Electrochoc

Malgré de bons résultats, Ariel Jacobs a été remplacé par Patrick Thairet et Freddy Smets.

Abondance de bons résultats nuit. Alors que le pessimisme était de mise en début de saison au RWDM, Ariel Jacobs avait réussi à hisser le club de la capitale aux portes du tour final de D2. Depuis la trêve, Marc Wuyts et les siens ont baissé dans les tours-minute mais restent dans la course pour l’obtention d’un billet en vue du carré d’as final. Pourtant, à quatre matches de la ligne d’arrivée, la direction a opté pour la méthode forte en limogeant Ariel Jacobs.

« Je sentais un réel malaise au sein des joueurs », explique le président Erik De Prins. « L’enthousiasme avait disparu. Or, il est hors de question de louper une troisième année consécutive le tour final. Je devais agir ».

Plutôt que de tenter l’aventure d’un coach totalement étranger au club, le RWDM a opté pour un montage-maison en faisant progresser d’un cran Patrick Thairet auquel il a adjoint le manager sportif Freddy Smets au titre de conseiller. Deux têtes qui ont écrit quelques pages de l’histoire du club du stade Machtens. Néanmoins, était-ce le moment de trancher?

« Mon rôle n’est pas de juger de l’opportunité du changement », affirme Patrick Thairet qui, à 40 ans, se retrouve pour la première fois aux commandes d’une formation Seniors. On m’a demandé de qualifier l’équipe pour le tour final. Point à la ligne ».

Avec ses 320 matches en D1 sous le maillot molenbeekois entre 80 et 95, Thairet est une figure emblématique du club. Depuis l’arrêt de sa carrière, il a multiplié les casquettes: directeur de l’ASBL Molenbeek Sports qui gère les installations sportives de la commune, directeur technique de l’école des jeunes du RWDM en compagnie de Freddy Smets, entraîneur des Espoirs du club et, récemment réélu, conseiller communal sur la Liste de bourgmestre avec 440 voix de préférence. Il a toujours prôné la formation des jeunes et s’y est impliqué. Aujourd’hui, il franchit un cap.

« En dix ans, j’ai un peu fait le tour de la question en matière de jeunes. J’ai envie de passer de l’administration au terrain. Je suis les cours d’entraîneur au Heysel et j’avais déjà pris l’option d’entraîner la saison prochaine une équipe Première. En Provinciales, s’il le fallait afin de faire mes gammes et de revenir ensuite au RWDM. Cette promotion était inattendue car je n’étais pas demandeur. Tout s’est précipité ».

Depuis l’arrivée en coulisses d’un groupe de nouveaux investisseurs, l’étoile d’Ariel Jacobs a subitement pâli. Ce ne peut pas être qu’une coïncidence. Néanmoins, modifier ses batteries à quatre matches de la fin, c’est augmenter de plusieurs crans la pression.

« Je n’ai obtenu aucune garantie pour la saison prochaine et je n’en ai pas demandées non plus », dit Thairet. « Je n’ai pas d’expérience d’une équipe de ce niveau. C’est la raison pour laquelle Freddy Smets m’épaulera. Pas comme une belle-mère mais comme un conseiller. Nous possédons la même vision du football. Pourquoi ne pas en profiter? »

Même s’il se murmure déjà que le petit Goethals pourrait bien reprendre du service dès le mois d’août prochain.

« J’ai connu plusieurs limogeages dans ma carrière. J’ai d’emblée mis les joueurs devant leurs responsabilités. Certains ont été choqués par la décision mais nous sommes dans une position favorable. Il faut y rester et concrétiser les ambitions du club. Ariel Jacobs avait déjà initié des modifications tactiques car le schéma utilisé, si efficace au premier tour, s’était effiloché depuis la trêve. Il a tout tenté sans vraiment trouver la bonne formule. Le RWDM ne possède pas de vrais ailiers de débordement: il faut donc évoluer différemment. Nous jouerons de manière résolument offensive parce que nous en avons les moyens et que notre axe central défensif est peut-être le meilleur de la série ».

Depuis qu’il a mis un terme à sa carrière, Patrick Thairet a vécu tous les épisodes qui ont émaillé la vie du club. Avec la descente et une remontée qui se fait attendre. « Un an après ma retraite, René Vandereycken a qualifié l’équipe pour la coupe d’Europe. Paradoxalement, ce fut le début de la fin. Deux ans après, nous en avons payé les pots cassés. Au lieu d’intégrer calmement des jeunes en équipe Première, il a fallu les balancer d’un coup ».

La pression monte au RWDM parce que le tour final est devenu une obsession. Une obligation. Il est vrai qu’en cas de bail renouvelé en D2, le club devra quitter la Ligue Pro. « Si nous allons au tour final, ce ne sera pas pour faire de la figuration. Je prétends d’ailleurs que le RWDM ne ferait pas tache parmi les cinq ou six équipes qui concluent l’élite. Il est toujours plus simple de se maintenir que de monter. De plus, nos jeunes risquent de descendre de catégorie si nous ne rejoignons pas l’élite. Or, le RWDM reste un club attrayant parce qu’il donne sa chance aux jeunes. En tant qu’entraîneur principal, je sais que je dois encore apprendre mais ma carrière pro va m’aider. Cette fin de championnat sera un apprentissage accéléré ».

Jean-Marc Ghéraille

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