Le médian argentin est une des bases du succès des Nerazzurri, ces quatre dernières saisons.

Il est des joueurs talentueux qui traversent les décennies sur la pointe des pieds. L’Argentin Esteban Matias Cambiasso fait partie de ceux-là. Son poste (médian défensif), son pays (l’Argentine, patrie de stars bien plus glamours), et son physique (il a eu du mal à choisir entre la boule à zéro et une coiffure de professeur de chimie) ne lui ont jamais ouvert les portes de la reconnaissance. Pourtant, son parcours est exemplaire, sans failles, et sa cheminée ne sait plus accueillir les nombreux trophées glanés ces dix dernières années. A 29 ans, il était temps de lui accorder ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, c’est l’Europe entière qui le courtise. De Manchester City à Liverpool, de Milan à Madrid, on rêve de le transférer (ou de le conserver).

Repéré très jeune par le Real Madrid alors qu’il militait dans les rangs d’Argentinos Juniors, Cambiasso était appelé à une grande carrière. Dans l’ombre mais grande carrière quand même. Et il a respecté à la lettre le chemin qu’on lui avait tracé à 16 ans lorsqu’il partit rejoindre l’équipe B du Real Madrid.  » J’ai travaillé pendant 60 ans et je n’ai rien devant moi. Tu n’as pas le droit de laisser passer une telle chance « , lui a expliqué son père Carlos pour le convaincre de s’exiler.

Ce premier goût d’Europe fut amer mais lui donna certainement envie de revenir. Un retour au pays à Independiente pendant trois saisons (1998 à 2001), une consécration dans un des cinq clubs historiques, River Plate, un surnom ( El cuchu, plat argentin à base d’£ufs) et le voilà qui retourne par la grande porte au Real Madrid en 2002. Certains en font un clone de Fernando Redondo, d’autres une réincarnation de Bernd Schuster. Mais c’est bien connu : pour un jeune, le Real est une essoreuse. Il fait des apparitions mais il n’arrive pas à se faire une place de titulaire. Pas assez dans le onze de base pour marquer le Real mais trop souvent appelé à la rescousse pour tout de même attirer l’attention de l’Inter. C’était en 2004.

Moratti en ferait bien le nouveau capitaine

A l’époque, l’Inter correspond pleinement à son nom (Internazionale) et ressemble davantage à un hall de gare pour joueurs fortunés qu’à une machine de guerre à gagner. Cela va changer avec Cambiasso.  » Certains l’appellent la génération DejanStankovic, d’autres l’ère Cambiasso « , explique Yoann Riou, spécialiste du football italien pour l’Equipe notamment, quand il évoque les quatre titres d’affilée de l’Inter.  » Le milieu relayeur de l’Inter dégage une impression de facilité déconcertante. Ratisseur, bâtisseur, passeur et parfois buteur, Cambiasso est le premier nom couché par José Mourinho sur la feuille de match « , ajoute le mensuel So Foot.

Lui qui avait décroché une Liga et une Supercoupe d’Europe va récidiver avec l’Inter : quatre Scudetti, deux Coppe d’Italia. De quoi s’inscrire dans l’histoire des Nerazzurri et d’en faire – c’est le président Massimo Moratti qui l’a affirmé – le prochain capitaine de l’Inter (il est vice-capitaine quand Ivan Cordoba est réserve) lorsque Javier Zanetti (37 ans en août) aura remisé les crampons.  » C’est un grand joueur, généreux, et très intelligent sur le plan tactique. Il est prêt à recevoir le brassard « , a immédiatement renchéri Zanetti. Et Moratti de se frotter les mains, lui qui a acquis l’Argentin gratuitement.

Il ne lui reste plus qu’à persuader le sélectionneur Diego Maradona. Lui dont l’histoire d’amour a débuté avec la sélection d’Argentine lors du championnat du monde -17 ans remporté avec les Pablo Aimar et Walter Samuel, avant de se poursuivre dès 2000 avec l’équipe senior, n’a toujours pas son billet pour la Coupe du Monde ! Parce qu’il était écrit que le statut de star ne lui conviendrait pas. A la Coupe du Monde 2006, c’est lui qui précipita l’élimination des Argentins en quarts de finale en manquant son penalty face à l’Allemagne.  » En Argentine, il n’a pas la même image que les autres médians comme Lionel Messi ou même Javier Mascherano qui représente le guerrier. Il est plus en retrait. Cependant, à part Maradona, personne ne lui reproche plus le penalty raté de 2006 « , confie en boutade Juan Dominguez, journaliste au quotidien argentin, Clarin. Finalement, c’est là que le bât blesse : Maradona a compris très tard la valeur de Cambiasso, retenu près d’un an après la prise de pouvoir d’ El Pibe. Le naufrage des qualifications s’était passé sans lui et le voilà de retour en vue de l’Afrique du Sud. Un bon signe pour l’Argentine. Et puis, finalement, il lui resterait bien une petite place sur sa cheminée…

par stéphane vande velde

« Il aura marqué l’histoire de l’Inter au point que certains parlent d’ère Cambiasso. »

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