travaillerai-je encore pour le club au terme de ma carrière. Je veux devenir agent de joueurs ou recruteur. Ce serait bien si je pouvais acquérir un peu d’expérience en la matière avec Gand. Mais, d’abord, je veux jouer le plus longtemps possible. Certainement jusqu’à 40 ans (il rit).

PAR CHRISTIAN VANDENABEELE

 » Je ne comprends pas comment Mouscron se retrouve en fond de classement.  » ÉLIMANE COULIBALY