EL BRUJAS

Deux Chiliens, deux Brésiliens, un Colombien, un  » Tico  » du Nicaragua et un Catalan : comme le FC Porto, le Club Brugeois part à la découverte du marché sud-américain.

Pas évident de retenir tous ces noms en si peu de temps : José Izquierdo, Felipe ‘Chicata’ Gedoz, Francisco ‘Gato’ Silva, Fran Brodic et, peut-être, Ruud Vormer sont les joueurs chargés d’amener de la qualité au jeu du Club Brugeois. Jusqu’ici, le noyau avait surtout été élargi, notamment par l’arrivée de trentenaires comme Davy De fauw ou Fernando Menegazzo. Ici, avec les trois premiers cités surtout, le club cherche de la profondeur devant et de la sécurité dans l’entrejeu. La qualification pour les poules de l’Europa League ainsi que les départs d’Odjidja et Lestienne ont permis au club d’investir comme par le passé. C’était d’autant plus nécessaire que les premiers matches de championnat ont démontré qu’il ne serait pas évident d’empêcher Anderlecht d’être champion pour la cinquième fois consécutive.

Avec cinq transferts (ou quatre, l’arrivée de Vormer dépendant du départ de Jörgensen) ajoutés aux trois déjà réalisés précédemment, Bruges rompt à nouveau avec la ligne voulue par Arnar Gretarsson, qui misait plutôt sur la continuité.

Ceci dit, il fallait que le Club fasse quelque chose. Il avait perdu Odjidja et Lestienne, deux joueurs de talent, même si on attendait davantage du premier nommé, qu’on ne trouvait pas suffisamment exigeant avec lui-même et qui ne faisait pas l’unanimité dans le vestiaire. En optant pour Norwich, il ne se facilite pas la tâche.

Étude de marché

Comme le FC Porto, le Club Brugeois a donc dépensé ses euros sur le marché latino. Il est allé chercher de la qualité (parfois au prix fort car Izquierdo a coûté près de 4 millions d’euros), ce qu’il n’avait pas toujours trouvé en Europe ou en Afrique. Hormis Dirar (qui a rapporté beaucoup d’argent mais causé bien des soucis également) et Perisic (le meilleur transfert de ces dernières années), le déchet avait été énorme.

Au début de l’ère Verhaeghe, Bruges semblait surtout s’intéresser aux Scandinaves. Des guerriers, des athlètes, souvent dotés d’une bonne mentalité, des gens avec qui il était facile de communiquer. Mais aucun ne sembla trouver son bonheur au Club ni y devenir une star. C’étaient souvent des porteurs d’eau. Seul le Danois Jesper Jörgensen semblait pouvoir survivre mais au cours du week-end, on citait son nom à Zulte Waregem.

Ces derniers mois, le Club s’est surtout tourné vers le marché sud-américain, sur lequel il avait déjà acquis des joueurs avec plus ou moins de succès. Ronald Vargas était trop fragile, Antonin Alcaraz est parti en Premier League, Oscar Duarte revient bien dans le coup et Carlos Bacca fut une réussite. Au rayon des échecs, on pointe Junior Diaz et Cleber Sonda. Tout ce qui brille n’est pas or…

Bacca II

Les joueurs arrivés la semaine dernière sont jeunes et avides de réussite. Le Brésilien Felipe Gedoz a 21 ans, le Colombien José Izquierdo, 22.

Osvaldo Hernandez, du journal colombien La Patria a parlé à Izquierdo juste avant son départ pour Bruges. Ils ont discuté de Carlos Bacca, qui avait envoyé un SMS pour souhaiter bonne chance, et du médecin que le Club avait envoyé à Manizales, la ville où est établi le siège d’Once Caldas, afin de lui faire passer les tests médicaux. Selon Hernandez, le doc’ était accompagné du directeur technique. En fait, il s’agissait du délégué, Devy Rigaux.

Ramon Salazar, journaliste à El Tiempo, a dressé un portrait d’Izquierdo, un nom très fréquent en Colombie. Il connaît bien la famille, explique que l’ailier a d’abord voulu jouer au tennis avant de devenir gardien. Son frère tirait si fort qu’il lui faisait mal aux doigts. Mais un jour, Diego Julian trouva la mort dans un accident de la route et José décida qu’il jouerait désormais devant. A deux reprises, il décida d’arrêter le football. La dernière fois, c’était il y a moins d’un an.

Avant Bruges, il a bien failli se retrouver en Argentine, à River Plate mais Bruges se montra plus généreux. Ses points forts ?  » La vitesse, la finition et le sens du but « , dit Ramon. Son point faible ?  » C’est un individualiste ».

Alvaro Escames, pour sa part, est un agent spécialisé dans les footballeurs uruguayens. Que vaut Felipe Gedoz, selon lui ?  » Il a du talent. Il est rapide et puissant. C’est un Brésilien mais il a été en bonne partie formé à Defensor, en Uruguay. Il est assez polyvalent. C’est un médian offensif qui peut jouer à droite. Le football uruguayen est assez physique, comme en Belgique ».

Chicata, comme on l’appelle à Muçum, sa ville natale a inscrit quatre buts en Copa Libertadores et il en est fier.  » Quand j’ai débarqué en Uruguay, personne ne croyait en moi. Maintenant, les gens ont changé d’avis « , dit-il.

Tous deux rêvent de représenter l’équipe nationale de leur pays. Le Chilien Francisco ‘Gato’ Silva, lui, a déjà franchi ce pas. Le Club Brugeois a profité de la crise du club espagnol pour louer ce médian expérimenté à Osasuna avec option d’achat. Le club de Pampelune doit faire face à une dette de 40 millions et ne peut plus payer les salaires.

Les Espagnols arrivés chez nous au cours des dernières années n’ont guère brillé. Sauf Victor Vazquez, désormais plus régulier.

Qui va sauter ?

L’arrivée de Silva ne doit pas faire peur aux défenseurs centraux mais plutôt aux médians défensifs. Et notamment à Timmy Simons qui, en Coupe d’Europe, a montré ses limites. Fernando Menegazzo aussi mais il garde un peu mieux le ballon et c’est Preud’homme qui l’a fait venir. Mais quand ça va trop vite, comme dimanche, il sombre. Reste à voir si Silva s’imposera car on le dit très timide.

Les trois transferts sud-américains devraient jouer régulièrement. Pour Fran Brodic, c’est différent. Il n’a que 17 ans.

Lundi, on attendait aussi confirmation du transfert de Ruud Vormer, ex-grand espoir du football hollandais. On le dit toujours de bonne humeur et à Feyenoord, où il avait atterri après être passé par AZ et Roda, il était le remplaçant idéal. Le fait que Clasie reste l’a forcé à partir. Comme Simons et Menegazzo, c’est un médian défensif et il joue plutôt latéralement qu’en profondeur. C’est pour cela qu’il fallait attendre que Jorgensen parte pour qu’il signe. ?

PAR PETER T’KINT – PHOTO: BELGAIMAGE

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